Chapitre 17 : Saphora

9 3 4
                                    


Il faut qu'on parle, Saphora.

A ces mots, les mains de la vampire s'emmêlèrent sur les touches du piano émit un son proche de l'agonie. Son pouls s'emballa et elle pivota légèrement vers Maxius. Depuis l'aurore boréale, Saphora se demandait si elle se faisait des idées à son sujet. Pourquoi maintenant ? Le mariage approchait à grand pas. Les Volkov ne tarderaient pas à quitter Vseya après les noces et Saphora resterait ici, plus seule que jamais. Sans aucune plaisante compagnie. Sans le sourire de Maxius. Avait-elle rêvé son regard sur elle dans la salle du bal ? Elle déglutit avec peine et lui répondit d'une façon qui se voulait détachée :

— A quel propos ?

Le seigneur Volkov se leva et se mit à faire les cent pas dans la pièce. Il semblait chercher ses mots. Par Phésas. Observer autre chose que le calme du vampire se révélait tout à fait inédit. Ses mouvements étaient tellement fluides qu'elle se sentait gauche à côté de lui.

Première chose : je pense que votre père va accepter d'unir Clematys à Impera.

— Oh ! C'est une bonne chose, non ?

— J'avais espoir que nos parents abandonnent ce projet. Mais si nos sœurs respectives l'acceptent, cette décision leur appartient, même si cette idée reste ridicule.

— Vous... désapprouvez ? s'étonna Saphora.

Il était vrai qu'il ne s'était jamais exprimé sur le sujet. Pour Saphora, les Volkov accomplissaient leur devoir envers leur clan. Saphora se sentit tellement soulagée de partager son opinion qu'elle ne put s'empêcher d'émettre un petit rire.

— Vous, le roi incontesté de la rigueur et de la non spontanéité n'êtes pas d'accord avec tout cela ?

— Ce n'est pas tout à fait cela...

Maxius soupira et vint s'accroupir près d'elle. Il sentait bon. Une fragrance subtile, un mélange de musc et d'encens la troubla un instant, mais elle reprit contenance en soutenant son regard cuivré.

— Pourquoi disparaissez-vous durant la journée ? Que cherchez-vous ?

Une légère pointe de déception piqua le cœur de la vampire. Elle pensait qu'il lui aurait demandé ce qu'il adviendrait d'elle après le mariage, livrée à elle-même. Que pouvait-elle bien lui dire à ce sujet ? Elle n'avait aucune garantie qu'il n'irait pas tout répéter à son père dès lors qu'il connaîtrait la réponse. Ils semblaient bien s'entendre, d'après ce qu'elle avait pu constater. Cela finissait souvent ainsi : on se rapprochait d'elle pour entrer dans les bonnes grâces du seigneur Del Wyn. Mais qu'avait-elle à perdre, de toute façon ? Autant, le comte de Basarab la terrifiant. En revanche... Il émanait une certaine aura rassurante autour du seigneur Volkov. Il n'avait peut-être pas de pouvoirs psychiques pour l'hypnotiser, mais il inspirait confiance alors qu'il n'était qu'un inconnu. Maxius poussa un autre soupir et lui dit par la pensée :

Si je vous confesse un secret dont j'ai honte, me direz-vous la vérité ?

— Dites toujours, et je verrai si je peux vous confier le mien, du moins en partie, répondit-elle après réflexion.

— Saphora, je ... Je ne sais pas lire.

La vampire fronça les sourcils. Maxius, illettré ? Cela paraissait trop invraisemblable. Un vampire de haut-rang tel que lui ne pouvait pas souffrir d'une telle lacune.

— Vous êtes analphabète ? Vous vous fichez de moi ?

Le seigneur Volkov baissa honteusement la tête. Pour une révélation, cela en était une. Saphora bafouilla avant de trouver ses mots :

De nacre et d'acierWhere stories live. Discover now