ALBA

CHAPITRE 29

J'étais presque certaine, que le coupable était en fait Eliaz, et seulement Eliaz. Personne d'autre ne me faisait sentir ces sensations exceptés lui. Ce n'est pas un problème d'inhabitude au contact. C'était lui le problème, et je ne sais pas pourquoi.

Eliaz fronça les sourcils après ma tirade.

- Sache, qu'être au sein de la meute te protège déjà de base. Le mélange des énergies et des odeurs des autres Métamorphes dans l'air est déjà un camouflage. Notre essence se mélange à la leur. Il est donc difficile, mais pas impossible, de te trouver. Ajouter à cela que si tu t'éloignes de trop de la meute, tu seras tout de suite repérable si tu n'as pas le camouflage ou Croco mis en marche. Mon camping-car, n'est en vérité pas si loin du camp, ce qui me permet tout de même d'être protégé si je perds le contrôle de Croco. Mais, la meute n'est pas une protection fiable à 100%. Il suffit que notre ennemie ait de bon sens pour qu'il nous trouve. Il faut donc que tu maîtrises ton camouflage sous ta forme animale. Par conséquent, qu'est-ce qui t'as déconcentrée au point de briser ton camouflage si ce n'est pas ton inhabitude aux contacts ?

Ma respiration cala. Avec un peu de logique, c'est vrai que le mélange de mon énergie, de mon odeur, avec celle des autres Métamorphes pouvait avoir un effet brouilleur pour quelqu'un qui voudrait nous trouver. Et que si je m'éloignais, je me démarquerais aussi de plus en plus à mesure que j'avancerais. Je ne serai donc plus mélangée aux autres.

Mais ce qui m'inquiétait le plus était sa question. Comment lui répondre ? Mes réactions face à son toucher étaient bizarres. Comment allait-il le prendre ? J'aurais dû acquiescer lorsqu'il avait dit que c'était à cause de mon manque de contacts avec les êtres humains. Mieux valait mentir.

Ton toucher me déconcentre énormément.

Ma franchise me perdra !

Eliaz stoppa tout mouvement. Ses yeux se figèrent, sa stature aussi. Respirait-il encore ? Qu'avais-je fait ? Je déteste mentir ! J'aurais dû mentir ! C'est contradictoire !

Mais qu'est-ce que je raconte ? Pourquoi je me pose des questions comme ça ? J'ai l'impression d'être une adolescente indécise face à des problèmes puérils. Je ne suis pourtant pas comme ça. Je suis censée être Alba, une Alpha Suprême, quelqu'un de puissant, sans doute ni peurs.

C'est quoi toutes ces pensées humaines ? C'est quoi tous ces doutes ? Je m'horripile moi-même. Moi ? Avoir des doutes ? Des hésitations ? Jusqu'à vouloir mentir ? Très peu pour moi. Je préfère rester moi-même. Franche, fière et forte. C'est ce que je suis, je ne vais pas changer, me brider, ou quoique ce soit.

- Mon toucher te déstabilise ?

J'hochais de la tête, regardant droit dans ses yeux. Hors de question de détourner le regard quand on avoue quelque chose d'embarrassant.

Son regard se fit tout d'un coup sérieux.

- Remet ton camouflage en place.

Je pris quelques secondes à comprendre sa demande. Il n'a pas fait de remarques sur ma révélation. Il n'a rien dit. C'est frustrant d'un côté. Qu'est-ce qu'il a en tête ?

Je ne vais pas discuter et perdre du temps inutilement. Je fais ce qu'il me demande. Je réenfile doucement un nouvel uniforme Allemand. L'ancien est déchiré. Progressivement, mon énergie et mon odeur disparaissent, ne laissant plus rien de détectable dans le camping-car. Pendant tout le processus, je n'ai pas cillé, mon regard est resté fixé dans le sien. Il n'a pas détourné les yeux non plus. Nous étions tous les deux immobiles. Concentrés.

- Parfait, maintenant...

Il posa d'un coup sa main sur ma tête, puis la glissa lentement entre mes deux oreilles dans un geste doux. Le phénomène réapparu, chaleur, frissons, plénitude. C'était encore plus vivace que ce matin lorsqu'il avait réarrangé mon pelage.