Krokmou lui lécha la joue et Harold rit, caressant affectueusement le dragon. Ce n'est que quand la Furie noire se mit à bondir dans sa maison, renversant tout sur son passage, qu'Harold se rendit compte que Krokmou était dans sa maison ! Il se mit soudain à paniquer, voulut se lever pour stopper Krokmou, l'emmener en sécurité, caché des autres Vikings. Mais soudain, il se stoppa. Quelque chose n'allait pas. Il rejeta la couverture et crut que son cœur allait s'arrêter. Il se força à continuer à respirer normalement. Il ne devait pas paniquer. Il était un Viking. C'était des choses qui arrivaient. Un métier à risques, son père le répétait suffisamment souvent pour qu'il s'en souvienne. Il était déjà content d'être vivant. Où l'était-il ? Après tout, Krokmou était chez lui et était pourtant bien vivant. Cela devait être cela, il devait être mort. Il se désola que Krokmou ait subi le même sort. Le dragon ne méritait pas de mourir. Il méritait tellement plus. En quelques semaines, il avait réussi à changer sa vie, l'avait écouté, était devenu son meilleur ami.
Le dragon atterrit avec un son mat devant lui et se pencha pour renifler la partie en métal étrangère qu'Harold avait posé sur le sol. Il releva vers le brun un regard lucide et d'excuse. Harold lui sourit faiblement. Il n'avait pas à s'excuser. Krokmou était le meilleur.
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Tout le monde faisait la fête, heureux d'avoir enfin retrouvé leurs dragons après ces quelques jours angoissants. Harold sourit en observant un petit Braguettaure s'amuser avec deux enfants. ON dirait bien que ce petit dragon avait déjà trouvé ses amis et futurs dragonniers.
Les dragons leurs avaient réservé une grosse surprise en revenant avec tous ces petits. Beurk était pleine à craquer d'écailles chatoyantes et toutes nouvelles, jeunes et pleines de vie. Et en plus de cela, l'ambiance de Snoggletog venait ajouter une joie générale. Harold était content d'avoir réussi à ramener les dragons sur Beurk. Ainsi, chacun des villageois pouvaient passer ses vacances avec son meilleur ami reptile. Ne manquait plus qu'une chose. Son meilleur ami reptile.
Il ne pouvait s'empêcher de trouver tout cela très injuste. Pourquoi tous les autres et pas lui ? Krokmou était le seul dragon de Beurk qu'il n'avait pas retrouvé sur l'île des pontes. Où était-il ? Cherchait-il une partenaire ? Mais pourquoi ne lui avoir rien dit ? Harold l'aurait laissé partir. Au lieu de ça, Krokmou s'était envolé sans aucune explication. Harold pouvait comprendre que son dragon ait soif de liberté, il pouvait encaisser le fait que Krokmou ne soit simplement resté parce qu'il lui permettait de voler. Mais il aurait bien voulu une explication. Un signe, quelque chose. N'importe quoi qui aurait pu alléger la douleur de son cœur.
Astrid s'approcha de lui, le remercia, l'embrassa. Il n'y croyait qu'à moitié. Il avait beau adorer Astrid, il n'était pas vraiment dans l'humeur pour discuter avec elle. Surtout qu'elle commença à le narguer. Cela ne lui ressemblait pas. Il fronça les sourcils.
Elle le poussa et il crut que son cœur allait s'arrêter. Krokmou ! Il était revenu ! Incapable de penser correctement, il se précipita sur son dragon et l'étreignit de toutes ses forces. Krokmou parut surpris, comme s'il ne venait pas de disparaître pendant plusieurs jours de suite. Harold se mit à gronder gentiment le dragon, avant de remarquer qu'il mordait sur quelque chose. Qu'est-ce que c'était ? Son casque ! Alors c'était là que Krokmou s'était enfui ? Chercher son casque ?
Il étreignit de nouveau son dragon.
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-Je reviendrai te chercher, promit Harold en callant la selle et l'aileron sous un rocher, à l'abri des éléments.
Le dragon émit une longue plainte triste et lui emboîta le pas quand Harold se retourna vers le bateau. Stoick avait banni les dragons de Beurk. Harold devait trouver un moyen de prouver que Mildiou avait orchestré tout cette mascarade. Comment allait-il faire sans Krokmou ? Il fallait qu'il arrange tout cela. Mais pour l'instant, Krokmou devait rester ici. Veiller sur les autres dragons. C'est ce qu'Harold lui dit.
Le dragon lui adressa un regard terriblement triste et Harold eut soudain envie de pleurer. Pourquoi est-ce que son père bannirait les dragons quand il savait combien Krokmou comptait pour lui. Harold tendit la main et quelques secondes plus tard, Krokmou ronronnait contre sa paume. Le brun soupira et entoura le cou du dragon pour le serrer contre lui. Krokmou répondit à l'étreinte avec un roucoulement défait.
Je reviendrai. C'est promis, mon grand, je ne t'abandonnerai pas. Jamais.
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Krokmou tira une boule de plasma sur le Razolame. Celui-ci l'évita agilement et répliqua d'un coup de sa queue tranchante. Il toucha Krokmou à la patte, traçant une ligne rouge dans la chair du dragon. Krokmou rugit de douleur et avisa l'arène, la douleur pulsant dans sa patte. En quelques mouvements agiles, il avait emprisonné le Razolame dans sa cage de nouveau. Il tenta de gronder aux chasseurs qui s'approchèrent, ignorant les cris de liesse venant des spectateurs. Mais les chasseurs le menacèrent de leurs lances et Krokmou savait qu'handicaper d'une patte et incapable de voler, il n'irait pas bien loin. Il se laissa donc reconduire dans sa cage. Harold se précipita vers lui dès que les chasseurs le firent entrer, manquant de tomber quand la chaîne à son pied l'empêcha d'aller plus loin. Krokmou poussa un grognement inquiet, sa douleur momentanément oubliée. Les chasseurs l'attachèrent de nouveau, ainsi que le Razolame qu'il avait combattu et Krokmou se dirigea vers Harold, boitant. Harold courut vers lui et le serra contre lui avec un long soupir de soulagement.
Krokmou émit un roucoulement rassurant et lui lécha la joue. Harold rit nerveusement, son anxiété de voir son dragon éventré devant ses yeux s'évaporant bien trop vite pour son système. Cet endroit le rendait fébrile, il n'arrivait plus à se contrôler et ses sautes brusques d'humeur, passant de l'inquiétude et l'angoisse au soulagement profond trop vite pour qu'il puisse vraiment s'en rendre compte.
Il déchira sans hésiter un bout de sa tunique et s'en servit pour bander la blessure de Krokmou. Les écailles du Razolame ne l'avait pas raté. Et encore, ce Razolame était émoussé, il avait besoin d'un bon polissage et d'aiguiser ses écailles en se frottant sur quelques rochers. Harold l'aurait aidé avec joie mais Krokmou était blessé et il était sa priorité. Il s'était tellement inquiété...
Krokmou lui lécha de nouveau le visage et Harold serra le dragon contre lui. Il ne pouvait pas se permettre de ressentir quelque chose semblable de nouveau. Ils devaient sortir d'ici. Vite.
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Harold prit une grande inspiration en s'approchant de Krokmou. Les pupilles du dragon étaient fines, il ne semblait pas conscient, l'expression vide et le regard fixant le vague. Il ne semblait même pas le voir, alors qu'Harold se tenait juste en face de lui. Le brun entendit Drago siffler quelques mots, mais il s'efforça de ne pas l'écouter. Il savait que l'unique but de l'homme était de le décourager, il n'avait pas besoin de ça. Il était déjà suffisamment incertain comme ça.
Il se mit à parler doucement, priant tous les dieux qui étaient prêt à l'écouter de l'aider. Il venait de perdre son père à cause de Drago et de son alpha, il y avait toutes les chances pour qu'il y laisse également sa vie. Il s'approcha doucement. Le Krachfeu était étonnamment stable, Harold lui en fut reconnaissant. Tendant la main, il s'approcha encore de Krokmou en continuant à parler. Il savait qu'il risquait sa vie, mais était persuadé que jamais Krokmou ne pourrait lui faire de mal. Même sous l'influence d'un alpha mauvais, Krokmou restait son meilleur ami. Harold s'en voulut pour avoir rejeté aussi violemment le dragon, plus tôt. Rien n'était de sa faute, il le savait pourtant. Mais il avait été tellement aveuglé par sa peine... Il réalisait à présent combien sa réaction avait été irrationnelle et s'excusa, en espérant que Krokmou pouvait l'entendre. Il sourit quand le dragon noir poussa un rugissement de lutte, secouant la tête et serrant les paupières. Il l'encouragea. Et quand enfin, le Krokmou qu'il connaissait lui sourit, il poussa une exclamation de joie. Ça c'était son dragon !
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Krokmou stoppa brusquement sa course folle, pilant parmi les hautes herbes. Harold s'étonna un instant. Krokmou avait été tellement impatient de pouvoir rejoindre sa belle, pourquoi s'arrêtait-il maintenant ? Mais il sentit son cœur se tordre quand Krokmou se retourna vers lui, un regard terrifié et inquiet dans les yeux. Harold comprit. Lui aussi aurait aimé pouvoir avoir son meilleur ami à ses côtés quand il avait confronté Astrid. Mais c'était quelque chose que Krokmou devait faire seul. Il sourit à son dragon et hocha la tête dans un mouvement rassurant. Il l'attendrait, il ne bougerait pas d'où il était. Il pouvait partir tranquille. Ils se séparaient pour l'instant, mais au final, ils se retrouveraient.
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Harold ouvrit les yeux pour ne voir que le plafond neuf de sa nouvelle hutte. Dominant le village, comme avant. Après tout, un chef protège les siens. Il aurait aimé ne pas occuper ce rôle. Il aurait aimé ne pas être celui à faire cette décision déchirante. Dans la pièce, seule la respiration profonde d'Astrid résonnait. C'était tellement plus silencieux qu'avant... Avant, il pouvait entendre son dragon bouger et remuer dans son sommeil, ronfler parfois. Il pouvait entendre la respiration lourde de l'énorme animal, il pouvait entendre les bruits des autres dragons, qui dormaient au-dehors, un peu partout sur Beurk quand ils n'étaient pas dans les étables. Ici, pas d'étables. Pas de pierre plate dans sa chambre, pas d'immense fenêtre, pas de dragons. Il ferma les yeux. Il rêvait souvent de Krokmou. Il revivait tout ce qu'il avait déjà vécu avec le dragon, comme s'il essayait désespérément de replonger dans le passé, quand Krokmou était avec lui et que le temps paraissait figé. Il soupira. Au moins, il avait arrêté de pleurer. Mais c'était toujours la même tristesse et le même sentiment de vide. En partant, Krokmou avait emporté une partie de son âme avec lui. Et même s'il savait qu'il possédait en retour un morceau de l'âme du dragon, cela faisait tout de même mal d'être ainsi séparés et seulement réunis dans ses rêves et souvenirs.
Se tournant sur le côté, il passa un bras autour d'Astrid et elle remua quelque peu dans son sommeil, se calant plus confortablement contre lui quand il se rapprocha, faisant attention à ne pas la réveiller. Il embrassa doucement ses cheveux, avant de fermer les yeux et de se rendormir. Krokmou et lui se reverraient. Que ce soit sur Midgard ou au Valhalla, ils se reverraient. Ils se l'étaient promis.