Chapitre 32 : Maxius

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Le grondement persistant de la pluie contre les fenêtres conférait à la maison Mei une ambiance encore plus intime. Maxius, assis confortablement sur un fauteuil, observait les gouttes dévaler le verre, perdu dans ses pensées. Avec une tempête pareille, aucun coursier ne viendrait déposer une missive. Il hésita à se rendre lui-même au bureau des correspondances pour être certain de ne pas manquer un message de Clematys. Les vampires avaient beau disposer d'un temps infini, celui-ci lui parut tout de même long, même s'il devait bien admettre qu'il n'était pas pressé de quitter Pormorh.

En effet, ce n'était pas là sa seule préoccupation. Les relations entre Bao et Saphora semblaient évoluer favorablement. Un sourire discret s'esquissait sur le visage de Maxius à mesure qu'il observait les deux femmes. Les regards hostiles de la grand-mère semblaient s'atténuer, remplacés par une acceptation graduelle, contenue. Les micro-expressions, jadis empreintes de méfiance, s'étaient transformées en imperceptibles hochement de tête. C'était une lueur d'harmonie qui, bien que fragile, égayait le quotidien de la maison Mei.

L'heure du dîner approchait, et Bao, occupée à ses affaires, avait laissé la maison sous la bonne garde de son petit-fils. Maxius descendit dans la salle à manger où Li avait allumé un feu. Le gardien l'accueillit et lui versa une coupe de sang frais pendant qu'il griffonnait un mot à son intention.

— Vous souhaitez des galettes de riz, monseigneur ? Je vous rapporte ça tout de suite ! s'enthousiasma le vieil homme.

Maxius lui adressa un faible sourire et retourna à la contemplation du feu dans l'âtre. Saphora fit son entrée dans la pièce, brisant le silence. Un doux parfum flottait autour d'elle, mêlant la pluie fraîche à une fragrance subtile. Elle avait dû s'assoupir dans les bains, au vu de son air parfaitement reposé et frais. Son sourire éclaira la pièce, dissipant l'ombre qui avait temporairement enveloppé l'esprit de Maxius.

Le repas se déroula dans une atmosphère détendue avec le bruit apaisant de l'averse au dehors. Ils discutèrent de banalités, évoquant le quotidien paisible qui s'écoulait à l'abri des murs de la demeure. Puis, le sujet du retour vers les Terres Sauvages émergea naturellement, comme une évidence inévitable.

Nous devrons être discrets pour retourner vers Vseya, déclara Maxius, ses yeux fixés sur le chatoiement des flammes dans l'âtre. Il nous faudra voyager à pied et de façon clandestine.

— Je suis prête, affirma Saphora. Je m'en remets à vous.

Maxius ignora l'étrange sensation s'épanouissant au creux de son ventre.

— Vivement que cette situation s'achève, continua Saphora. Je n'en peux plus de tous ces faux-semblants et de ces prédateurs qui rôdent autour de nous.

Vous faites allusion au compte Basarab ?

Saphora hocha la tête avec un air pensif. Un silence s'étira entre eux.

— Quand il m'a touchée... commença-t-elle à mi-voix. J'étais tellement abasourdie que je suis restée sidérée. Mon corps semblait lesté de plomb, je n'arrivais pas à esquisser le moindre geste. Pourtant, je tue des Transformés toutes les semaines. Je sais me défendre. Mais je n'ai pas réussi à...

Elle déglutit avec une peine évidente. Maxius l'observa se triturer les mains. Une rage sourde se déploya dans tout son être. Pas une colère dirigée contre elle, non. Il était furieux car elle arborait cette mine désolée alors que toute la faute revenait au comte Barabas.

Vous étiez en état de choc, répondit Maxius. Vous n'êtes pas responsable de cette situation. C'est ce monstre qui devrait être puni pour son crime.

De nacre et d'acierWhere stories live. Discover now