Partie 28

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PDV Keran

Neuf mois

Neuf mois de supplice infernal. Neuf mois à me repasser en boucle cette scène décisive, dramatique, qui m'avait arraché toute chance de revoir un jour la femme dont j'étais éperdument amoureux.

La seule qui n'ait jamais éveillé ce sentiment en moi, la seule pour qui mon cœur battait toujours, malgré la certitude que je ne la reverrai jamais plus. Neuf mois d'horreur. Neuf mois de tourment insoutenable pendant lesquels une culpabilité oppressante m'avait mené un peu plus au bord du précipice chaque jour. Neuf mois sans elle.

Lorsque Caliel était venu me trouver pour m'annoncer sa mort, je n'avais pas voulu le croire. Imaginer qu'elle ait pu décider de s'ôter la vie m'était tout simplement inconcevable. 

Elle ne pouvait pas m'avoir fait cela. Elle ne pouvait pas avoir décidé de m'abandonner alors que je ne vivais plus que pour elle. Depuis que je l'avais rencontrée, je ne voyais qu'elle, ma jolie tigresse indomptable, plus rien ne comptait en dehors. Et pourtant, elle avait commis l'irréparable... je ne pouvais le croire.

J'avais d'abord tenté de me convaincre que tout cela n'était qu'ineptie, que le seul but d'Elemiah, en chargeant son bras droit de venir m'apporter cette nouvelle intolérable, était de me tourmenter davantage.

Je me rapprochais un peu plus de sa forteresse à chaque nouvelle alliance que j'établissais avec des anges en désaccord avec leur Rex. Ma stratégie commençait à porter ses fruits, j'allais bientôt trouver le moyen d'accéder à la citadelle aérienne, j'allais enfin pouvoir la récupérer.

Elemiah en avait conscience et il ne supportait pas l'idée de la perdre, il savait que je finirais par la rejoindre tôt ou tard, et il faisait tout son possible pour me maintenir à distance. Voilà pourquoi il m'avait envoyé Caliel.

Je ne voyais que cette solution, je ne pouvais pas penser autrement.

Et pourtant... pourtant je me souviendrais toujours de ces quelques mots qu'avait prononcés l'ange, des mots si durs qu'ils m'avaient achevé sur place...

— Elle s'est ouvert les veines. Elemiah l'a retrouvée inerte, baignant dans son sang. Elle ne supportait pas l'idée de t'avoir perdu alors elle a préféré mettre fin à ses jours.

Ma respiration s'était coupée instantanément, mes yeux s'étaient voilés, mes forces m'avaient quitté, je m'étais effondré sur le sol, impuissant face au choc de cette révélation.

Un ange ne mentait pas.

Voilà tout ce que j'avais réussi à me dire après avoir tenté désespérément de me voiler la face. Un ange ne mentait pas, jamais, ils en étaient incapables. Caliel m'avait dit la vérité.

Elle n'était plus. Elle était partie. Nae s'était tuée.

Et le pire, était de savoir que j'étais à l'origine de ce drame. Elle avait été jusqu'au bout de ce geste désespéré par ma faute. Elle m'avait cru mort et elle m'avait suivi dans la tombe.

Si elle avait su... si je lui avais révélé la vérité dès le départ, si je lui avais dit que leur arme ne pouvait pas me tuer...

Je croyais la protéger. Je pensais que la maintenir dans l'ignorance était la meilleure façon de la préserver et de la tenir éloignée de mon monde. J'avais eu peur de sa réaction, peur qu'elle ne fuit si elle apprenait que je ne pouvais pas mourir.

Elle était mortelle, j'étais éternel... j'avais eu peur que cela la pousse à croire que notre relation était vouée à l'échec. Mais nous aurions fini par trouver une solution,l'important était que nous soyons ensemble. Le reste ne comptait pas dans l'immédiat.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant