Chapitre 25

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Tous les sons autour de moi étaient sourds et étouffés. Je descendis du terrain et m'assis précautionneusement par terre, serrant mon bras droit contre ma poitrine. J'étais en pilotage automatique. La douleur, pulsant dans mon épaule, était telle que je n'arrivais pas à aligner deux pensées cohérentes. Des fourmillements désagréables apparurent au bout des doigts et remontèrent le long de mon bras. Je serrai les dents en sentant cette nouvelle sensation envahir mon corps.

J'eus vaguement conscience de l'évacuation de Zoé sur un brancard. Sa chute avait dû l'assommer. Alors que je fixai le sol, deux pieds emplirent mon champ de vision. Je relevai la tête et croisais le regard neutre d'Alexeï.

Tu veux ma photo ?!

La douleur me rendait grincheuse au possible. Une autre personne s'approcha de moi tout en s'adressant à l'autre homme.

Pas commode la gamine.

Je me tournai vers le second individu pour l'envoyer sur les roses. Quand je croisai le regard rieur de Sylvain, mon insulte mourut aussi vite qu'elle m'était venue. Il s'accroupit afin de se placer à ma hauteur, aussitôt imité par Alexeï.

C'était un beau combat.

Je confirme.

Ils échangèrent un regard avant de retourner leur attention vers moi.

Sur une échelle de 1 à 10, tu as mal à quel point ?

La question d'Alexeï m'obligea à me concentrer.

Neuf... et des brouettes.

De l'humour ? Ma parole, mais elle va déjà mieux !

Laisse-moi voir.

Nous ne relevâmes pas l'intervention de Sylvain. Je dégageai ma main gauche pour lui laisser le champ libre. Je n'osais même pas regarder l'état de mon épaule puisque je craignais de découvrir l'étendue des dégâts. Leurs expressions le firent pour moi. Sylvain blêmit légèrement et Alexeï prit une inspiration avant de prendre la parole.

Tu veux la bonne ou la mauvaise nouvelle ?

Arrête de tourner autour du pot !

Je ne suis pas médecin mais je suis certain que tu as l'épaule déboitée. La bonne nouvelle, c'est qu'une fois remise en place, tu pourras réutiliser ton bras, la mauvaise, c'est que la douleur sera pire que celle que tu ressens actuellement.

Un petit rire nerveux secoua mon épaule et finit par m'arracher une grimace. J'espérais que cette blessure ne serait pas trop handicapante pour la suite des évènements. Alexeï regarda derrière lui et échangea un nouveau regard avec son ami.

C'est bientôt à notre tour.

Je les interrogeai des yeux et Alexeï m'expliqua.

Nos numéros sont sortis et nous serons adversaires.

J'étais interloquée. Les deux amis allaient se battre sur le ring. D'abord Zoé contre moi et maintenant eux deux. Les organisateurs avaient un drôle de sens de l'humour pour faire s'affronter des colocataires de cellule.

Regarde-moi bien, je vais lui latter la gueule.

Et Sylvain s'en alla en sautillant. J'échangeai un regard blasé avec Alexeï et j'en profitai pour les analyser. En me concentrant sur cette tâche, j'avais l'espoir de faire refluer la douleur. Sylvain était plus grand, plus fin et agile. A vue de nez, il était également plus jeune qu'Alexeï. Plus en forme peut-être ? Alexeï avait passé la quarantaine depuis quelques années déjà. Son physique était râblé, plus petit mais également plus trapu. Son léger ventre replet n'atténuait pas la puissance que dégageait son apparence.

Arlequin et ColombineWhere stories live. Discover now