Les avis des assaillants divergeaient. Soit abandonner parce que l'énergie devenait vraiment trop dérisoire et que cela ne valait pas le coup de se battre jusqu'au sang, soit continuer les assauts pour devenir un tout petit peu plus puissant, et faire sortir les griffes. Quelles idioties, tout ça pour une goutte supplémentaire d'énergie, et cela, en tuant deux Âmes-Sœurs.

C'était étrange de nous nommer Âmes-Sœurs, mais il fallait bien s'y habituer. C'était ce que nous étions désormais.

- Plus les mois passaient, moins il y avait de combats. Les Métamorphes sentaient bien dans l'air que l'énergie devenait de moins en moins détectable. L'information s'était répandue au monde Métamorphe. On était soulagés, on pouvait se reposer, faire nos deuils, créer des liens avec nos nouveaux alliés, construire et améliorer le camp. Tout allait de mieux en mieux, on avait même pu entrer dans le cocon pour vous habiller, même si ça nous avait beaucoup affaiblis.

La troisième année semblait donc s'être plutôt bien passée en dehors de quelques affrontements. Mais, des personnes étaient mortes...

- Quelle est l'identité des personnes décédées ? Demanda Eliaz.

Aucun tact.

Le regard de Louis s'assombrit d'un coup. Ses yeux s'embuèrent légèrement tandis qu'il serra ses mains l'une contre l'autre. Il inspira fortement. Cela devait probablement être dur pour lui d'en parler. Après tout, il connaissait pratiquement tout le monde provenant des meutes Scottish et Pacem. D'autant plus qu'il avait dû connaitre de nouvelles personnes avec les alliés fait au cours du temps. Combien de morts avait-il vu devant ses yeux exactement ?

Trois ans de scènes déchirantes et horribles étaient enfouis dans son esprit. Et pourtant, il arrivait encore à sourire et faire quelques blagues. Il était émotionnellement bien plus fort que moi qui m'étais recluse dans ma tristesse et mon désarroi pendant dix ans.

- Vous ne connaissez pas l'identité des morts pour la plupart. Toi, Alba parce que tu n'as pas eu le temps de nous côtoyer et toi Eliaz, parce que tu préférais être un solitaire. Des Métamorphes de tous les camps et meutes sont morts. Scottish et Pacem, ne font pas exception.

Louis marqua une longue pause où son souffle et sa respiration se firent tremblants. Il s'apprêtait à dire quelque chose qui le torturait.

- Pour ceux que vous avez déjà vu, où connaissiez le nom, il y a le couple Choco, qui est décédé. C'était les cuisiniers de Pacem...Un couple jovial et friand de chocolat... Et puis...Moana, la fille dont j'étais fou amoureux est aussi morte...

Mon cœur se serra en même temps que ma gorge. Ma salive avait disparue, asséchée par les tremblements provenant de la voix de Louis.

Il émit un petit sourire triste, une larme coulant sur sa joue droite, n'osant pas nous regarder droit dans les yeux. Il avait honte de pleurer, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Je me souviens, il nous avait parlé plusieurs fois de Moana, alors que je ne l'avais même jamais vue. Mais j'avais très bien compris qu'il l'aimait à la folie.

J'avais aussi vu les cuisiniers de Pacem, le couple Choco, bien que je ne sache pas qu'ils étaient surnommés ainsi, ils avaient l'air très gentil.

Louis baissa la tête tandis que ses épaules tremblaient et que ses larmes glissaient silencieusement sur son visage.

C'était notre faute, et en même temps non. Moana avait dû se battre pour nous, donc c'était à cause de nous. Mais nous ne l'avions pas tuée, c'était à cause de l'ennemi.

Je serai mon poing droit. C'était injuste pour lui et pour tous les Métamorphes ayant perdus des proches. Tout ça pour nous, alors que nous n'étions rien.

Eliaz pensait la même chose, et ressentait la même chose.

Dans un élan de synchronisation, nous nous détachions l'un de l'autre. Bien que lentement et douloureusement je me tournais sur le côté. Je bougeais lentement mes bras, mes jambes, maladroitement. Je ne savais plus comment utiliser un corps humain.

Mais j'avais de la motivation à revendre, j'avais un but, et Eliaz aussi. C'était le même.

En utilisant le peu de muscles que j'avais, et toute la volonté que contenait mon esprit, je poussais sur mes bras pour me relever assise. Je retombais illico sur le lit.

Mon dos était flasque, c'était dur de se tenir droite.

Louis releva les yeux. Son visage se stupéfia en voyant qu'Eliaz et moi essayons de nous relever. Il avait le visage baigné de larmes.

- Que faites-vous ?! Vous êtes encore faibles ! Ce n'est pas bon pour votre santé !

On s'en fiche de la santé.

Je retentais donc une nouvelle fois de me lever, tandis qu'Eliaz avait déjà réussi. Il était beaucoup moins faible que moi, même si son corps lui faisait mal.

Ma mâchoire se serra sous la douleur. Des gouttes de sueurs tombèrent le long de mon corps.

Je m'aidais à nouveau de mes bras pour me remettre en position assise sur mon rebord du lit. Cette fois-ci je tenais. Difficilement.

En poussant sur mes mains, tout en m'appuyant sur la tête de lit, je me relevais sur mes jambes. Elles étaient beaucoup trop fines ! Aucuns muscles apparents ! Quel corps de faiblarde ! J'avais intérêt à l'entrainer pour égaler mon corps animal.

Louis était paniqué de nous voir bouger. Il tenta d'avancer dans notre direction mais se ravisa quand il approcha le cocon. Il ne voulait probablement pas encore une fois se faire aspirer une grande partie de son énergie.

- Restez allongés ! C'est dangereux pour vos corps, ils sont encore faibles ! Qu'essayez-vous de faire ?!

Il n'était pas très convaincant avec son visage encore plein de larmes.

Je réussis enfin à me mettre debout correctement, le corps tremblant et douloureux, j'étais toute transpirante, mais je n'en avais rien à faire. C'était en partie ma faute, il fallait que je me lève. Il fallait que je fasse quelque chose au lieu de rester cloitrée dans ce lit.

Le processus pour me lever avait duré dix bonnes minutes pendant lesquelles Eliaz m'encourageait mentalement, attendant patiemment que nous soyons tous les deux debout de chaque côtés du lit.

Une fois cela fait, en même temps, et en toute synchronisation, Eliaz et moi touchions le Cocon du Papillon.

Il éclata en milliers de particules.

ALBAWhere stories live. Discover now