Chapitre 17

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J'étais contente, puisqu'en peu de temps, j'avais pu récupérer trois objets sur la liste. Je tapotai mon poignet devant la caméra pour demander le chronomètre.

Il reste 39 minutes.

Plus d'une demi-heure pour trouver encore deux objets et réussir à sortir de la boîte. Je sentais le stress monter, une appréhension commençait à poindre en moi. Tout s'était trop facilement passé jusqu'à présent. Pessimiste, je l'étais. J'avais appris depuis belle lurette que quand tout se passait pour le mieux, on pouvait s'attendre à ce que le destin s'en mêle. Mon cœur se mit à battre fort dans ma poitrine. Tellement fort que j'avais la sensation qu'il voulait s'échapper de mon corps.

Inspire. Expire. Il reste encore la moitié du temps.

Sous les instructions d'Antoine, je me dirigeai, les bras balayant l'espace devant moi, vers la porte. Quand je posai la main sur la poignée, il fit interrompre mon geste.

N'oublie pas, s'il y a quelqu'un dans la pièce, il sait déjà que l'on va entrer. Alors prépare toi. Tu ouvres en grand et tu balaies vite l'endroit pour que je vois s'il y a quelqu'un. Sinon prépare toi à te battre s'il le faut.

J'avalai ma salive avec difficulté. Surtout pas de pression. Je pris une profonde inspiration avant d'appuyer sur la poignée et d'ouvrir la porte. Je tendis les muscles de mon corps, prête à en découdre. Je m'attendais déjà à entendre Antoine me crier dans les oreilles mais rien. J'en conclus qu'il n'y avait personne ou du moins qu'elle avait eu le temps de se cacher. C'était avec cette pensée en tête que je commençai mon exploration tactile. J'étais à l'affût du moindre bruit pouvant trahir la présence d'un joueur.

Fais attention où tu mets tes pieds. C'est une sorte de vestiaire de sport et il y a des bancs au niveau de tes genoux.

Signe : encore.

Je l'encourageai à mieux décrire la pièce.

La pièce est rectangulaire et il y a une succession de casiers sur les deux pans du mur. Une autre porte est en face de toi. Les bancs sont en ligne entre les deux rangées de casiers. Ça fait une sorte d'allée et au bout, il y a un miroir. Et à côté du miroir, tu as un petit évier.

Il prit une pause et ajouta sur le ton de la plaisanterie.

Prête à ouvrir tous les casiers ?

Je levai les yeux au ciel. Il le fallait.

Méticuleusement, je les ouvris et les fouillais un par un. J'étais soulagée de voir que les portes étaient bien huilées, elles ne faisaient aucun bruit. Les organisateurs avaient été jusqu'à placer des chasubles et autres affaires de sport dedans. J'étais plutôt soulagée d'avoir insensibilisé mon nez après l'épreuve de l'odorat parce que les odeurs nauséabondes des textiles arrivaient à se frayer un chemin dans mon conduit olfactif. Je préférais ne pas imaginer l'odeur réelle.

Attends ! Penche-toi un peu plus en avant, je crois qu'il y a quelque chose au fond.

Je réprimai une grimace. Il me demandait de mettre ma tête en plein milieu d'un tas de linge sale. Je retins ma respiration et plongeai. J'attrapai l'objet et le tendis pour qu'il puisse voir. C'était petit et doux sous mes doigts.

Une peluche baleine porte-clé... Sûrement un objet d'une autre liste.

Il prit une pause, comme pour peser le poids de ses paroles.

Le plus intelligent serait de le prendre avec nous...

Et nous condamnerions quelqu'un d'autre. Avais-je envie de faire cela ? Est-ce que ma conscience me ficherait la paix ensuite ? Un silence interrogateur résonnait dans l'oreillette. Il attendait ma réponse. Je pesais le pour et le contre. Je n'oubliais pas que le jeu était retranscrit en live. Et il fallait que je me fasse remarquer pour attirer les paris sur ma personne. En bien comme en mal. Et puis, je mis la peluche dans le sac.

Arlequin et ColombineWhere stories live. Discover now