Partie 4

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— Celle-ci n'a pas de marque, constata le premier individu.

— T'as vu ça, Michou, je crois qu'on a touché le jackpot ce soir, lui répondit son acolyte avec un sourire des plus détestables.

Ma capuche s'était abaissée dans un coup de vent quelques minutes plus tôt, dévoilant ma longue chevelure rousse au passage. Je l'avais rabattue très vite sur ma tête, pour ne pas risquer d'être repérée, mais visiblement ce laps de temps avait suffit. Les deux énergumènes s'étaient approchés en douce.

J'aurais dû me couper les cheveux depuis longtemps, je savais que je risquais moins d'être remarquée s'ils étaient courts. Mais je n'en avais pas eu le courage. Ma tignasse avait toujours été ce dont j'étais le plus fière. Je n'avais jamais eu besoin de l'entretenir plus que nécessaire mais elle était toujours aussi souple et chatoyante. Mon monde avait déjà pris une tournure des plus détestables, alors si je ne devais plus me reconnaître dans une glace en plus de cela, je ne sais pas si j'aurais pu le supporter.

Je regardai les deux humains qui me faisaient face et tentai de les dissuader de commettre l'irréparable.

— Ecoutez, je sais que vous avez certainement perdu des êtres chers dans toute cette folie et que vous seriez prêts à n'importe quoi pour les récupérer. Mais ne mettez pas votre humanité de côté sur un coup de tête. Vous n'avez aucune certitude de revoir vos femmes, même si vous me livrez à eux. Et dans ce cas il vous faudra vivre avec le poids d'une vie sur la conscience.

Je les observai les yeux remplis d'espoir, faisant appel à leur compassion. Ils se dévisagèrent un instant et partirent tous deux d'un rire franc et guttural. J'étais plutôt surprise de cette réaction, je ne m'attendais pas à ce que la situation les rende si joyeux, au contraire, il n'y avait vraiment pas de quoi être heureux.

— Nos femmes ! T'entends ça, Fred, nos femmes ! explosa le dénommé Michou, ne contenant plus son hilarité. Ah ah ! Tu te trompes lourdement, ma jolie. La femme de Fred l'a quitté il y a un bail et en ce qui me concerne, j'ai toujours été un célibataire endurci.

— Je ne comprends pas, dans ce cas pourquoi vous intéresser à m... moi ? dis-je en buttant un peu sur le dernier mot.

En réalité, j'avais bien une idée ou deux de ce qui aurait pu pousser ces deux péquenauds à m'acculer de la sorte, mais ils avaient mentionné la marque des anges un peu plus tôt et je ne voyais pas ce qu'elle venait faire dans l'histoire.

— Il se trouve que depuis peu, nos petits copains extra-terrestres ont décidé d'un autre type de marchandage... Vois-tu, mon cœur, tu vas nous servir de ticket de sortie. Et d'ici quelques jours, on sirotera tous les deux des cocktails sur une plage des caraïbes loin de toute cette crasse et du froid de Svatantria.

Je n'en revenais pas. Ils m'annonçaient qu'ils allaient me vendre comme du bétail et cela n'avait pas l'air de les toucher particulièrement. Ces lâches étaient prêts à fuir leur ville, n'hésitant pas à marchander la vie d'une autre contre leur propre liberté. Une vie, merde !

C'était si méprisable de leur part. J'étais choquée de ce que les gens étaient prêts à sacrifier en temps de guerre. Car je devais me rendre à l'évidence, nous étions entrés en guerre. Contre ces envahisseurs et toutes les personnes qui collaboraient avec eux. Et j'étais prête à prendre les armes, même si j'étais la seule à me dresser sur leur chemin.

— Traîtres ! leur aboyai-je au visage. Ne m'approchez pas !

— Ou quoi ? me retourna Fred avec dédain.

— Tu le découvriras bien assez tôt.

C'était surtout de l'esbroufe de ma part. Je n'avais aucun talent de combattante, mon père m'avait inscrite au judo quand j'étais plus jeune mais je n'y allais que pour papoter avec mes amis et je n'avais jamais vraiment été attentive aux cours. J'avais appris à tomber, c'était toujours ça. Mais même si je ne faisais certainement pas le poids face à deux balourds comme eux, je ne les laisserais pas m'atteindre sans me rebiffer.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant