Chapitre 31

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Nous nous étions séparés autour du camp des poules. Sylvain et Roland faisaient équipe au niveau des structures métalliques tandis qu'Anna et moi étions placées de l'autre côté du camp. Anna se pencha vers moi pour me mettre en garde.

Faut qu'on ait des yeux dans le dos. Les renards pourraient venir par derrière et révéler notre position aux poules.

Nous fixions la prison où Diane, Lucille et Benoît tournaient en rond. Elle n'était gardée que par deux filles, la pleurnicheuse et l'accusatrice. Je ricanai doucement. Quel binôme ! D'un seul homme, elles tournèrent leur attention vers les structures métalliques. Les trois prisonniers en firent de même. Il y avait du mouvement par là-bas. Anna quitta sa cachette pour s'approcher un peu plus et j'attendis qu'elle me fasse signe pour que je bouge également. Nous avançâmes comme cela pendant quelques minutes. Les gardiennes furent bientôt rejointes par un homme en bleu. Homme qui se mit à couvrir l'arrière de la prison, zone par laquelle nous arrivions. L'agitation reprit de plus belle, les distrayant à nouveau. Sylvain apparut, maintenu par le bras par un autre homme. Où était Roland ?

D'un commun accord, Anna et moi profitâmes de l'excitation qui montait chez les poules pour nous lancer. Anna me dépassa assez rapidement et profita de sa pointe de vitesse pour s'approcher au plus prêt de la prison. Benoît fut le premier à nous voir arriver. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il avait averti les deux autres filles qui se mirent immédiatement à former une chaîne en se tenant par la main. Il suffisait d'en toucher un pour libérer tous les autres. Les poules se mirent à guetter notre arrivée mais c'était trop tard. Anna topa dans la main de Benoît qui se mit à courir. Diane parvint elle aussi à s'en aller en vitesse mais Lucille eut à peine le temps de mettre le pied en dehors de la prison, qu'une poule la toucha à nouveau. Benoît, Anna et moi tournions autour d'eux tout en faisant des feintes. Sylvain et Lucille n'étaient pas en reste. Ils couraient d'un point à un autre de la prison. Les poules n'arrivaient pas à suivre nos mouvements et ceux de leurs prisonniers en même temps.

Je pris une grande inspiration et attaquai. Je courus droit vers Sylvain. Quand je le libérai, il garda ma main dans la sienne et m'entraîna à sa suite en direction des structures métalliques. Il me lâcha quand nous atteignîmes les obstacles pour nous faufiler plus facilement entre elles. Mon cœur rata un battement quand je remarquai une poule se tenant en embuscade attendant que Sylvain passe à côté. Je lui hurlai dessus. La poule se jeta sur Sylvain qui réussit, grâce à de sacrés réflexes et dans une torsion du buste quasiment inhumaine, à l'éviter. L'action avortée par l'homme en bleu figea son expression faciale et il tourna son attention vers moi. Je reconnus le chef des poules qui avait fait une scène un peu plus tôt.

Sauve qui peut ma fille !

J'agrippai une des barres en métal et, avec mon élan, bifurquai dans un angle improbable pour éviter le chemin de cet homme. Dans ma fuite, je croisai le regard d'un renard qui me regarda passer, trop surpris par mon apparition pour réagir. Il était trop loin pour que je sois vraiment un danger pour lui, néanmoins, je me dirigeai à grandes enjambées dans sa direction. Si j'étais poursuivie par l'autre colérique, j'avais intérêt à avoir un renard pas loin de moi. Peut-être que la poule hésitera quelques secondes, en voyant son prédateur, avant de se jeter sur moi.

Les pas lourds de mon poursuivant frappaient le sol de manière irrégulière. Les structures nous obligeaient à changer sans cesse de direction, nous faisant ralentir. Pour une fois que ma petite taille m'était avantageuse. Je grimpai sur une petite plateforme et me faufilai entre les différents espaces pour mettre le plus d'obstacles entre nous. Le renard n'était plus dans le secteur alors ces derniers étaient ma seule sécurité.

Je remarquai la fin des structures quand je rencontrai les prunelles sombres de Marie. Elle s'était planquée derrière une palissade en bois. Elle écarquilla brièvement les yeux avant de faire glisser son regard par-dessus mon épaule. Au vu de son expression, mon poursuivant ne devait pas être loin. Son visage se ferma et elle sortit de sa cachette pour me barrer le chemin.

Arlequin et ColombineWhere stories live. Discover now