Chapitre 23 : Saphora

13 3 3
                                    

Le retentissement du clocher de la chapelle du culte vampirique faisait trembler les doigts de Saphora. F ace à son miroir, elle tenta laborieusement de boutonner sa robe d'un bleu pâle de très mauvais goût qu'elle avait consentit à passer car elle avait plu à sa sœur.

Une religieuse, suivie de près par la comtesse de Grizal, firent irruption dans ses appartements. La noble vampire, au regard affûté et au franc parler déroutant, avait été désignée pour organiser le mariage en un temps record. Saphora ne la connaissait pas bien, si ce n'était qu'elle connaissait toutes les rumeurs intéressantes de la cour de nacre. Il semblait qu'Impera et elle partageaient une complicité certaine.

— Dame Del Wyn, nous allons être en retard ! pialla-t-elle. Je prends votre sac et enfilez vos talons.

Dame Grizal claqua la porte derrière elle et abandonna la jeune vampire dans sa contemplation morne. Les deux femmes et deux gardes les accompagnèrent au temple situé sur le domaine des Del Wyn à l'est du domaine. Les pavés avaient été débarrassés de leur manteau de neige et l'édifice religieux arboraient les couleurs de Rörk : du rouge et du gris contrastant vivement avec le ciel d'un blanc nivéen.

Grotesque.

Saphora entra dans la chapelle où toute la cour de nacre et les dignitaires de la cour d'acier attendaient debout en discutant à voix basse. L'atmosphère à la fois solennelle et oppressante parmi tous ces vampires de haut-rang, pesait sur elle. La gorge nouée, elle avança, jusqu'à l'estrade où trônait l'autel et le religieux principal vêtu de sa plus élégante tenue liturgique. Elle se plaça en retrait, en attendant les futurs mariés. Son attention se focalisa sur les cierges allumés en leur honneur. Saphora voulait vomir. Vomir et fuir très loin d'ici.

Son père entra en compagnie du clan Volkov. Il lui jeta un bref coup d'œil en lui faisant comprendre d'aller presser la mariée. Elle s'éclipsa discrètement pour descendre dans la crypte où devait se trouver sa grande sœur. Hélas, elle tomba nez à nez avec Maxius. L'espace restreint du couloir ne lui permettait pas de l'esquiver, alors elle ne put que le contempler froidement. Du moins, elle essayait. Maxius avait revêtu un costume traditionnel de Pormorh dans lequel il était tout bonnement sublime.

Le pourpre lui allait bien, faisant ressortir ses yeux cuivrés et sa chevelure noir de jais dévalant élégamment sur l'une de ses épaules. Saphora se reprit aussitôt et fit une révérence tandis que Maxius s'inclina, si bas qu'elle percevait à nouveau son odeur entêtante.

Sa.. Dame Del Wyn, salua-t-il.

— Seigneur Volkov, répondit-elle d'une voix plate. Ou plutôt devrais-je dire seigneur Del Wyn. Quel nom avez-vous choisi ?

Cela n'a aucune importance.

Son ton monocorde ne fit qu'accentuer sa colère envers lui.

— Vraiment ? Est-ce tout ce que ce mariage signifie pour vous ? répliqua-t-elle, acerbe. Une union sans importance ?

Ce n'est pas ce que j'ai dit, répliqua Volkov. Je n'ai jamais voulu que cela se passe ainsi.

— Alors pourquoi l'avez-vous accepté ?

Pour... hésita Maxius.

— Eh bien ?

Il sembla réfléchir un moment à la réponse qu'il comptait donner. Lassée, Saphora fit un geste impatient de la main :

— Oh et puis, laissez tomber. Je perds mon temps avec vous.

Je l'ai fait pour vous, Saphora.

Le culot de cet homme n'avait-il donc aucune limite ? Ç'en était trop pour Saphora, qui explosa :

De nacre et d'acierWo Geschichten leben. Entdecke jetzt