— Je ne voulais pas me tuer, Haz, finis-je tout de même par déclarer après avoir remis mes idées en place.

— Tu as une drôle de façon de le démontrer dans ce cas...

— Je sais bien que tu seras toujours là pour me rattraper, le piaf.

J'aimais bien Haziel. Pour un ange, il était plutôt sympathique. Dans d'autres circonstances, nous aurions pu être amis tous les deux. Il s'était toujours montré agréable avec moi et il semblait presque désolé de mon sort, bien que je ne me fisse aucune illusion envers qui allait son allégeance.

Il me faisait office de garde du corps. Elemiah lui avait attribué ce rôle dès les premiers jours et Haziel s'efforçait de le remplir de son mieux. Même si je ne lui facilitais pas vraiment les choses.

Je prenais un malin plaisir à le faire tourner en bourrique. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais réussi à lui fausser compagnie. Malheureusement la citadelle m'offrait peu de recoins où me cacher et je finissais par me faire repérer tôt ou tard. Il y avait toujours un ange qui passait dans le coin pour me retrouver...

— Nae ! Tu es là ! Je te cherche partout depuis des heures.

Ou une sombre crétine... ajoutai-je intérieurement en voyant un très beau spécimen du genre s'approcher de moi.

Haziel en profita pour s'éclipser et je l'enviai alors énormément de cette faculté qu'il avait à disparaître dès que la situation devenait un peu trop critique à ses yeux.

— Qu'est-ce que tu veux, Bêtise ? soupirai-je.

— C'est Betty ! s'indigna-t-elle. Je te l'ai déjà dit.

Cette greluche était l'une des cinq compagnes angéliques qui habitaient la forteresse, en plus de moi. Le magnifique tatouage qui ornait son front en était la triste preuve.

Je portais d'ailleurs à peu près le même, à ceci près que le mien prenait une teinte dorée par endroits et que le symbole en son centre était censé représenter « mon appartenance » à cet Ô Combien Suprême Seigneur Rex. Cette marque de royauté me donnait un statut bien particulier dans la citadelle.

Si j'avais laissé faire, je suis sûre que certains moustiques seraient allés jusqu'à me lécher entre les orteils. Et si je ne passais pas mon temps à envoyer Elemiah sur les roses et que je ne m'appliquais pas à l'empêcher d'aller butiner ma petite fleur, je suis certaine que je régnerais déjà sur le CDLC d'une main de maîtresse. Je les aurais tous mis à genoux sur les rotules ces vampires à plumes.

J'eus un sourire mauvais à cette pensée. Peut-être que la solution était là finalement...

Mais je n'étais pas prête à me laisser embobiner aussi facilement que Betty et les autres. Moi je n'oubliais pas. Ces ordures avaient détruit notre monde, ils se l'étaient accaparés et ne semblaient pas décidés à nous le rendre. Mais surtout, je n'oublierai jamais ce qu'ils lui avaient fait à lui.

Je ravalai son souvenir avant de m'écrouler sous le poids de l'émotion. Ma douleur ne m'avait jamais quittée.

En neuf mois, la situation avait eu le temps d'évoluer sur la planète. Les gouvernements s'étaient tous couchés devant ces créatures célestes dotés de pouvoirs surnaturels. Après quelques malheureuses tentatives de rébellion avortées, ils avaient fini par s'avouer vaincus et avaient rendu les armes. Beaucoup voyaient nos visiteurs à plumes comme de vrais anges descendus sur Terre pour accomplir la parole de Dieu.

N'importe quoi.

Ma présence dans le CDLC m'offrait au moins la possibilité d'en apprendre un peu plus sur l'impact des anges sur le reste de la planète.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Where stories live. Discover now