Partie 2 : Prologue (suite)

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Des gens couraient tout autour de moi, pères et mères portant leurs enfants à bras le corps pour les mettre à l'abri le plus vite possible. Je ne compris la raison de cet affolement que lorsque j'assistai à mon premier rapt.

Les « anges » ne se posaient sur le bitume que pour mieux s'emparer des femmes qui avaient le malheur de croiser leur route. Ils les soulevaient de terre, les ravissant à leurs familles, pour les emmener haut dans le ciel. Leur taille réduite à un grain de sable avant de disparaître entièrement de la vue, les bras chargés de leurs trophées de chair.

Par chance, aucun d'entre eux ne semblait décidé à s'aventurer dans ma rue pour le moment. Toutefois, je n'attendis pas de m'en assurer avant de prendre mes jambes à mon cou. Je détalai comme une gazelle, rebroussant chemin afin de rejoindre le plus vite possible l'appartement que j'occupais depuis maintenant une semaine. La priorité était de me mettre à l'abri, et agir avant de réfléchir semblait particulièrement avisé pour une fois.

Je courais comme une dératée, trébuchant à plusieurs reprises. Je venais de prendre un virage et m'approchais d'un carrefour lorsque je me sentis soulevée de terre.

J'avais les jambes pendues dans le vide et une barre m'encerclait la poitrine, appuyant sur mes côtes à m'en faire suffoquer. Je me débattis, sortant les griffes, et frappant à l'aveugle tout ce que je pouvais toucher. Une de mes mains rencontra violemment un obstacle et je retombai lourdement sur le sol. J'étais finalement parvenue à faire lâcher prise à mon agresseur.

Je me relevai d'un bond et rencontrai son regard assassin. Il n'avait pas l'air d'apprécier s'être fait battre à son propre jeu. Son ego avait dû prendre un sacré coup vu l'air courroucé qu'il me lançait.

Une grimace mauvaise lui tordit les traits. Il s'apprêtait à me foncer dessus lorsque son attention se concentra sur un point derrière moi. Je me retournai pour constater qu'un autre ange plongeait en piqué à seulement quelques mètres de là.

Le choc de sa chute forma un petit cratère autour de son corps. Il avait un genou à terre, la tête penchée en avant, quelques mèches de cheveux bruns lui retombant sur le visage. Ses mains étaient posées faces contre le bitume, les deux bras tendus devant lui, ayant contenu le plus gros de l'impact. Il redressa peu à peu son visage, comme si le temps avait ralenti, puis il braqua son regard droit sur moi.

Il transpirait la violence. Son expression était dure et je ne pouvais détacher mon regard de cette créature sauvage, impitoyable. Je sentis le monde osciller sous mes pieds avant de comprendre que c'était en fait tout mon corps qui tremblait. J'étais terrifiée. Figée sur place comme un lapin pris dans les phares d'une voiture.

L'ange me détailla de son regard abrupt quelques secondes de plus, avant de le diriger vers mon assaillant avec un petit sourire en coin.

— Elle est à moi ! rugit ce dernier.

— Nous verrons bien, rétorqua le nouveau venu avant de s'élancer sur son adversaire à une vitesse fulgurante.

Je restais là, abasourdie et toujours aussi choquée. J'étais paralysée, transie de peur. Ces deux créatures angéliques s'affrontaient sous mes yeux, ne retenant pas leurs coups et détruisant tout sur leur passage. Leurs corps se heurtaient chacun leur tour contre les voitures, poteaux et murets qui leur faisaient obstacle.

Puis, dans un éclair de lucidité, je retrouvai mes esprits et le contrôle de mon corps. Je n'attendis pas de savoir qui remporterait la bataille et décidai de leur fausser compagnie. Je courrais de nouveau aussi vite que pouvaient me porter mes jambes. Mon appartement n'était plus qu'à une rue. 

Je fonçais dans la dernière ligne droite lorsque je vis un immense champ de force se refermer brusquement devant moi, à quelques mètres de mon immeuble. Un mur translucide se dressait sur mon chemin. 

D'abord sous le choc, je m'approchai de lui et le touchai du bout des doigts, un peu hésitante, ne sachant pas quelle matière mes mains rencontreraient. Il oscillait comme la surface de l'eau mais était pourtant aussi dur que le roc, j'avais beau pousser fort contre lui, ma peau ne s'enfonçait pas d'un millimètre.

Je tentai de le contourner sans succès, quelque soit la route que je prenais, je me retrouvais face à lui. Toute la ville était encerclée par ce géant d'énergie qui semblait ne jamais finir. Je levai mon regard à la recherche d'une brèche mais n'en trouvait aucune. Il était infranchissable.

Je tombai à genoux, à bout de souffle après ma course folle et fortement abattue alors que je réalisais enfin toute l'ampleur de la situation. 

Je sortis mon téléphone portable de ma poche, le rattrapant de justesse à plusieurs reprises alors qu'il s'échappait de mes mains tremblantes. Je composai difficilement le numéro de chez mes parents et mis l'appareil à mon oreille, attendant patiemment d'entendre la voix rassurante de mon père ou de ma mère. Mais aucune tonalité ne retentit à l'autre bout du fil. Je réessayai une deuxième fois, puis une troisième... toujours rien. 

Je n'avais aucun moyen de les joindre, mon appartement était à seulement quelques pas de moi mais je ne pouvais pas l'atteindre. J'étais complètement isolée, Svatantria était coupée du reste du monde. J'étais prise au piège.

Je m'adossai au mur, le regard perdu dans le vide, les larmes aux yeux. La torpeur me gagna, je ne savais plus quoi faire, mon monde venait de s'effondrer et je ne connaissais personne susceptible de m'aider dans cette ville. Même les autorités seraient démunies, personne n'était préparé, comment aurions-nous pu combattre l'impensable ?

Après quelques instants, je trouvai la force de me lever, décidant qu'il était préférable de ne pas rester à découvert. Tout semblait calme désormais. Les gens avaient déserté les rues, tout le monde se réfugiait à l'intérieur, se barricadant du mieux possible. Je pris la décision de partir à la recherche d'un commissariat, une caserne de pompier ou de n'importe quel abri me permettant de me protéger un minimum. Je m'apprêtais à partir lorsqu'une ombre s'abattit peu à peu sur la rue, semblant s'étendre sur toute la ville.

Je relevai la tête, me demandant quelle catastrophe allait encore me tomber dessus, et cette dernière vision insensée me décida. J'étais folle. Un OVNI du type soucoupe volante, j'aurais pu l'accepter, j'étais prête à le faire. Vraiment. Mais ÇA, non. Une cité volante ne pouvait pas exister.

Je regardais le Château dans le ciel défiler devant mes yeux et je partis dans un fou-rire incontrôlable, à l'image de mon esprit aliéné.





Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant