Chapitre 16 (1)

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Chapitre 16 – Lecteur : Je ne t'ai pas trahi. (1)


Il était une fois, un enfant ours. Un groupe de jeunes ours se moquaient constamment de lui. Plus tard, il devint un chuuni. (Il était une fois, un vilain petit enfant. Un groupe de jeunes garnins se moquaient constamment de lui, plus tard il devint un otaku socialement retardé.)1

Du Ze avait toujours été une créature adorable et un peu bête, et ce depuis le jour de sa naissance. Avant qu'il ne devienne partiellement sourd, il était adorable à l'intérieur et à l'extérieur ; mais après avoir reçu son appareil auditif, son visage devint impassible mais il resta incroyablement stupide.

A la naissance, son audition était déjà légèrement atteinte, mais elle se détériora réellement à partir du collège. Comme la perte se faisait très progressivement, Du Ze ne le réalisa pas immédiatement. Il se disait juste que, parfois, il ne comprenait pas ce que les autres disaient. Il ne pouvait rien faire d'autre que leur demander de répéter. Mais après leur demander encore et encore, Du Ze se mit à avoir peur que plus personne ne veuille lui parler.

Du Ze se dit : s'il parlait avec quelqu'un et que celui-ci n'arrête pas de l'interrompre pour qu'il répète, ça ne serait pas énervant à force ? Mais que pouvait-il faire d'autre ? Le moe Du Ze se fit alors une raison : tant qu'il souriait, tout irait bien.

Il ne pensait pas avoir des problèmes d'audition mais quand ses parents découvrirent sa situation, ils l'emmenèrent directement à l'hôpital pour tester son ouïe. Du Ze vit ses parents lui obtenir un appareil auditif. La panique le submergea immédiatement – en un clin d'œil, l'étiquette « handicapé » lui avait été attribué.

Donc Du Ze préféra fuir la réalité. Il refusa de porter l'appareil, et fit comme si de rien n'était.

Si tu n'entends pas bien, souris. Si tu ne sais pas comment réagir, souris. Si les autres sourient et parlent, continue de sourire. Il ne réalisa pas que sa voix devenait de plus en plus imprécise puisqu'il était incapable d'utiliser la bonne intonation et volume.

A cause de la trop grosse détérioration de ses oreilles, Du Ze finit par porter l'appareil auditif. Le premier jour, le monde s'était enfin remplit de sons clairs. Alors qu'il se tenait devant sa salle de classe, écoutant ses amis à l'intérieur, Du Ze entendit :

- Ah Ze est vraiment débile, toujours à glousser et dire des trucs qui font mourir de rire tout le monde.

Un de ses amis imita un ton incroyablement lent, hilarant, rauque et vraiment désagréable, faisant rire tout le monde.

« C'est vrai ! Je lui ai dit qu'il était débile et il s'est mit à rire comme un idiot. »

« Tu peux répéter ? »

« Hé ! Le prof t'as pas dit d'être « tolérant avec les handicapés » ? »

Du Ze ouvrit la porte. Tous les rires dans la classe s'estompèrent subitement alors que tout le monde fixait Du Ze. Il marcha jusqu'à sa table et s'assit calmement, le visage impassible. Les gens autour de lui se lançaient des regards interloqués. Ils ne savaient pas si Du Ze les avait entendus.

« Ah Ze, t'es là... c'est des nouveaux écouteurs ? Cool ! »

Du Ze regarda son « ami ». Il avait la sensation que quelque chose lui serrait la poitrine, il suffoquait. Maintenant, il était gêné et terrifié d'émettre le moindre son. Cette horrible imitation restait gravée dans sa tête, entendre leurs moqueries lui fit réaliser que fuir la réalité avait été une grave erreur.

L'adolescent porta ses mains à ses écouteurs, sous le regard de ses camarades, il hocha simplement la tête avec un sourire forcé : Oui, ce sont des écouteurs, juste des écouteurs.

Donc il n'avait rien entendu.

- Ce fut la dernière fois que Du Ze sourit en public.

À partir de ce jour, le moe et stupide adolescent programma une route B et insista sur le fait qu'il n'avait besoin de personne. Une fois au lycée, il se réfugia sur internet, sa vie sociale était au point mort pendant que sa myopie crevait le plafond.

Puis Du Ze tomba sur le travail de Yi Ye Zhi Qiu.

L'auteur était l'assiette, le héros les couverts et le lecteur la table entière2.

* * * * *

Perdu dans ses pensées, Du Ze trébucha et s'assit. Adossé au mur en pierre, le sommeil l'emporta. Quelques heures plus tard, il se réveilla d'un seul coup. Xiu était tranquillement allongé dans ses bras, profondément endormi. Le gnome ressemblait au rêve de tout vrai otaku, une petite forme attendrissante et agréable à regarder. Du Ze posa sa main sur le front de Xiu et laissa échapper un soupir de soulagement.

Hier, comme Xiu était parti à la recherche de Du Ze, sa plaie s'était ouverte et une puissante fièvre l'avait plongé dans le coma. Du Ze passa le plus clair de la nuit à tourner sur lui-même. Grâce à sa capacité de restauration, il pouvait ne jamais dormir sans pour autant mourir, mais le stress l'avait complètement épuisé. Voyant que Xiu dormait paisiblement, Du Ze ferma les yeux et rêva d'un heureux passé.

Du Ze regarda le ciel. Les nuages l'envahissaient mais il devina qu'il était minuit passé.

Avait-il raté son rendez-vous avec Dan ?

Il zyeuta ses écouteurs pour vérifier le niveau de batterie. Il ne restait que la moitié de la charge. S'il partait maintenant, il pouvait encore y arriver.

Qu'est-ce que t'attends ? Qu'on te porte ┏ (゜w゜) ?!

Du Ze posa délicatement Xiu, il se mit à fantasmer qu'il était en fait un adulte ennuyé et désemparé devant ce petit garnement qui refusait de lâcher ses habits : cet enfant malade est tellement collant, ah~ (gros malentendu ici).

Une idiote et adorable personne ne voulait pas réveiller Xiu. Dans tous les cas, une fois que le marché aurait eu lieu, il se dépêcherait de rentrer. Il tenta de gentiment défaire la prise de Xiu sur sa robe mais elle se déchira. Par chance, rien de bien insurmontable vu l'état pitoyable de celle-ci. Comme ses habits étaient déchirés, il perdit du temps et couru jusqu'à la ville Halphas sans vraiment se poser de question.

Une paire d'yeux dorés s'ouvrirent et fixèrent en silence le dos de Du Ze. Une lueur sombre et confuse miroitait à l'intérieur.

1/ Chuuni abréviation de chuunibyou qui se traduit comme « maladie des collégiens de 2e années » en gros ça se réfère aux ados qui tentent de se la jouer et de paraître super mature et hors de la société, ou sombre et arrogant, mais que, au final, c'est juste un putain d'échec vu qu'ils ont que 13 ans.

2/ La version originale dit « il mangeait tous les jours avec l'auteur et le protagoniste » sans doute pour signifier qu'il est obsédé par le roman.


Reader + ProtagonistWhere stories live. Discover now