- Mais enfin Eliaz, ça n'a aucune importance, expliqua doucement Scott.

Sans même répondre, Eliaz se retourna en direction de son camping-car plusieurs mètres plus loin, caché sous des arbres aux branches touffues.

Je m'élançai dans sa direction et attrapa sa jambe dans ma mâchoire sans enfoncer mes canines. Je tirai sur son jean pour le faire rebrousser chemin. Je ne voulais pas me transformer !

Eliaz se retourna, une lueur de stupeur passant sur son visage impassible. Il s'arrêta net.

- Je crois bien que la tigresse ne veut pas se transformer, constata Scott.

Eliaz n'avait fait que trois pas avant que je ne l'attrape, nous étions toujours devant la caravane de l'Alpha.

Scott s'approcha de moi tandis que je lâchais le jean de l'apollon.

- Bon, je vais te poser des questions, de façon à ce que tu puisses répondre par oui ou par non en hochant ou tournant la tête. On pourra alors communiquer.

J'acquiesçais de la tête en m'asseyant à côté d'Eliaz qui gardait un flegme implacable.

- Veux-tu te transformer ?

Je tournais la tête pour indiquer que je ne voulais pas. Scott sembla réfléchir.

- J'aurais aimé te dire pourquoi, mais tu ne pourrais pas répondre par un oui ou un non...dit-il à haute voix.

Eliaz me fixait intensément. J'appréciais. Mais tout d'un coup il fronça les sourcils tandis que Scott réfléchissais à sa prochaine question. Cela me choquait de voir enfin une réelle émotion sur son visage.

- T'es-tu déjà transformée en humaine ? Finit par dire le bellâtre, les sourcils de plus en plus froncés. Ou au moins sais-tu comment le faire ?

Je tournai la tête.

- Oh ma Meute, souffla Scott surpris.

Oh ma Meute ? Cela voulait-il dire « Oh mon Dieu » mais en langage Métamorphe ?

- Es-tu dans ta forme animale depuis longtemps ? Continua Eliaz, son visage montrant une réflexion certaine. Scott s'était tut.

Je hochais la tête.

- Depuis plusieurs jours ?

Je tournai la tête. Non.

- Des mois.

Non plus.

- Des années ? Lâcha Eliaz qui cette fois-ci paraissait légèrement surpris. Ce qui dans son langage faciale peu développé voulait surement indiquer une grande surprise.

- Un an ?

Non.

- Deux ?

Non.

-...Plus de cinq ?

Oui.

Scott avait les yeux écarquillés tandis qu'Eliaz semblait choqué, ne verrais-je que des expressions qui ne m'intéresse pas ? Un sourire m'aurait bien plus de sa part...

- Six ?

Non.

-Plus de huit ?

Oui.

- Neuf ?

Non.

-Dix ?

Oui. Dix hivers.

Scott s'affala sur le sol, pas très digne d'un Alpha, d'un chef, selon moi. Il semblait sur le point d'avoir une crise cardiaque.

- A quel âge t'es-tu transformée en animal ? Plus de cinq ans ? Continua Eliaz.

Oui.

- Plus de huit ans ?

Non.

- Huit ans ?

Oui.

Mon cœur se serra, l'image de ma mère se faisant trainer sur le bitume m'apparut. Je rejetai vite ces pensées.

- Cela veut dire, que cela fait dix ans que tu es sous ta forme animale, que tu ne veux pas et ne sais pas comment te retransformer et que tu t'es changée à huit ans ? Tu as donc dix-huit ans... Souffla Scott, les yeux dans le vague, le regard vide. Avait-il fait cette fameuse crise cardiaque ?

Je ne trouvais pas ça si long, dix ans. Je m'étais bien amusée, dans l'insouciance de mes instincts animaux.

Eliaz avait repris son masque froid.

- Ce n'est rien, on attendra que tu veuille te transformer pour te dire comment faire, finit par dire Scott après un moment de réflexion. Je te parlerais demain, cela concerne des sujets cruciaux.

Il semblait soucieux tout d'un coup, je ne comprenais pas pourquoi, mais j'étais curieuse.

- Allons-nous coucher pour l'instant il se fait tard. Si tu le souhaite tu peux dormir dans ma caravane ou à la belle étoile, c'est comme tu veux.

Eliaz grogna fortement. Si j'avais eu un sourcil, je l'aurais haussé.

- Non, elle dormira dans mon camping-car.

Je ne comprenais pas trop ce qui lui passait par la tête, Scott semblait se demander la même chose mais finit par hausser les épaules. Tandis que moi je m'en fichais complètement. Le fait de dormir dans son antre me plaisait, sans que je sache pourquoi. Pour une fois, le ciel étoilé ne m'attirait pas trop.

Sans ajouter un mot, Eliaz se retourna et partit en direction de son antre, je le suivis, d'une démarche féline.

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