Chapitre 14 : Maxius

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Saphora, ouvrez-moi, s'il vous plait.

Maxius évitait de se montrer insistant, mais il était là, à frapper pour la seconde fois à la porte de la chambre de Saphora. L'absence de la jeune vampire toute la nuit l'avait préoccupé. Sa grande sœur avait évoqué un simple coup de froid, insistant sur leur nature d'hybride et leur santé moins robuste que celle d'un Sang-Pur. Cela aurait pu être plausible, si elle n'avait pas eu l'air absent tout le reste de la soirée. Si Maxius avait eu un doute, ses craintes s'étaient confirmé et il avait finir par vouloir vérifier que tout allait bien. Derrière la porte, il entendait son rythme cardiaque pulser de plus en plus vite. L'avait-il effrayée ?

Je vous en prie, donnez-moi au moins une réponse et je vous laisserai tranquille.

— Bon, bon, entrez donc ! rouspéta-t-elle.

Il franchit le seuil de la pièce et scruta l'environnement qui l'entourait. Les appartements de dame Del Wyn étaient à son image, doux et colorés. Des œuvres d'art abstraites aux couleurs vives ornaient les murs crèmes, donnant un aspect plus modernes aux lieux. Le mobilier était moins ouvragé que les autres meubles du château et chaque surface était occupée par des vases colorés aux bouquets de fleurs éternelles, ainsi que de quelques bibelots impersonnels. Dans l'ensemble, la décoration ressemblait à la personnalité ambivalente de Saphora : certaines parties des appartements étaient rangées avec soin et d'autres, quelque peu en désordre.

Maxius avait remarqué que les domestiques n'étaient pas sollicités en dehors de l'entretien du château, des jardins et des repas. Les sœurs s'habillaient seules et se montraient plutôt autonomes pour des nobles de haut-rang. A Funera, la région mère des vampires, les servants, les gardes du corps et les goules au service du roi Drimir faisaient légion. La vie ici semblait plus modeste, contrastant avec le faste des bals et des banquets de la cour de nacre. Était-ce par manque de moyen ou par habitude ? Il l'ignorait. Peut-être était-ce les deux à la fois.

Maxius s'avança près du lit de la souffrante. Ses joues et ses lèvres habituellement plus colorées semblaient livides. Ses cheveux étaient engoncés dans un chignon haut mal exécuté et elle portait une longue tunique en coton épais de couleur anthracite, contrastant avec sa peau diaphane.

Je vous ai ramené cela, dit-il en lui tendant un quignon de pain.

Ses yeux grenat s'illuminèrent. Elle saisit son offrande et le remercia. Maxius se recula pour la laisser manger calmement.

Que se passe-t-il, Saphora ? finit-il par demander.

— Je... hésita-t-elle. Je ne me sens pas bien.

Pour une fois, elle resta n'ajouta rien, comme si elle soupesait le pour et le contre dans le cas où elle lui parlerait franchement. Maxius fit un pas vers elle. Son imperceptible mouvement nerveux en réponse à sa proximité répondit pour elle.

J'ignore ce qui a pu vous arriver, mais sachez que vous n'avez rien à craindre de moi.

— C'est étrange de penser... de dire cela, seigneur Volkov.

Est-ce votre inexpérience des hommes qui vous rend méfiante à notre sujet ? Ou l'un d'entre eux s'est mal comporté à votre égard ?

Maxius prêchait le faux pour savoir le vrai. Ses questions semblèrent la contrarier. Il réfléchit rapidement pour la reformuler, malheureusement, le mal semblait déjà être fait. Discuter avec Clematys ne nécessitait pas de manipuler ses mots avec prudence et Maxius en faisait les frais auprès de Saphora, qui fronçait maintenant les sourcils.

— Je ne souffre pas d'inexpérience des hommes. Vous avez beau être observateur, vous ne connaissez rien de moi.

Alors éclairez-moi. Si nous devons faire partie de la même famille, j'aimerais mieux vous connaître.

De nacre et d'acierOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz