Elle doutait déjà tellement, elle avait eu peur lorsque nous nous étions embrassés ce soir là, lorsque j'avais laissé mon aura l'atteindre, la caresser, la subjuguer. Elle avait eu peur de moi.

Cela avait été à la fois la meilleure et la pire expérience de ma vie.

Lorsqu'elle s'était détachée de moi, lorsqu'elle avait eu ce douloureux mouvement de recul et qu'elle avait affiché cet air tourmenté, cela m'avait blessé à un point inimaginable. Parce que je savais à ce moment là que, de mon côté, j'étais déjà perdu... ce que j'avais éprouvé lorsque nos lèvres s'étaient cimentées l'une à l'autre, dans un baiser enfiévré, n'avait fait que confirmer le sentiment de complétude que je constatais chaque fois que je me trouvais avec elle.

Et je savais, au plus profond de mon être, que je ne ressentirais jamais plus un tel désir, un tel sentiment d'appartenance. Pour personne. C'était elle, uniquement elle.

Je ne pouvais pas perdre cette sensation, je ne pouvais pas prendre le risque de la perdre, elle.

Alors j'avais choisi de ne rien lui dire, et j'avais cru, à tort, qu'elle m'écouterait, qu'elle accepterait de retourner se mettre à l'abri le temps que j'en finisse avec ces parasites à plumes. Si elle m'avait fait confiance, si je lui avais donné des raisons de le faire, elle n'aurait pas eu à assister à ma mort, et elle serait encore en vie.

Je lui avais caché mon secret pour éviter qu'elle ne me fuie, et au final elle l'avait fait de la plus irrévocable des façons, la plus définitive... j'avais tout perdu. Ma peur de la voir disparaître n'avait fait qu'avancer cette fatale échéance. Je ne me le pardonnerais jamais.

Aujourd'hui, j'étais obligé d'avancer, sans elle, j'étais condamné à errer sur Terre pour l'éternité sans la seule femme que j'avais jamais aimée.

Neuf mois...

Neuf mois qui ne représentaient pourtant qu'un grain de sable dans le sablier continuel de ma vie.

Une éternité de torture m'attendait, une souffrance perpétuelle.

Si Lauren ne m'avait pas aidé à me relever à ce moment là... si elle n'avait pas pris soin de moi après m'avoir trouvé gisant à terre, ravagé par la douleur, j'ignore ce qu'il serait advenu.

Nae était morte, Trevor était introuvable, le désespoir avait remplacé la colère dans mon coeur et je n'avais plus la force d'avancer. Je n'en avais plus l'envie.

Lauren m'avait trouvé alors que je n'étais plus qu'une carcasse vide. Elle m'avait relevé et m'avait ramené au camp, celui que je m'efforçais d'établir en attendant le retour de Nae. Celui dans lequel j'avais pris soin de ramener ses parents, et où j'espérais un jour avoir le plaisir de voir leurs retrouvailles se jouer sous mes yeux.

Je m'étais pris d'affection pour ce charmant couple, j'avais rêvé de voir un jour cette famille attachante réunie de nouveau, et j'aurais été fier de me dire que j'avais été quelque part l'un des instigateurs de leur bonheur.

Mais au lieu de cela, j'avais dû affronter le regard de William et de Denise après ce drame, ce regard dans lequel flottait toujours l'espoir de retrouver leur fille, alors que moi je savais. Je savais que c'était désormais impossible. Ils ne reverraient jamais leur enfant et je ne reverrais jamais la femme que j'aimais.

Je n'avais pas pu me résigner à le leur avouer.

Je leur avais menti depuis le début. J'aurais dû être celui qui leur confirmerait que leur enfant était bel et bien vivant, je ne pouvais pas devenir le messager de sa mort.

Tout était de ma faute.

Comment aurais-je pu affronter leur regard en leur révélant que leur fille unique s'était éteinte par ma faute. Que c'était son amour pour moi qui l'avait tuée...

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant