Chapitre 16 : Maxius

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— Je ne m'en lasse jamais, s'extasia Saphora. C'est magnifique.

Et elle avait tout à fait raison. Maxius contempla ce ballet céleste pendant un instant, avant de reporter son attention sur Saphora. Les couleurs pastelles éclairaient son visage pâle et ses cheveux blancs qu'elle avait arrangé en un chignon haut. Il n'avait jamais pris la peine d'observer d'aussi près sa beauté à la fois glaciale et chaleureuse. Ses traits étaient un mélange harmonieux entre l'albinisme de son père, mais aussi ceux de sa mère : un nez court et un peu plat et une bouche pleine ressemblant à un bouton de rose. Ses yeux grenat continuaient de briller d'émerveillement quand elle ajouta :

— Vous devez me trouvez puérile de m'enthousiasmer pour si peu, seigneur Volkov, mais il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas être au moins étonné par ce ballet hypnotisant. Tout est si terne et morne sur Orpyr et ici, nous avons l'immense privilège d'avoir ce spectacle unique et coloré une fois par an. N'est-ce pas merveilleux ?

Si, ça l'est, finit par répondre Maxius. Je n'ai jamais vu une telle merveille.

— Vous ne regardez même plus, maugréa Saphora en fronçant les sourcils.

Maxius ne répondit pas et quitta la Grande Salle avec léger sourire. Son allégresse fut de courte durée lorsqu'il tomba nez à nez avec le comte Basarab. Par chance, Clematys se trouvant aussi à proximité le rejoignit.

— Bonjour, chers enfants, salua-t-il avec son sourire mesquin.

Maxius s'inclina brièvement en gardant son masque d'impassibilité. Sa sœur, quant à elle contenait à peine son ressentiment envers lui. Il fallait dire qu'en dehors du fait qu'elle ait remarqué la crainte des sœurs Del Wyn envers cet odieux personnage, ses remarques piquantes envers les femmes lui avaient dressé rapidement un portrait peu flatteur de sa personne. Jusque dans ses bottes, Maxius ressentait une hostilité envers lui.

— Bonjour, comte, répondit Clematys du bout des lèvres. Que nous vaut cet honneur ?

— J'ai terminé un peu plus tôt mes obligations de la journée, je venais donc m'assurer que les filles se débrouillaient bien en l'absence d'August.

— Pourquoi, vous en doutez ? rétorqua Clematys.

Quel faux-cul, pensa Maxius à l'attention de sa sœur. Il fit un pas en avant qui fit reculer instinctivement Basarab. Ce dernier se reprit aussitôt :

— Bien sûr que non. Vous savez, nous sommes presque de la même famille, elles et moi. Je les ai vues grandir et devenir de belles et talentueuses jeunes femmes. Je vais d'ailleurs rencontrer Saphora de ce pas, voyez-vous.

Cet homme était tout bonnement répugnant. Dis-lui qu'il en est hors de question, fit Maxius en le fixant intensément afin de le rendre mal à l'aise.

— Je crains que cela ne soit pas possible, comte. A moins que vous souhaitiez contrarier les désirs de mon frère.

— Vous refusez que je m'entretienne avec elle ? s'étonna-t-il en regardant Maxius.

— Elle n'est pas là, mentit Clematys.

— C'est curieux, je pensais pourtant avoir flairé son doux parfum de lavande.

Maxius comprit qu'il la traquait comme un prédateur. Que lui vouait-il ? Il ne la percevait non pas comme un être vivant mais comme une proie, un animal à chasser pour en faire son trophée. Maxius perdit patience et s'avança si près du comte que le pouls de l'homme s'emballa. Il se pencha vers lui qui devait faire deux bonnes têtes de moins que lui. Si Maxius ne pouvait pas parler, il pouvait toujours terroriser ceux qui osaient manquer de respect à lui et son entourage. Il déploya cette aura de terreur intangible et elle cloua le compte sur place, s'enroulant autour de lui comme des rubans invisibles. Sentant le pouvoir de son frère, Clematys réagit aussitôt :

De nacre et d'acierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant