Chapitre 13

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PDV du Sultan Abdelkader El Khaldi

Wahran, wahran. Je me souviens de toi. Wahran, wahran, omri, ma mensek (Ma vie, je ne t'oublierai pas). Dans quelques années, je ne serai plus seul à gouverner ce pays. Oran aura, enfin, une reine. Mais pour conquérir le cœur de Bakhta, je dois mettre tous mes tripes.

Je regardais la mer, ce magnifique coucher de soleil. Je soupirais. Ce n'est pas facile de conquérir le coeur d'une femme algérienne, encore moins ceux de sa famille. Des fois, j'aurai aimé que mon père soit là pour me guider, mais il nous a quitté trop tôt, à moi et à ma mère. Il est mort d'une maladie cardio-vasculaire à 80 ans. Allah Ya Rahmo !!! Qu'il soit protégé et heureux, là-haut.

Je marchais, le long de la rue de Front de Mer, en pensant à ma fleur de Tiaret. Ô Bakhta, encore, je te veux tout près de moi. Tu es mon Paradis. J'imagine ma main caresser tes cheveux. Ana rani n'khamam fik koul youm (Je pense à toi, tous les jours). Manaqdarch nasbar bla bik (Je ne peux pas survivre sans toi).

Soudain, je passais devant ce petit café qui m'est, vaguement, familié.

Je suis très attachée à ce café La Coupole

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Je suis très attachée à ce café La Coupole. C'est dans ce lieu que mes parents se sont rencontrés pour la première fois de leur vie. Mon père travaillait, en tant que colonel, dans l'armée royale et nationale du royaume. Ma mère n'était qu'une simple commerçante, ayant un grand sens des affaires.

Ils étaient voisins de cet immeuble haussmanien, au dessus du café. Et quand ils avaient du temps sur leur planning, ils se donnaient rendez-vous à La Coupole pour parler de tout et de rien. Plus ils se voyaient, plus ils établissaient une véritable connexion. Ils deviennent complices. Leur amitié traversait les frontières. Ils ont vécu une belle passion amoureuse. Et je tenais à ce que ce soit la même chose de mon côté. Quand je vous racontais cette petite anecdote si merveilleuse, le café vient de couler dans la tasse d'un algérien. Et peut être que je ne vous ai pas tout dit. Le sultan a ses petits secrets.

Je garde, encore en mémoire, les sages paroles de mon ange-gardienne, ma mère :

---- Mon fils, n'oublie pas de donner tant d'amour à la personne que tu aimeras. Ne fuis pas cette étape essentielle de la vie.

J'hochai la tête. Je sais que tu m'as porté jusqu'au cieux. Tu m'as tout appris de la culture et des traditions de Wahrane. Tu m'as enseigné ta belle religion. Tes mots sonnent en moi, comme des promesses. Mimti, choukrane gâa (Maman, merci pour tout).

J'écrivais sur un bout de papier, quelques mots d'amour à ma Bakhta. Ô beauté divine, dans ce regard hypnotisant, je veux voir ta personnalité. Rani mhayar (Je suis complètement déboussolée). Je suis désarmé de mes fonctions, rien qu'en me noyant dans la vague de tes yeux d'égyptienne. Cherchi, cherchi, el sultan Abdelkader (Cherche, cherche, sultan Abdelkader). C'est en cherchant la paix qu'on la trouve. Et toi, ma chère Bakhta, je suis dans les nuages, rien que de te voir heureuse.

Je me perdais dans les rues de mon royaume. Soudain, je croisais le sourire d'un vieil homme. Ses yeux d'acier brillaient, dès ma présence :

---- Majesté.

---- Salam Aleykoum, hadj.

---- Franchement, merci pour tout ce que vous faites pour nous.

---- Afuan (Je vous en prie).

Me voici rassuré. Je continuais ma promenade. Partout où j'allais, je me suis, déjà, senti, comme chez moi. Adi hiya el denia fi bledna (C'est comme ça la vie en Algérie). N'importe quel étranger serait bien dans mon pays, comme à la maisons.

Je croisais une bande de jeunes algériens qui venait de séduire des demoiselles. Leur méthode est assez atypique. Je donnais mon avis :

---- C'est quoi ses manières grossières, messieurs ?

---- Ho, majesté...

Ils me firent tous la révérence. Soudain, un jeune garçon venait sur les lieux, avec un énorme sac de baguettes à sa main.

---- Ho ! Selem, votre altesse.

Il est temps de remettre quelques pendules à l'heure :

---- Selem. Je comprends le caractère hautain de quelques algériennes, à chaque fois qu'elles vous croisent. Allez travailler, yallah. Les femmes aiment les z'hommes qui bossent. Soyez plus galants avec elles, dis-je, d'un ton autoritaire.

---- Oui, votre majesté.

Je longeais mon chemin. Tout à coup, je vis deux petites filles maliennes voilées. L'Algérie possède une riche culture, avec une grande immigation. Des communautés viennent de tout horizon. La relation de l'Algérie, avec les pays subsahariennes, est très intense. Notre coopération se concentre sur l'économie, les rapports énergétiques, le désert du Sahara.... Dix pourcent des maliens immigrent en Algérie, notamment dans mon royaume, à Wahran.

Je regarde, à nouveau, ces petits bouts de femmes. Qu'elles sont adorables !!! Elles me regardaient avec tristesse. Elles avaient l'air affamées. Je leur demandais de m'accompagner. Elles finissent par accepter. Nous passions devant un street food qui vendait des sandwichs à la kefta (viande) et des légumes. J'achetais les deux sandwichs et je les donnais aux petites. Elles m'ont remercié, avec un adorable sourire. Ça me procurait une telle satisfaction. Ça m'a réchauffé mon cœur, rien que de faire ce geste si noble. Dans la vie, il faut toujours aidé son prochain. Allah juge tous nos actions, bons comme mauvais.

Soudain, je vis Akli Domrane, le chef de ma garde royale, me vit :

---- Ya sidi. Que puis-je faire pour vous servir ?

---- Mon ami, est ce que tu peux prendre en charge ces adorables petits anges ? Amène les dans le nouveau refuge, à Sidi El Houari, qui a été construit récemment.

---- À vos ordres, votre altesse.

Akli conduit ces enfants. Ils allèrent vers la station de tramway pour se rendre à Sidi El Houari. Je regardais, une dernière fois, le soleil se coucher dans mon royaume. Puis, je prenais un carosse-taxi. Le chauffeur m'accueillait, à bras ouverts. Il mettait tous les grands classiques de la musique de Rachid Taha, le Johnny Hallyday de l'Algérie. C'est un des grands stars mondials du rock. Le trajet terminé, je payais comme tous les jours. La traversée, jusqu'à mon palais, coûtait 400 dinars. Ce qui équivaut à 2,80 €.

Après cette douce escapade, je rentrais, le cœur léger, au palais, avec l'espoir de revoir à nouveau ma muse de Wahran.

Musique du chapitre 13 : Rachid Taha - Rani m'hayar

Musique du chapitre 13 : Rachid Taha - Rani m'hayar

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Bakhta ou la muse de Wahran Où les histoires vivent. Découvrez maintenant