— Que... Quoi ? bafouillai-je.

Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il aborde ce sujet. Que pouvais-je répondre à cela ?

— C'est pourtant simple, poursuivit Keran. Si l'union de vos deux êtres t'a effectivement révélé ton amour pour Elemiah, alors pourquoi as-tu décidé de le quitter de la plus horrible des manières ?

Je le regardai, stupéfaite, ne sachant pas quoi dire pour ma défense.

Réfléchis, réfléchis, Nae...

Il plaça ses mains derrière ma nuque et posa son front contre le mien. Son souffle venant caresser mes lèvres.

Elemiah gronda derrière nous, visiblement peu enclin à nous savoir si proche l'un de l'autre. Mais il ne fit pas mine de s'avancer pour autant. Il savait que s'il tentait quoi que ce soit contre Keran notre accord était caduc, et il attendait désespérément d'obtenir enfin tout contrôle sur mon corps, sur mon âme. Alors il devait probablement compter sur ma capacité à lui faire renoncer à son désir de vengeance.

— Tu n'as toujours pas compris n'est-ce-pas ? chuchota Keran contre ma bouche.

Je le regardai, perdue, mon sang pulsant dans mes veines et cognant à mes tempes.

— Nous sommes fait pour être ensemble, cesse de vouloir m'échapper pour me protéger. Tu me rends fou. Quoi qu'il arrive, je me battrai pour toi, pour nous. Et je n'ai pas l'intention de te voir retomber dans ses plumes.

Ses paroles agirent comme un pansement sur mon cœur. Une fois de plus, il me montrait à quel point il tenait à moi et je me sentais chanceuse d'être celle qu'il avait choisie d'aimer. Cet Apollon que je ne méritais pas.

Il se rapprocha encore un peu plus de moi, ignorant le grondement sourd d'Elemiah derrière lui, et venant me chuchoter dans le creux de l'oreille :

— Penses-tu réellement que je prendrais un tel risque sans la garantie de te savoir hors d'atteinte ? Sans être certain que le dénouement nous serait favorable ? Crois-tu réellement que j'agirais de la sorte si je n'en étais pas convaincu, Nae ?

— Mais, Keran...

— Fais. Moi. Confiance.

Il détacha chacun de ses mots sans me lâcher des yeux, comme s'il essayait de me faire passer un message.

Je me souvenais de la dernière fois qu'il m'avait adressée une telle requête. Cette fois dont la fin s'était révélé des plus tragiques. Parce que je n'avais pas réussi à lui faire confiance justement... parce que tout portait à croire qu'il allait mourir... et que je ne pouvais m'y résoudre. Je l'avais vu se faire transpercer le cœur et cela m'avait conforté dans mon hypothèse... jusqu'à ce que j'apprenne qu'il était éternel et qu'en fin de compte, j'avais tout fichu en l'air.

A cause de mon incapacité à croire en lui, nous avions été séparés pendant neuf mois intolérables. Chacun persuadé de la mort de l'autre.

Aujourd'hui encore, rien ne laissait présager une fin heureuse... j'avais du mal à comprendre comment il pouvait être si sûr de lui dans de pareilles circonstances. Mais j'avais envie d'y croire, je devais y croire. Je ne pouvais pas lui tourner le dos et réitérer la même erreur.

Alors pour une fois, je décidai d'écouter mon cœur plutôt que ma raison. Je choisis de faire confiance à l'homme que j'aimais et je remis nos deux vies entre ses mains, puisqu'elles étaient inextricablement liées.

J'inspirai bruyamment et fermai les yeux.

— D'accord... trouvai-je enfin le courage de lui répondre.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Where stories live. Discover now