Partie 30-2

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Media : Human - (de Christina Perri) par Madilyn Bailey


L'expression désemparée qu'il affichait m'était tellement insupportable que je devais me faire violence pour soutenir son regard sans ciller.

— Non, Nae... ce n'est qu'une illusion, tu le sais. Tes sentiments pour lui ne sont pas réels, tu ne peux pas croire en ce que tu ressens en sa présence. Tu finiras par le comprendre, ajouta-t-il comme pour se rassurer lui-même.

— Si, ils le sont, Keran. Ils le sont pour moi. Tu m'as déjà perdue. Je suis désolée, je n'ai jamais voulu te faire souffrir, mais ma place est à ses côtés. Je... cela m'est apparu comme une évidence, annonçai-je d'une voix finalement chevrotante.

— Tu dis n'importe quoi, hoqueta-t-il.

— C'est la vérité pourtant, tu as vu ma marque, tu sais que j'ai été testée. Nous nous sommes unis et il n'y a pas de retour possible. J'ai reconnu en lui mon âme sœur.

Je me surpris à frémir en m'entendant prononcer cette phrase qui faisait écho à ce que m'avait dit un de ces emplumés un jour. Je ne croyais pas une seconde à ce que je disais, et je devais me contenir pour ne pas vomir mes propres mots.

— Alors pourquoi as-tu fuis ? Si tu es réellement amoureuse de lui, pourquoi es-tu là plutôt que dans ta forteresse ? insista-t-il.

— Je...

Evidemment, j'aurais dû me douter qu'il me poserait cette question.

Après une vive réflexion, je sus toutefois comment continuer à semer le doute en lui.

— Je voulais revoir mes parents. Elemiah se montre parfois trop protecteur envers moi et il m'empêchait de leur rendre visite. J'ai donc fait en sorte de les rejoindre par mes propres moyens. Mais j'avais prévu de retourner auprès de lui par la suite. Je voulais simplement revoir leurs visages.

— Je ne te crois pas, s'obstina-t-il.

C'était le moment de lui asséner le dernier coup. Je m'en voulais atrocement pour ce que j'étais en train de lui faire mais je ne pouvais pas le laisser affronter Elemiah alors que ce dernier était en possession de la seule arme capable de lui ôter la vie définitivement. Pas alors qu'il existait encore un moyen de l'éviter.

— Ne t'es-tu pas demandé pourquoi je ne t'avais pas révélé ma présence ici ? le questionnai-je avec douceur. Je suis arrivée hier soir, je t'ai vu, mais j'ai choisi de ne pas t'approcher. J'ai supplié mes parents de ne rien te dire. A ton avis, pourquoi ? Je suis désolée, Keran, j'ai beaucoup d'affection pour toi, mais c'est lui que j'aime. Pitié, ne sois pas celui qui m'ôtera toute chance d'être heureuse.

Keran m'observait maintenant avec un regard triste teinté de désillusion. L'idée qu'il puisse éprouver un quelconque sentiment d'aversion pour moi me déchirait les entrailles, mais je devais tenir bon. Allez jusqu'au bout de mon mensonge.

Ses yeux sondaient les miens à la recherche de réponses que je m'appliquais à camoufler.

Puis, soudain, comme s'il avait perçu le fond de mes pensées, je vis son expression se radoucir et il me sourit tendrement avant de venir effleurer ma joue du bout de ses doigts.

Cela me perturba tellement que je me sentis aussitôt perdre de mon assurance.

— J'ai une dernière question pour toi, m'annonça-t-il.

— Je t'écoute... déglutis-je avec difficulté.

— Pourquoi t'es-tu ouvert les veines ?

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant