Chap 54 : Co-dépendantes

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Les jours suivants sont déchirants. D'un côté, je n'ai jamais été aussi heureuse et sereine en amour, de l'autre j'ai l'impression qu'on m'a dépossédé de mon rôle de maman.

Charlie est à côté de moi, mais j'ai l'impression qu'elle est encore plus loin que lorsque j'étais retenue captive. Nous parlons un peu, mais elle est toujours nettement plus intéressée par ce qui se trouve en face d'elle que par ce que je lui propose. Elle mange, joue et dors comme elle en avait l'habitude, mais sans m'impliquer. Au début, je pensais que c'était comme lorsqu'elle me repoussait pour voir quelle était la limite de mon attachement envers elle, mais ce n'est pas ça. Je le sens. Ma fille devient indépendante.

« Nat, tout va bien. » me répète Josh avec beaucoup de patience et d'amour pour la centième fois en moins d'une semaine.

Je zieute Charlie depuis la chambranle de la porte. Elle joue avec ses blocs et ses tigres en peluches dans son pays imaginaire orange. Rien ne cloche, mais je ne peux pas la lâcher des yeux.

« Mais Charlie ne veut même plus faire de câlin du matin! » je marmonne pour ne pas attirer l'attention de la concernée.

« C'est normal. Elle grandit. C'est bon pour elle. Sain, » il tente de m'expliquer en me frottant les épaules.

Je me tourne vers lui, les yeux grands ouverts pour faire passer le message que non, ce n'est pas normal. Charlie n'a que trois ans!

« Mais pas d'un coup! Pas comme ça! Elle est traumatisée! Elle a trop peur que je disparaisse de nouveau pour s'attacher! C'est tout sauf sain! »

Josh grimace. Je lance un regard inquiet à Charlie, qui s'amuse avec ses blocs et ses peluches sur le tapis.

« Est-ce que vous avez un pédo-psychiatre ici? Elle a peut-être besoin de soutien... »

« Nat. » fait soudain Josh en m'attrapant doucement mais fermement par les épaules. « Charlie n'a pas besoin d'un psy ni de soutien professionnel, elle nous a nous. Tu te souviens? On en a déjà parlé avec elle. On a même fait des dessins. Tout. Va. Bien. »

Il se penche un peu pour établir le contact visuel. Il ose même sortir son sourire en coin. Celui qu'il prenait toujours pour me convaincre et qui me faisait flancher à cause de sa fossette. Je me mordille les lèvres en réfléchissant.

Effectivement. Le deuxième jour après mon retour, j'avais déclaré l'activité dessin, où on devait dessiner comment on se sentait. Charlie nous avait dessinés tous les trois sous forme de bonhommes allumettes très souriant et se tenant la main avec de belles couleurs vives. Un dessin d'enfant typique, certes. Le lendemain, j'avais essayé de raconter en long et en large à Charlie ce qui m'était arrivé et surtout comment ça m'était arrivé pour prouver que ça n'arriverait plus puisque le grand méchant était mort. Ma Tigresse s'était alors contentée de faire un « oui oui » de la tête avant de repartir jouer.

Je dois me retenir de me ronger les ongles, qui sont déjà inexistants.

« Mais comment ça peut être aussi bien? » j'insiste, stressée. « C'est pas trop rapide? Trop soudain? »

Josh respire un bon coup et ferme les yeux d'un air résigné. Il s'approche d'un pas et me prend tout doucement les mains.

« Nat, j'ai l'impression que c'est toi qui a besoin de soutien. »

« Quoi? » je demande, confuse.

« Tu... » il grogne de frustration. "Argh, how do you say it? You transfer on her your own insecurities."

« Quoi!? » je répète, outrée et en reculant d'un pas.

Comment ose-t-il! Je m'inquiète pour ma fille et lui— !

Lycan - The Human Mate (fr/eng)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant