Chapitre 13

85 17 37
                                    

Étonnement la cohabitation se passait plutôt bien. Antoine et moi nous étions mis d'accord pour avoir le moins d'échanges possibles et c'était Marie qui entretenait la conversation. Je souriais quand elle partait dans un très long monologue. Je retrouvais la fille enthousiaste et bavarde que j'avais connue durant notre épreuve. Quand elle se taisait, le silence n'était plus aussi pesant qu'avant et j'en étais la première surprise. Antoine brisa le silence accueillant qui avait pris place.

Qu'est-ce qui vous manque le plus depuis que vous êtes ici ?

Marie répondit du tac-au-tac.

Ma famille et toi ?

Qu'est-ce que je donnerais pour une cigarette !

Je ne pus m'empêcher de me moquer.

Fumer tue mon cher, tu ne savais pas ça ? Au moins, tu es en sevrage forcé.

Avant même qu'il rétorque, j'enchainai. Je ne cessai de me demander quand nous pourrions être récompensé.

A votre avis, quand est-ce qu'on pourra choisir ? Il a dit qu'on ne retournerait pas dans le Jeu parce que nous sommes blessés mais il n'a rien dit sur les récompenses.

C'est vrai que ça fait déjà deux jours qu'on attend.

D'ailleurs, les filles vous aviez demandé quoi ?

Je tournai ma tête vers Antoine. Il avait l'air sincèrement intéressé par nos réponses. Après tout, c'était un moyen comme un autre de récupérer des informations. Mais je n'étais pas disposée à lui en faire part.

Pourquoi tu veux savoir ?

Je vis son visage se crisper en entendant mon ton revêche. Il prit sur lui pour me répondre sans agressivité. C'était devenu notre jeu favori. Nous échangions des crasses et c'était à celui qui se retiendrait le mieux. Marie nous observait faire, intriguée. Des fois, je me demandais si elle ne prenait pas des notes, dans un coin de sa tête, au cas où elle devrait nous remettre à nos places.

Parce que quitte à choisir quelque chose, autant que ça ne soit pas la même chose que vous. A moins que cela m'avantage.

C'était un argument parfaitement recevable et c'est pourquoi je me renfrognai. Son sourire satisfait me hérissa et je lui répondis doucereuse.

Je pense que tu ne veux pas te tromper, vexer le Grand Maître et t'attirer sa colère. J'ai cru que tu allais te faire dessus dans son bureau.

Il me lança un regard outré. Je n'étais pas peu fière de le titiller de la sorte.

Il te manque vraiment une case pour te sentir à l'aise avec lui.

Arrêtez un peu tous les deux, vous allez finir par me filer une migraine. Et n'oubliez pas qu'on est filmé et sûrement enregistré.

Marie pointa son pouce vers la caméra. Puis elle ajouta à mon attention.

Il n'a pas tort. Il avait l'air moins...ou plus... Comment dire... intense.

Antoine et moi la regardâmes, blasés. Elle poussa un soupir d'exaspération.

Je me suis comprise. Ce que je veux dire c'est qu'il a l'air de bien t'aimer. Aux dernières nouvelles, si j'étais un psychopathe à la tête d'un jeu mortel, qui tient la vie des joueurs entre ses mains, celui qui me manque de respect, je l'éliminerais sans état d'âme. Et avec toi, il a rit.

Elle avait baissé d'un ton en prononçant le mot psychopathe.

Je dirais qu'il aime juste l'insolence. Et entre nous, je ne risque pas de recommencer. Je suis sûre de perdre si je devais l'affronter sur ce terrain-là.

Arlequin et ColombineDove le storie prendono vita. Scoprilo ora