Chapitre 42

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Catherine ?

Arlequin attendit qu'elle entre dans son bureau. Il avait éteint tous ses appareils et s'apprêtait à s'en aller. La soirée était déjà bien entamée et il était en retard.

Oui monsieur ?

Cravate, nœud papillon ou rien ?

Elle le détailla de bas en haut avant d'exprimer sa pensée.

Rien. Enlevez la veste, retroussez les manches de votre chemise et déboutonnez les deux premiers boutons.

Arlequin la fixa, amusé. Devant le regard pétillant de son supérieur, la secrétaire ne put que se justifier en riant.

Vous êtes jeune, séduisant et riche. Je ne me doute pas que vous savez utiliser vos charmes à bon escient.

Il ne lui répondit que par un sourire énigmatique avant de s'exécuter. Elle ajouta que son chauffeur l'attendait déjà en bas puis elle lui souhaita une bonne soirée. Maurice lui ouvrit la porte de la voiture avant de le conduire au Commedia Palazzo. Son casino était l'entreprise auquelle il tenait le plus. Pas qu'elle fusse la plus florissante mais elle était indéniablement la plus complexe.

Après tout, c'était le quartier général des paris de son organisation.

Sortant sans se hâter, il plaqua un masque de professionnel sur son visage en inspectant les extérieurs du bâtiment. La façade était illuminée de mille feux aux teintes rouges et brillantes. L'œil humain était attiré par cette couleur et, inconsciemment, il avait du mal à s'en détacher.

Tout était fait pour attirer les clients.

Arlequin pinça des lèvres en constatant que certaines lumières avaient un éclat des plus ternes. Il allait devoir le signaler et cela ne lui plut pas. Il n'avait pas à remarquer ce genre de choses, tout devait être parfait. Les deux portiers le reconnurent aussitôt et lui ouvrirent précipitamment la porte. Il fut assailli par la chaleur et l'atmosphère bruyante des machines à sous et autres roulettes. En bon maître des lieux, il avança d'un pas assuré. Arlequin était heureux de constater que le casino était bondé. Les affaires fonctionnaient bien.

Très bien même.

Il prit le grand escalier central pour atteindre l'étage. Son chef de la sécurité l'attendait en haut des marches.

Rivera.

Monsieur Mancini.

Arlequin détailla l'homme dont il avait hérité en même temps que son titre de Grand Maître. Pedro Rivera assurait les arrières de tous les grands maîtres depuis maintenant près de vingt ans. Arlequin devait lever la tête pour le regarder dans les yeux. C'était un homme solide d'un mètre quatre-vingt dix, au teint clair et aux épais cheveux poivre et sel. En tant que métis, il avait hérité des traits fins propres au peuple thaïlandais et la carrure imposante des travailleurs mexicains. Il lui serra la main avec des précautions d'un homme conscient de sa stature et de sa force. Arlequin savait qu'il cachait un holster sous sa veste noire et il était plus que conscient qu'il avait d'autres armes dissimulées sur lui.

Arlequin lui fit signe de le suivre. Il lui demanda de lui faire un rapport oral sur les incidents survenus durant son absence. Pedro s'exécuta de manière vive et concise. Ils traversèrent ainsi l'étage consacré aux VIP et Arlequin put observer la faune présente ce jour-là.

Une femme en vison, dans un fauteuil capitonné, sirotait cocktails sur cocktails. Ses yeux vitreux laissaient penser qu'elle ne réussirait pas à rentrer dans sa chambre d'hôtel toute seule. Pedro, qui l'avait également remarquée prit son téléphone pour signaler la femme à son équipe. Il y avait un homme grand, aux cheveux trop noirs, résultat de teintures à outrance, sa veste de smoking soigneusement pliée à côté de lui en train de perdre avec élégance plusieurs centaines d'euros. Plus loin, une ravissante idiote se pavanait en gloussant devant un type ventripotent qui aurait pu être son grand-père. Ce dernier avait, de toute évidence, plus d'argent que de jugeote. Arlequin soupira, s'attirant le regard de son chef de la sécurité.

Arlequin et Colombineحيث تعيش القصص. اكتشف الآن