PDV Camilla
La porte s'ouvrit dans un fracas énorme, me faisant sursauter. Mon kidnappeur entra et alluma l'interrupteur. Mon attention fut captée par la ceinture à boucle qu'il tenait en main.
Horrifiée en imaginant le pire, je me redressais aussi vite que me le permettaient mes os et mes muscles affaiblis par la faim. Je me collais dos contre mur, le regard braqué sur cette ceinture, comme si ma vie ne dépendait que d'elle.
Il s'approcha de moi et remua la ceinture puis l'agita en l'air. Des larmes se mirent à piquer les coins de mes yeux. Je ne voulais pas être battue encore une fois, non, je ne le supporterai pas.
... : Tu sais Camilla, je n'ai absolument rien contre toi. Mais je suis obligé de le faire, tu vois ? C'est du show business. ~ dit-il d'un air faussement vexé.
Moi : S'il vous plaît...
Je n'eus pas le temps de finir que la ceinture s'abattit sur mon corps, m'arrachant un énorme cri de douleur. Je me recroquevillais, protégeant au maximum mon visage.
Cruel qu'il était, il n'hésitait pas à me donner des coups de ceinture au niveau de la tête. Ses coups redoublaient partout sur mon corps au même rythme que mes cris. Mon corps n'était plus qu'une étendue de douleur. Je n'avais jamais eu aussi mal de ma vie. Alors que j'avais l'impression que ma chair allait se déchirer et que j'allais enfin mourir, il mit fin à sa torture.
J'étais toujours dans la même position, incapable de faire le moindre mouvement tant mon corps me faisait mal. Il retira mes mains de mon visage et m'assena une grosse gifle.
Il se dirigea vers la sortie et verrouilla la porte. Des sanglots incontrôlés sortaient de ma bouche pendant que j'allongeais mon corps endoloris sur le matelas. Je fermais les yeux et ressentais déjà que mes jours étaient comptés.
~ Éclipse de quelques temps ~
La porte s'ouvrit à nouveau et des larmes se mirent à jaillir instantanément de mes yeux. S'il voulait encore me frapper, je préférerais qu'il abrège mes souffrances en me tuant.
Le silence régna quelques secondes et je me demandais ce qu'il était entrain de faire. Je sentis un flash dans la pièce. Étonnée, j'ouvris les yeux et constatais qu'il était entrain de me photographier, dans l'état pitoyable où j'étais.
... : Comme ça, ton ennemi sera tranquille et verra bien que je te maltraite comme convenu.
Il s'approcha de moi et sortit une seringue de sa poche. Que voulait-Il encore faire subir à mon corps déjà meurtri ? Je voulais crier mais toutes mes forces m'avaient abandonnée.
... : Ceci va te calmer au cas où les choses tournaient mal. Fin je veux dire au cas où ton fichu copain venait par ici. Parce que le regard qu'il m'a lancé tout à l'heure ne présageait rien de bon.
Mon cœur rata un battement. De quoi parlait-il ? Nasim était là ? Tout était confus dans ma tête, et j'étais incapable de réfléchir car mon cerveau ne me le permettait plus.
Il me piqua et m'injecta un liquide. Des secondes après, je sentais mes muscles lâchaient, je ne ressentais plus rien et mes paupières devenaient lourdes. Je les fermais de moi-même en faisant une prière. Si je devais me réveiller, ça ne devrait pas être à nouveau dans cette pièce. Si non, je préférerais me réveiller dans l'au-delà, dans les bras de mon cher père qui me manquait tant...
PDV Nasim
Ça faisait des minutes qu'on roulait et je n'arrêtais de penser à cet homme grand et barbu. Ce regard froid et mystérieux, comme s'il me lançait un défi, comme s'il me connaissait, comme s'il savait quelque chose...
Policier : Il y a une centaine de maisons par ici. Ça ne sera pas facile de retrouver la bonne.
David : Nous commencerons par les plus éloignées. Celles qui sont calmes et discrètes.
Moi : Vous êtes sûr qu'on ne devrait pas faire demi tour et interroger cet homme ?
David : Arrêtez de vous traumatiser. Cet homme habite juste à l'entrée du quartier. Un lieu assez exposé pour cacher quelqu'un.
Moi : Il peut toujours le faire.
David : Et sa maison est trop petite pour ça.
Moi : Avez-vous au moins vu comment il m'a regardé ?
David : C'est assez normal...il doit se demander ce que doivent faire des étrangers avec des policiers dans son quartier.
Je soupirais de frustration. Comment leur expliquer que sa tête ne me plaisait pas ? J'avais ressenti quelque chose de bizarre et de désagréable à notre contact visuel.
Décidé à ne pas du tout laisser tomber ma théorie, j'ordonnais au chauffeur de faire demi tour sous le regard mécontent de David.
David : Nasim...
Moi : Svp, laissez-moi faire, je veux apaiser mon esprit en fuyant sa maison. Et ensuite, je ne dirai plus rien.
Il hocha la tête et une dizaine de minutes après, nous étions devant cette petite maison.
L'homme se tenait devant une camionnette. Il voulait visiblement quitter le lieu, ce qui ne faisait qu'accroître ma curiosité.
Je descendais en premier de la voiture et me postais juste devant lui. Il me lança un regard glacial, mais garda le silence.
David et les quatre policiers me rejoignirent et il se plaça instantanément entre nous.
David : Bonjour, monsieur. Je suis le détective David Johnson de la police.
David lui tendit la main mais il ne bougea pas et lança d'une voix dédaigneuse.
... : Je suis Jo. Que voulez-vous ?
David : Vous poser quelques questions. Il me semble que vous vouliez vous déplacer ? ~ demanda-t-il en faisant référence à la camionnette.
Moi : Ou plutôt que tu veux t'enfuir ~ intervins-je.
David : Laissez-moi le questionner Nasim.
Je reprenais mon calme alors que le présumé Jo affichait désormais un regard accompagné d'un sourire moqueur.
Jo : Je voulais faire de petites courses. Je n'ai plus grand chose dans le frigo. C'est dur la vie de célibataire, n'est-ce pas ?
David : Oui, je vois. Avez-vous entendu parler de la disparition d'une certaine Camilla Miller ?
J'observais son visage mais j'y décelais aucune trace d'émotion pouvant me signifier qu'il savait quelque chose. Il garda le visage impassible et haussa les épaules.
Jo : Bien sûr, je suis un citoyen exemplaire qui ne néglige jamais le journal.
David : Je m'en vois ravi ! Nous avons la permission du juge pour fouiller tout le quartier. Car d'après des sources très fiables, la jeune fille pourrait se trouver dans ces lieux.
Jo : Vraiment ? C'est dommage, n'est-ce pas ? Une si jolie fille entre de mauvaises mains. Je n'ose pas imaginer ce que des psychopathes pourraient lui faire. ~ dit-il en me regardant droit dans les yeux.
Je sentis une once de provocation dans sa voix. Avec un effort fou, j'essayais de calmer le flux de colère qui montait dans mes veines.
Moi : Allons fouiller la maison, c'est beaucoup plus simple. ~ suggérais-je en me dirigeant vers celle-ci.
J'ouvrais la porte et un salon sale et fort désagréable se présenta à moi. Il n'y avait pas grand chose à l'intérieur. Juste deux chaises, une table basse, un frigo, un cuisinier et une grande vaisselle sale.
Jo : Bienvenue dans mon humble demeure !
Dégoûtante demeure, tu veux dire.
J'allais me diriger vers une porte qui me semblait être une chambre mais David m'en empêcha.
David : Laisse les policiers faire.
Ils entrèrent et sortirent en moins de cinq minutes.
Policier : Aucune trace de Mademoiselle Camilla.
Moi : Quoi ? Vous en êtes sûrs ?
Policier : Oui, absolument.
Je lançais un regard désespéré à David. J'en étais pourtant sûr, quelque chose me disait que Camilla était sous l'emprise de cet homme.
Je me retournais vers Jo qui avait le regard braqué sur ses chaussures, ou plutôt devrais-je dire sur le plancher. Il releva la tête et croisa mon regard.
Jo : Vous voyez ? Il n'y a rien !
David : Excusez-nous pour ce petit dérangement. Merci pour votre collaboration.
Jo : C'est toujours un plaisir de servir mon pays.
Les policiers sortirent de la maison suivit de David. J'allais faire pareil mais je me retournais une dernière fois et Jo regardait à nouveau le plancher sous ses pieds et c'est là qu'un déclic se fit dans ma tête.
Moi : Revenez ! ~ criais-je
David : Que se passe-t-il encore ? ~ demanda-t-il debout sur l'encadrement de la porte.
Moi : Nous n'avons pas fini de fouiller !
Jo : Mais c'est quoi ton problème petit ?
Moi : Tu ne caches rien, n'est-ce pas ? Alors pousse-toi de là.
Il fronça instantanément les sourcils et me fusilla du regard.
David : Écartez-vous monsieur.
Il obéit et se posta devant la fenêtre. J'avançais vers le plancher où il était et m'accroupis. J'inspectais et remarquais qu'une partie de bois était un peu plus foncée que les autres et il y avait une petite fissure au bout. J'introduisais mes mains à l'intérieur et essayais de tirer.
David : Mais que faites-vous voyons ?
Ignorant sa question, je tirais le plancher de toutes mes forces et il s'ouvrît, me laissant bouche bée.
Moi : Il...il y a un escalier ! Un escalier !
En un instant, Jo sauta par dessus la fenêtre et se mit à courir. Mais c'était le cadet de mes soucis. S'il courrait, ça voudrait dire qu'il cachait quelque chose, ou plutôt quelqu'un...Camilla.
David : Rattrapez-le !!!
Les policiers se mirent à sa poursuite et je gravissais l'escalier suivi de David.
David : Doucement, faites attention !
Un couloir sombre se présenta à moi mais je pus trouvais l'interrupteur. Je n'arrivais pas à y croire, cet homme possédait des pièces souterraines secrètes.
Une porte était juste située à ma droite.
Avec un énorme coup de pied, elle s'ouvrît et j'entendis des exclamations de surprises et de peur me faisant légèrement sursauter. J'allumais l'interrupteur et découvrais quatre jeunes filles.
Elles me regardaient perplexes, effrayées.
Moi : Je ne vous ferai aucun mal ~ dis-je doucement.
... : Regardez, nous sommes sauvées ! ~ dit l'une d'entre elles.
Elle se mirent à faire des prières. Je les regardais mais il n'y avait malheureusement pas le visage que je recherchais.
David arriva et écarquilla les yeux.
David : Oh ! Ce n'est pas possible ! Venez mes demoiselles.
Moi : Où est Camilla ?
... : Il n'y a pas de Camilla parmi nous.
Moi : Vous êtes seules ?
... : Oui, répondirent-elles en cœur.
Je me retournais, abattu, sur le point d'abandonner tout espoir, quand l'une des filles m'arrêta.
... : Attendez !
Une petite blonde, elle ne devait pas avoir plus de 16 ans. Elle s'approcha de moi hésitante.
... : Tout à l'heure alors que les autres prenaient leurs douches, j'étais ici et je crus entendre des cris de douleur, d'une jeune fille.
Moi : T'en es sûre ?
... : Je suis sûre d'avoir entendu une fille crier. Ça devrait venir du fond du couloir.
Sans lui donner le temps de continuer, je m'aventurais au fond du couloir. Plus j'avançais, moins y avait de lumière et l'endroit était humide. J'arrivais devant une porte et essayais de la défoncer. Elle était plus résistante que les autres.
Avec plusieurs coups de pieds, j'arrivais à l'ouvrir.
Je cherchais désespérément l'interrupteur et éclairais la pièce.
Mon regard tomba sur une silhouette allongée sur le lit et mon cœur rata un battement.
Endormie ou inconsciente, je n'en savais rien. Le visage enflé, le corps avec des traces de rougeurs et de sang séché.
Elle était là... Camilla.