Partie 29-2

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Maman m'avait fait visiter les lieux les plus importants du camp : le mur des personnes disparues, sur lequel étaient affichées des dizaines de photos avec des petits messages accolés ; le réfectoire dans lequel ceux qui souhaitaient un peu de compagnie pouvaient se retrouver pour manger ; et enfin la salle des fêtes, où tout le monde se rassemblait pour papoter, jouer à des jeux de sociétés, ou encore pour discuter des problèmes liés aux anges.

Une réunion avait d'ailleurs lieu en ce moment même et tous les membres du camp s'y étaient regroupés pour mettre leurs dernières informations en commun. Seules quelques personnes traînaient encore dehors, ce qui nous avait permis de rester relativement discrètes avec ma mère.

Certains avaient tenté une approche pour en savoir plus à mon sujet, mais ma mère les avait assez vite interrompus en leur expliquant que j'étais une orpheline un peu paumée qui avait encore du mal à discuter avec les étrangers. En bons philanthropes qu'ils étaient, ils gardaient donc leurs distances pour ne pas me mettre mal à l'aise.

Nous étions sur le point de retourner à l'appartement lorsque des cris survinrent non loin de nous.

— Rentre à la maison, Nae, je vais voir ce qu'il se passe, m'enjoignit ma mère.

Elle se précipita vers l'endroit d'où provenaient les hurlements et je la suivis sans tenir compte de son injonction.

Nous atteignîmes l'entrée de la salle des fêtes, mais nous n'eûmes pas le temps de réaliser ce qu'il nous arrivait que nous nous retrouvâmes toutes deux propulsées dans la salle en compagnie du reste des réfugiés.

Une plume voltigea sous mon nez au moment où je me redressai. Je me mis à trembler de tout mon long, comprenant soudain l'horreur de la situation. Le cauchemar recommençait...

— Tout le monde est là ? questionna une grosse voix à quelques mètres de moi.

— Oui, Reiyel, ces deux là étaient les dernières, répondit un des quatre anges présents en nous pointant du doigt, ma mère et moi.

— Bien, nous allons donc pouvoir commencer.

Le Reiyel en question semblait visiblement très fier de lui. Il se frottait les mains énergiquement et nous toisait tous sans aucune déférence. 

Son visage m'était familier.

Je jetai un coup d'œil à ma mère à mes côtés, elle était terrifiée. Je crois que c'est la première fois qu'elle voyait un ange de près. Je lui pris la main pour la rassurer.

— Je vais être direct. Je sais ce que vous faites ici et qui est votre chef, lança Reiyel à la cantonade. Il se trouve que mon chef, à moi, est particulièrement de mauvaise humeur ces derniers temps. Il aimerait vraiment beaucoup s'entretenir avec celui que vous appelez Hermès... Alors je ne le répéterai pas... si vous ne voulez pas que je fasse de vos vies un enfer, vous allez me dire où je peux le trouver.

Je n'avais encore jamais entendu un ange s'exprimer de la sorte. Ils utilisaient pour la plupart un langage relativement soutenu mais ce n'était pas du tout le cas de celui-ci. Il semblait à bout.

— Si ton Rex tient tant à s'entretenir avec Hermès, alors pourquoi n'a-t-il pas fait le déplacement lui-même pour venir l'affronter en personne ? Aurait-il peur ? l'invectiva Lauren qui venait de faire deux pas dans sa direction.

— Tiens, tiens... mais qu'avons-nous là ? s'amusa Reiyel en la rejoignant. Une empathe... et qui pue l'incube en plus de cela. Tu tombes à pique, démone ! Sache que mon Rex ne craint ni ne plie devant personne. Sois certaine que si une situation de crise ne le retenait pas en d'autres lieux en cet instant, il serait déjà en route pour faire payer aux sales rats que vous êtes leur outrance.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant