Chapitre 13 : Saphora

12 3 6
                                    

Saphora se tortillait nerveusement en faisant grincer la banquette rembourrée de l'espace privé de l'atelier. L'assistante du propriétaire des lieux lui apporta un thé à la framboise dont les effluves se mélangeaient à l'odeur de tissu propre et du bois de la table de couture près de la cabine d'essayage.

Le seigneur Volkov, lui, se tenait si droit devant l'immense miroir qu'il ressemblait à une statue de cire qu'on aurait pu placer à côté des mannequins de la vitrine de l'atelier. Le couturier, n'ayant pas remarqué le malaise qui s'installait dans la pièce, attendit avec un sourire poli que Maxius se débarrasse de sa chemise.

Saphora scruta ses longs doigts s'exécuter avec une lenteur exaspérante.

Un bouton, deux boutons, trois boutons.

Devait-elle détourner les yeux ? Ce n'était pas très convenable de le fixer ainsi. Une légère chaleur lui monta aux joues.

On racontait que Maxius avait un corps difforme à cause d'un accident qu'il aurait eu durant sa jeunesse. Cela devait être lié à son handicap, mais qu'avait-il bien lui arriver ? La beauté comptait tellement chez les vampires que cela virait à l'obsession chez certains d'entre eux.

Saphora parvint à restaurer son calme et s'en voulut d'avoir cette curiosité presque malsaine à son égard. Cependant, elle était presque sûre que les dames de la cour de nacre répandaient encore de fausses rumeurs pour se trouver un sujet de conversation autre que leur petite personne.

Lorsque Maxius écarta les pans de sa chemise, elle eut la confirmation que tous les ragots à son sujet étaient très loin de ce qu'elle avait sous les yeux.

Tout d'abord, Maxius était bien plus musclé que ce qu'elle avait imaginé sous ses chemises sombres et droites. Sa taille marquée et ses abdominaux feraient craquer n'importe quelle femme dotée de bon sens, ou d'un homme ayant un minimum de goût. Il était imberbe, sa peau semblait douce. La ligne de ses pectoraux était dessinée, ni trop, ni pas assez. Non, Maxius n'était ni laid, ni difforme. Il n'avait aucun défaut. Pas même l'immense cicatrice qui lui barrait le sternum, jusqu'à sa gorge.

Saphora comprit que les cols droits de ses vestes lui servaient à camoufler l'extrémité de sa balafre, plus fine au niveau de sa pomme d'Adam. Elle resta ébahie face à cette découverte. Maxius était probablement le plus bel homme qui lui ait été donné de voir, même si ce dernier ne devait pas partager son opinion lorsqu'il détourna son regard du miroir.

Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure : s'il se cachait ainsi, c'est qu'il ne voulait ni inspirer de la pitié ou du dégoût dans les yeux des personnes qui le regardaient. Curieusement, Saphora le trouva plus « humain » en observant les réactions qu'il ne parvenait pas à dissimuler.

Pour désamorcer la situation, elle émit un sifflement admiratif, tandis que le couturier effectuait son travail.

— Hé bien, seigneur Volkov ! Quel est le secret pour avoir une telle ligne ?

Elle vit ses épaules se détendre un peu.

Voilà qui est mieux.

Une activité régulière, rien de plus, répondit-il par la pensée après quelques secondes d'hésitation.

— Même venant de vous, c'est décevant comme réponse.

— Pardon, dame Del Wyn ? s'enquit le couturier.

— Chut, pardi, je n'entends rien ! Répétez ce que vous disiez, dit-elle à Maxius.

— Je suis un vampire de Sang-Pur. Il n'y a pas beaucoup d'efforts à faire pour obtenir de tels résultats.

De nacre et d'acierUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum