Chapitre 33 : Saphora

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Après que les tensions furent apaisés au sein de la maison Mei, les préparatifs continuèrent de plus belle jusqu'aux dernières lueurs du jour. Les faibles rayons du soleil glissaient doucement sur les toits du village de Pormorh, annonçant le début de la Fête de la Dernière Moisson.

Dans la quiétude de sa chambre, Saphora avait pris un bain bien mérité pour se débarrasser de la terre sous ses ongles et ses cheveux qu'un petit garçon, fasciné par leur texture, avait touché, non sans la faire rire. Il y avait quelque chose de réconfortant à être entourée d'enfants, une rareté à Vseya. En tant qu'immortels, les vampires engendraient peu, ce qui rendait ces instants précieux. Elle n'avait pas hésité à donner de sa personne pour jouer avec eux et les aider à confectionner les cerfs-volants colorés prévus pour ce jour de fête.

Affublée de son bonnet séchant, elle s'installa sur la coiffeuse en repensant à cet après-midi ponctué de rires, mais aussi de tension. Alors qu'elle achevait sa coiffure, Bao entra avec un paquet enveloppé dans des étoffes chatoyantes. Un mince sourire éclairait son visage sévère.

— Tiens, fit-elle. Pour me faire pardonner.

Elle ne donna pas plus d'explication sur la raison de sa colère passée, mais Saphora ne lui en tint pas rigueur. Elle accepta le paquet avec précaution et le posa délicatement sur ses genoux. Les mains de la vampire effleurèrent les tissus, anticipant la découverte qui se cachait sous ces étoffes.

— Ouvre-le. Accepte ceci comme mon humble gratitude. Pour Maxius.

— Merci, Bao, répondit la vampire.

Elle ne sut quoi ajouter d'autre, de crainte de contrarier la redoutable cheffe de clan.

— S'il a réagi aussi vivement, dit enfin grand-mère Mei, alors votre mariage n'est peut-être pas qu'un simple arrangement commercial. Je ne m'étais pas rendue compte du réel attachement que vous vous portez l'un à l'autre.

Que pouvait-elle bien réponde à cela ? Saphora se contenta de hocher humblement la tête, au cas où la grand-mère de Maxius change brusquement d'humeur. A l'intérieur du paquet, elle découvrit un magnifique vêtement traditionnel de Pormorh, un chef-d'œuvre de soie orné de broderies fines de couleur argentée. Un souffle d'émerveillement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle caressait le tissu, impressionnée par un tel savoir-faire que même les plus grands couturiers de Vseya ne pouvaient proposer. Un sentiment à la fois reconnaissant et gêné s'empara d'elle.

— Bao, je ne peux pas...

— Fais-moi plaisir et enfile ça pour ce soir, ordonna sèchement Bao avant de quitter la pièce.

La porte se referma, laissant Saphora seule avec le vêtement délicat. Elle s'empressa d'obéir à l'Aînée, trop enthousiaste de pouvoir porter une telle robe. Elle revêtit les boucles d'oreilles en cristal de son mariage, en écho à Kalagas pour ajouter une touche personnelle à cette magnifique tenue, puis contempla le résultat dans le miroir où elle put admirer chaque détail avec émerveillement.

Lorsque Maxius fit son entrée dans la suite, son souffle se figea un instant. Lui aussi portait un ensemble de fête dans des tons bleu foncé. Il avait noué ses cheveux dans un demi-chignon, mettant en valeur les traits vifs de son visage. Sans surprise, sa beauté était saisissante, même s'il n'en avait pas la moindre idée.

— Vous êtes superbe, commenta-t-elle.

Le vampire opina du chef.

Non, il n'avait vraiment aucune idée de l'effet qu'il lui faisait.

Il lui offrit son bras et ils se rendirent au centre de la ville fortifiée. Les rues pavées de Pormorh étaient transformées en un kaléidoscope vibrant de tissus chatoyants, de lanternes étincelantes et de sourires chaleureux. Le parfum des mets préparés pour le banquet flottait dans l'air et même si Saphora ne pouvait pas en apprécier le goût, cela lui mit tout de même l'eau à la bouche.

De nacre et d'acierWhere stories live. Discover now