Chapitre 77

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PDV du Sultan Abdelkader El Khaldi

Le soleil se levait doucement sur le cimetière d'Oran, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes. C'était un matin paisible, mais pour moi, ce n'était pas n'importe quel jour. C'était le jour où je rendais visite à ma mère, enterrée ici depuis bien trop longtemps, bien avant le début de mon règne.

Vêtu sobrement de mon abaya blanche, je marchais lentement entre les tombes. Mon cœur était lourd de chagrin, mais aussi rempli de souvenirs heureux de ma mère bien-aimée. Je me dirigeais vers sa modeste tombe, entourée de pierre blanche, ornée du plus beau marbre de Wahran.

En m'agenouillant devant la sépulture, je ressentis une vague de tristesse me submerger. Je caressais délicatement la pierre tombale, lisant le nom de sa mère gravé dessus.

---- Yesmine, murmurais-je d'une voix empreinte d'émotion.

Les souvenirs défilaient dans ma mémoire. Je me souvenais de ma mère, d'une femme aimante et dévouée, toujours présente pour moi. Elle m'avait enseigné la valeur de l'amour, du respect et de la compassion envers autrui. Elle était mon rocher, ma confidente, et ma meilleure amie dans ma jeunesse.

Je me remémorais de nos moments heureux que j'avais partagé avec elle : les repas en famille, les soirées à écouter des contes, la poésie et les promenades main dans la main dans les rues d'Oran. Je me souvenais de son sourire chaleureux et de ses yeux pétillants de bonheur.

---- Ma chère mère, soufflais-je doucement. Tu me manques tellement. Je donnerais n'importe quoi pour entendre à nouveau ta voix, pour sentir ta présence près de moi.

Les larmes coulaient sur mes joues comme un torrent, mais je cherchais pas à les retenir. Je laissais smn cœur parler, laissant aller toute la peine et la douleur. Malgré tout, je sentait la présence de ma maman autour de moi, dans le doux parfum des fleurs et le chant des oiseaux.

---- Ana bghit nedi goullek kamel imchiti fik, kamel tssaltini f kull nhar. Kount nebni wla bina, laezz wla sahra, sabab omri. Nekhsar maak aala koulchi li dayrtili, aala l'gharam bala sharti li aatiti.

(Je voudrais te dire combien je t'aime, combien tu me manques chaque jour. Tu étais mon pilier, ma force, ma raison de vivre. Je suis si reconnaissant pour tout ce que tu m'as donné, pour l'amour inconditionnel que tu m'as offert.)

Je restais là, en silence, pendant de longs moments. Je ressentais un apaisement, comme si ma mère me parlait à travers le vent et la nature. Je savais qu'elle serait toujours présente dans mon cœur, même si elle n'était plus là physiquement.

Twahachtek mouima. Sobri mafat sobri.

(Tu me manques maman. Ma patience dépasse toutes les patiences.)

Au cimetière d'Aïn El Beïda, je priais pour ta perte. Je le souviens dans mon esprit de ta belle photo. Je pleure et j'ai le cœur serré. Je ne t'oublierai jamais, ô Yesmine. Je brûle et c'est mon destin

Ton départ est douloureux. Même les pigeons, je ne les vois plus. Je ne t'oublierai jamais. Si seulement tu étais là, tu seras fière de moi. Ton départ est douloureux, ô Yesmine, ma petite maman.

À peine hier, je me souvenais du moment où tu as éteint sous mes yeux, avec papa, sous ton lit de mort. J'en ai pleuré de vos pertes, chers parents. J'espère que mon père va bien. Il faudra que j'y pense à revenir sur sa tombe dans ce cimetière mais ce sera pour une autre période.

Un garde vient m'apporter la lettre que j'avais laissé dans ma chambre. J'ai couché sur le papier mes plus belles phrases pour toi. Je posais sur ta tombe quelques géraniums. Je priais. Je fis quelques du'uas (invocations).

Finalement, je me relevais et essuyait doucement mes larmes.

---- Merci, ma chère mère, pour tout ce que tu as été pour moi. Je vais continuer à honorer ta mémoire, à vivre selon les valeurs que tu m'as enseignées étant petit. Je t'aime plus que tout au monde.

Je quittais sa tombe chérissant ce moment unique qui restera gravé à jamais dans ma mémoire.

Sur le chemin du retour, je me sentais plus léger, comme si un poids avait été soulevé de mes épaules. C'est une bonne chose de revenir encore et encore sur cette tombe, pour se recueillir, pour se rappeler et pour se ressourcer auprès de ma mère bien-aimée.

Ma vie en tant que cheikh continue, avec la présence bienveillante de ma mère dans mon cœur, guidant chacun mes pas dans ma ville d'Oran, où les souvenirs et les liens familiaux étaient toujours vivants. Je souhaiterais, plus que tout au monde, transmettre les valeurs de ma mère à ma fleur de Tiaret, ainsi qu'à mes futurs enfants. Une éducation à l'ancienne, voilà ce qui faut pour élever ma future relève.

D'ailleurs où est ma reine ? Je m'impatiente pour être avec toi, ma Bakhta. Tu me manques. Je n'en peux plus de mes obligations royaux. Je me demande ce tu faits en ce moment ? À mon avis, ma cheikha doit organiser avec ses cousines les préparations de l'évènement de cette saison.

En rentrant dans le château, ce fut le drame !!! Je ne m'attendais pas au pire. Loubna me prévenait, avec inquiétude, que Bakhta fut jalouse de la lettre de deuil que j'avais écrite à ma mère pour cette journée de visite. Mais comment s'est possible ? Elle ne peut pas imaginer ce scénario ? Loubna me racontait ce problème :

---- Elle croit que vous êtes épris d'une autre, ya sidi. Ce fut son impression dans cet écrit là.

---- Aïe, j'ai complètement oublié de lui parler de ma journée de visite en ce qui concerne ma mère.

Je sens que ça va être une lourde épreuve pour moi de me confronter à ma femme. Même quand elle est en colère, elle reste toujours aussi belle.

---- Ce n'est pas votre faute, majesté. Vous étiez tellement occupé par votre rôle.

---- S'est-t-elle mis dans une colère noire ?

---- Oh oui, votre altesse, notre reine est très irritée à votre égard. Elle est allée prendre l'air au royaume. Elle avait besoin d'être seule.

---- Où est-t-elle allée ?

---- Je ne sais pas.

Je sortais précitemment du palais pour mener mes recherches. Je passais au peigne fin le royaume de fond en comble jusqu'à obtenir des indices de mes sujets. Des jeunes m'ont confirmé que ma fleur de Tiaret s'est réfugiée dans les grottes moudjahidines, au Mont Murdjajo, près du fort Santa Cruz.

Arrivé devant l'entrée, j'avais une immense peur de penser que Bakhta me quitterait définitivement ainsi qu'Oran, pour toujours. Ah Abdelkader, ne pense pas à ça !!! Dis toi qu'il y a un espoir de reconquérir à nouveau son cœur.

Musique du Chapitre 77 : Cheb Azzeddine - Twahachtek loumima

Bakhta ou la muse de Wahran Där berättelser lever. Upptäck nu