Chapitre 34

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PDV de Bakhta Fellah

Je me retrouvai seule dans ma nouvelle chambre. Ça changeait de ma pièce dans la maison familiale de Es Senia. Tout est devenu plus grand qu'avant. Soudain, quelqu'un frappait à la porte. Je me tenais à carreau. Je demandais à la personne d'entrer dans la pièce. La gouvernante se trouva dans ma chambre. Il s'agit d'une vieille dame, coiffée à la garçonne comme ma grand-mère. Elle portait une robe à fleurs, avec un tablier, une paire de claquettes à ses pieds. Ses cheveux était de couleur beurre roux jusqu’à l’ébène. Elle s'inclina face à moi :

---- C'est un honneur de connaître la future reine de Wahran.

---- Qui êtes-vous ?

---- Loubna Boulenza, pour vous servir. Je suis la gouvernante du Palais El Bey.

---- Ravie de vous rencontrer, Loubna.

---- Votre altesse vous a laissé un cadeau dans votre chambre, sur votre pupitre.

---- C'est vrai.

En effet, sur le pupitre, il y avait un autre poème d'amour, avec une rose couleur saumon. Ah Abdelkader !!! tu es, toujours, aussi romantique avec moi. Je la lisais :

À la future reine de Wahran

Symbole tangible, tu es plus que la muse de mon écriture
Tu es plus belle qu'un chef-d'oeuvre sur peinture
La quête de ma Bakhta se mêlait à une sensation de ma perte définitive
Hier, mon visage dans tes cheveux, je sentais un parfum d'huile d'olive
Il y a quelques jours, j'ai fait un beau rêve
J'ai vu ta destinée qui s'élève
Je ne me suis pas trompé
Mon but c'est de t'aimer
Ma belle algérienne
Tu seras une grande reine
Marhababikoum fi dar

Abdelkader El Khaldi

Je rougissais. Mais comment a-t-il su que j'avais mis de l'huile d'olive dans mes cheveux, hier ? Il a l'odorat fine. Même pendant notre premier baiser, il reste aux aguets de mes mouvements. Quel grand fou !!! Non, impossible !!! Je ne peux pas être sa muse, encore moins sa cheikha. Je perdais en moi toute ma confiance.

---- Abdelkader doit me confondre avec une autre Bakhta.

Ma gouvernante me rassure :

---- Je peux vous confirmer que c'est bien de vous, Mademoiselle Fellah. Vous êtes la personne idéale pour notre sultan. Quand il l'aime une djezzaria (algérienne), c'est pour toute la vie. Ces poèmes s'adressent à vous, en témoignage de son amour. Plus que sa muse, vous êtes importante pour lui.

---- À ce point là, je suis essentielle pour lui ? Me demandais-je en sentant la rose.

Quelle senteur délicate !!!! J'aime les fleurs. La gouvernante acquiesça :

---- Oui, ça se voit !!!! Il m'a beaucoup parlé de vous.

---- Qu'est-ce qu'il vous a dit sur moi ?

---- Il m'a conté votre belle histoire. Pour lui, vous êtes une femme exceptionnelle. Le roi vous aime de tous ses tripes !!! Il n'imagine pas finir son règne, sans vous.

---- Moi aussi, je n'imagine pas de voir un monde sans lui.

---- Ayez confiance en vous, Mademoiselle Fellah. Acceptez cette belle nouveauté comme un cadeau du Ciel. In'challah, tout se passera bien.

---- Merci. Qu'est-ce que sa majesté royal prévoit de faire ?

---- Le cheikh est allé annoncer cette grande nouvelle au Conseil des Anciens. Puis, ça va être l'heure de déjeuner. On est Vendredi, aujourd'hui.

Bakhta ou la muse de Wahran Where stories live. Discover now