Partie 12

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Les effets de l'alcool commençaient à se dissiper peu à peu, j'arrivais à raisonner un peu plus clairement mais je n'étais toujours pas au mieux de ma forme.

Cela faisait déjà plusieurs minutes que je tanguais aux côtés de Keran, tentant vainement de faire bonne figure. Il ne m'avait pas décoché un mot depuis que nous avions quitté le club, aussi ne pus-je m'empêcher de sursauter en l'entendant brusquement rompre le silence de tombe qui nous entourait.

— Alors c'est Monsieur Sexy, hein ?

— Quoi ? demandai-je perplexe.

— Toute à l'heure, c'est comme ça que tu m'as appelé.

— Putain... fut la seule réponse qui me vint.

J'avais été tellement dans le brouillard que je ne m'étais même pas rendue compte que je lui avais dévoilé le surnom dont je l'avais affublé dans mes pensées les plus intimes. Si le cocktail sans fond que j'avais bu un peu plus tôt n'avait pas déjà réchauffé mes joues, Keran aurait été le spectateur d'une soudaine évolution chromatique digne de celle d'un caméléon.

Je me sentis tout à coup très nue face à son regard vert perçant qui semblait vouloir me sonder de l'intérieur. Mais je n'eus pas le loisir de lui répondre autre chose que mon juron précédent. Je cherchais toujours mes mots lorsqu'un courant d'air frais enveloppa nos corps et que je perçus du coin de l'œil une ombre se dresser droit devant nous.

Moustique de merde. Toujours le chic pour faire leur apparition aux moments les plus inopportuns.

— Eloigne-toi d'elle, fils de Lilu, tonna la voix du nouveau venu. Ta supercherie ne trompe personne. Elle est à nous.

Gné ? Fils de Lilu ? C'est quoi ça ?

J'imagine que par « supercherie » il faisait en réalité référence à la marque que Keran m'avait dessinée sur le front. Cela dit, je me demandais bien ce que la première partie de sa phrase pouvait signifier. C'était la première fois que j'entendais ce genre de dénominatif. Je le notais dans un coin de ma tête. Il faudrait que je pense à interroger Keran sur ce sujet une fois rentrés. Enfin, si nous parvenions à nous sortir de cette situation inattendue. Ce qui n'était pas si évident maintenant que j'y réfléchissais.

L'ange qui nous faisait face était plutôt bel homme, à croire que c'était génétique chez eux. Tout comme ses congénères, il exhalait la puissance à plein nez. Autrement dit, on était dans la mouise.

Monsieur Sexy avait beau avoir certaines qualités physiques indéniables et avoir réussi à mettre la raclée à mes deux précédents agresseurs, ce n'était pas comparable. Ces derniers étaient humains, et pas très malins. Or, j'avais déjà assisté à un combat entre deux moustiques angéliques, rien à voir avec une vulgaire bagarre de bar, on aurait plutôt dit un combat de gladiateurs dotés de pouvoirs surnaturels les rendant quasi-invincibles.

— Hors de question, gronda cependant Keran à ma grande surprise.

Je savais qu'il n'était pas du genre à se laisser dicter sa conduite mais il fallait être fou pour tenir tête à un ange de son acabit et penser pouvoir s'en sortir. Et même si Monsieur Sexy avait l'air d'apprécier ma compagnie, ou du moins ne pas la détester, je ne me faisais pas d'illusion, il n'avait aucune raison de risquer sa vie pour la mienne. Aussi restai-je interdite face à sa réaction.

— Tu fais une grave erreur. La colère de notre rex n'aura pas de limites si tu t'obstines à contrecarrer ses ordres.

— Nous verrons bien, s'amusa Keran.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant