Partie 7

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Je n'étais manifestement pas la bienvenue ici. De façon impulsive, je me levai du tabouret et me dirigeai vers l'entrée pour prendre le chemin de la sortie à mon tour.

A peine avais-je ouvert la porte que mon nez se retrouva de nouveau collé au torse de Keran.

— Qu'est-ce que tu fais ? m'interrogea-t-il abruptement.

Je serrai les poings et baissai les yeux vers mes pieds.

Quelle cruche.

Dans ma hâte, j'avais oublié que j'étais toujours en chaussettes. Il n'y avait pas à dire, je devais vraiment faire forte impression.

— Ecoute, je ne voulais pas te crier dessus. Ne te sens pas obligée de partir, les rues ne sont pas sûres, déballa-t-il d'une traite.

Après quoi, il me referma la porte au nez. Je restai figée sur place, déconcertée.

Bienvenue au pays des névrosés lunatiques.

***

Assise confortablement sur le canapé, j'observais pensivement la barrière qui me faisait face. Dans toute cette agitation matinale, je n'avais pas même remarqué que le salon de Keran se trouvait coupé en deux par le mur d'énergie.

C'était pourtant difficile à manquer. Le canapé d'angle sur lequel je reposais était adossé au coin cuisine. Et, mises à part la chambre et l'entrée, seule un petit coin bibliothèque sur ma gauche venait compléter la partie de l'appartement qui était encore accessible.

Tout le reste était rendu impraticable à cause de la présence du champ de force. Ce qui était bien dommage d'après ce que je pouvais en voir.

J'essayai de concentrer ma vue pour distinguer ce qui se trouvait de l'autre côté de la barrière, même si ses ondulations incessantes ne me facilitaient pas la tâche.

Une immense télévision LCD semblait fixée au mur qui se tenait à environ quatre mètres en face de moi. L'appartement était en réalité bien plus grand que l'extérieur ne le laissait paraître. De là où je me trouvais, je pouvais apercevoir deux ouvertures de chaque côté de l'écran plat, débouchant certainement sur d'autres pièces. Le salon était immense, malheureusement la partie la plus grande m'était inatteignable.

A en voir la décoration, on se serait cru dans un magazine, ce qui était sans doute le but recherché puisqu'il s'agissait de l'appartement témoin. Cela dit, l'ambiance qui y régnait n'était pas froide et aseptisé comme on aurait pu s'y attendre. Une agréable chaleur se dégageait de cet intérieur moderne.

Après la sortie mouvementée de Keran, je m'étais mise en tête d'en apprendre un peu plus sur ce personnage énigmatique que j'avais encore beaucoup de mal à cerner, et qui, visiblement, m'espionnait depuis plusieurs jours. 

Ainsi, après avoir longuement pesé le pour et le contre, j'avais entrepris de fouiller son appartement. Je m'en voulais un peu de jouer les fouineuses alors qu'il m'avait ouvert sa porte sans rien demander en échange, mais j'avais peur d'accorder ma confiance à la mauvaise personne. Les enjeux étaient assez élevés, et le savoir dehors occupé à je ne sais quelle affaire louche ne me rassurait pas particulièrement.

Les comportements immoraux des hommes que j'avais eu l'occasion de croiser ces dernières semaines avaient eu de quoi me rendre parano. 

Et je ne savais sincèrement pas quoi penser de mon hôte.

Un coup il se montrait tout ce qu'il y avait de plus charmant, et la seconde suivante il prenait un malin plaisir à m'assassiner verbalement...

Ok, je m'étais peut-être montrée légèrement exécrable, moi aussi. Je m'étais laissée emporter devant l'opinion peu flatteuse qu'il semblait avoir de moi. Mais, pour ma défense, lorsqu'on est sur un petit nuage, on ne s'attend pas à en redescendre aussi violemment. Surtout quand on n'a pas connu le confort et la chaleur d'une maison depuis déjà bien trop longtemps.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant