Chapitre 31 : Saphora

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La vie à la maison Mei chez la grand-mère acariâtre de Maxius, s'avérait être pour le moins une expérience particulière pour Saphora.

Elle avait remarqué que Maxius et sa grand-mère semblaient communiquer par la pensée, bien qu'il n'en fût rien. C'était subtil, des regards furtifs, des micro-expressions, mais la jeune vampire, habituée aux subtilités de la cour, avait rapidement saisi la nature de leur communication silencieuse. Cela la fascinait autant que cela la frustrait d'en être exclue, mais elle prit sur elle, consciente que ce lien entre eux avait été tissé au fil du temps.

D'autant plus que d'un simple coup d'œil, grand-mère Mei, répondant au prénom de Bao, avait compris que le faux couple pouvait communiquer de la même façon. Apprendre que Maxius pouvait lui adresser directement ses pensées sembla exacerber le ressentiment l'Aînée vis-à-vis de Saphora. Dès les premières heures de leur séjour, il était évident qu'elle n'avait aucune intention de dissimuler son hostilité à son égard, lui rappelant dès que possible son union arrangée avec son petit-fils qu'elle désapprouvait. Par ses réflexions, Saphora put ainsi mieux discerner le contexte familial dans lequel Maxius évoluait. Grand-mère Mei ne portait pas dans son cœur Jeva Volkov, la considérant au même titre que la jeune vampire comme des femmes vénales et ambitieuses.

Pourtant, Saphora ne se laissa pas décourager et gardait un calme à toute épreuve.

Les journées de La grand-mère de Maxius, différaient d'un jour à un autre, sa fonction de cheffe de famille l'accaparait souvent. Dès qu'elle trouvait un moment de libre, ses activités tournaient autour de l'entretien de son immense jardin et du dressage de corbeaux. Saphora n'avait jamais vu de tels animaux. Maxius lui avait expliqué que le clan Mei les dressait pour se porter des messages, à condition qu'ils volent à basse altitude afin d'éviter de se faire dévorer par les venakdras vivant au-dessus de la brume magique du ciel d'Orpyr. En effet, les oiseaux étaient très rares dans ce monde hostile.

Tout semblait différent à Pormorh : l'environnement, les loisirs, les relations dénuées de hiérarchie. Saphora, habituée à la sophistication de la cour de nacre, était presque déconcertée par ce mode de vie bien loin de la sienne.

Bao avait un rituel qu'elle ne manquait jamais. Dès le coucher du soleil, elle s'entraînait dans la cour centrale de la maison dans une discipline fascinante nommée le « shenxin », consistant à harmoniser son énergie spirituelle et physique. Les gestes gracieux de Bao avaient quelque chose de presque irréels sous le clair de lune, plus vivace dans la région comparée au ciel opaque de Vseya.

Maxius se joignait souvent à elle et il n'était pas en reste non plus. Saphora les observaient avec fascination durant de longues heures, captivée par leur grâce. Depuis leur arrivée ici, il semblait plus accessible, plus détendu. Cela se voyait qu'il se sentait ici comme chez lui. La jeune vampire ne se lassait pas de l'observer, prétendant en tirer un enseignement. « Pour apprendre », disait-elle. Au quatrième jour, elle tenta une approche pour se joindre à eux, désireuse d'essayer de créer un quelconque lien.

Bao l'accueillit avec une grimace, comme si elle avait mordu dans un fruit avarié, mais l'invita tout de même à venir avec un geste sec de la main. La jeune vampire se plaça derrière elle et l'imita en rassemblant toute sa concentration.

Vous êtes gracieuse, commenta Maxius à ses côtés. Vous vous débrouillez plutôt bien.

— Merci, sourit Saphora. Remercions toutes ses années de ballet.

Vous faisiez de la danse classique ? s'étonna-t-il. Je pensais que vous aviez pris des cours de danse de salon.

— Et non, seigneur Volkov, le taquina-t-elle. Mais cela fait une éternité que je n'ai pas dansé seule.

De nacre et d'acierWhere stories live. Discover now