Artistes 1 - Le masque miméti...

By ragingbaba

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Tout a véritablement commencé quand Valentin a, sans le vouloir, incendié son lycée avec un dessin. Quelques... More

Introduction
D'autres arts
Note - Artistes est disponible au format papier !
- Prologue -
- Chapitre 1 -
- Chapitre 2 -
- Chapitre 3 -
- Chapitre 4 -
- Chapitre 5 -
- Chapitre 6 -
- Chapitre 7 -
- Chapitre 8 -
- Chapitre 9 -
- Chapitre 10 -
- Chapitre 11 -
- Chapitre 12 -
- Chapitre 13 -
- Chapitre 14 -
- Chapitre 15 -
- Chapitre 16 -
- Chapitre 17 -
- Chapitre 18 -
- Chapitre 19 -
- Chapitre 20 -
- Chapitre 21 -
- Chapitre 22 -
- Chapitre 23 -
- Chapitre 24 -
- Chapitre 25 -
- Chapitre 26 -
- Chapitre 27 -
- Chapitre 28 -
- Chapitre 29 -
- Chapitre 30 -
- Chapitre 32 -
- Chapitre 33 -
- Chapitre 34 -
- Épilogue -
Remerciements

- Chapitre 31 -

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By ragingbaba

Le créateur du masque mimétique était tombé.

Manon accourut à son chevet, sans oublier d'emporter avec elle son anneau de protection. Le sang coulait depuis l'arrière de son genou, tachait les vêtements de la jeune fille, et il gémissait parfois de douleur. Mais il gardait tout de même un air serein, et respirait calmement. Lorsqu'elle arracha son écharpe pour en faire un garrot, il l'arrêta d'un geste de la main. Manon fut partagée entre la panique et la stupeur.

« Ce n'est pas la peine.

— Mais vous devez vivre ! Je ne peux pas vous laisser mourir comme ça !

— Ils essaient par tous les moyens de briser ta protection. Si tu restes là, à essayer de m'enlever à une mort certaine, ils vont finir par y arriver, et on sera morts tous les deux. »

Il a raison, tenta-t-elle de se convaincre. Tu ne le connais pas, et tu as une chance d'avoir facilement le masque. En plus, jamais les secours n'arriveraient assez vite pour le sauver. Sois rationnelle. Sois forte... Mais ses pensées sonnaient faux. Si elle voulait devenir médecin, elle ne pouvait pas abandonner ses patients. Ainsi elle annonça, d'une voix qu'elle essaya de garder assurée :

« Je vais poser un garrot. Je... me dois de faire au moins ça.

— Tu sais que ça ne changera rien ? Que c'est idiot ?

— Oui. Mais on ne peut pas s'empêcher d'être idiot, de temps en temps. »

Le silence s'installa entre eux, alors que Manon s'affairait à retenir l'hémorragie. Il lui sembla que le temps s'était arrêté : les assauts sur sa barrière de protection lui paraissaient si lointains et superflus...

« Bien, si c'est ce que tu veux vraiment... Je peux toujours profiter de ces derniers instants de discussion.

— Si vous me donnez un numéro de téléphone, je peux faire passer un message à votre famille.

— Je ne parlais pas de ça. »

D'un geste difficile, il retira le masque mimétique de son visage, et le posa aux genoux de la jeune fille.

« Prends-le. Pour tes amis et toi. »

Elle se demanda si la perte de sang ne causait pas ses propos incohérents, et serra le garrot.

« Mais vous n'êtes pas sérieux ! Vous savez que je vais le donner au Sénat ?

— Justement. Je ne le donnerai pas à ceux qui vont me tuer. Et je ne suis pas en... en capacité de le faire disparaître. Et puis, il réglera vos problèmes.

— Vous savez que les Sénateurs vont s'en servir...

— Ils ne peuvent pas. Ce prototype ne fonctionne que sur moi. Et maintenant, je ne suis plus capable de l'utiliser... alors il vous servira plus.

— Mais...

 — Bonne continuation. S'il te plaît, deviens une grande Artiste. »

Et ses yeux se fermèrent.

*
*     *

Inalén se jura d'apprendre à ses protégés la création de signaux corrects. Celui de Valentin et Anouk était quasiment impossible à localiser, et sans leurs messages à ce propos, sur son téléphone, puis ceux de Johanna et Tara, jamais elles n'auraient su qu'ils l'avaient préparé.

Suivies par un groupe de Gardes indigo ralliés par l'ex-Cape carmin, à bord d'oiseaux de bois qui ne tenaient debout que parce que l'art le voulait bien, elles survolaient Florence à la recherche de la tour où Manon, seule face à des Artistes hostiles, devait se trouver. Bien qu'elles soient soulagées d'enfin se retrouver, elles sentaient qu'il manquait quelque chose... ou plutôt, quelqu'un. Abandonner Jaska à la clinique sénatoriale, toujours inconscient, leur avait brisé le cœur.

Mais leur problème actuel ne leur laissait pas le choix, et exigeait toute leur concentration. Un quart d'heure après leur irruption dans le ciel italien, depuis un portail ouvert au beau milieu des nuages, elles s'approchaient assez du signal pour qu'il surgisse dans leur champ de vision. Il constituait désormais plus qu'une vague onde d'énergie créatrice, qui résonnait de temps en temps avec celle de leurs aéronefs. Elles s'empressèrent d'atterrir, avant que les planches du fuselage commencent à se désolidariser.

Heureusement pour elles, pas un passant ne les remarqua. Elles se posèrent devant le symbole des jeunes, une statue humanoïde dont les mains servaient de réceptacle à des torches ; son apparence, plutôt que ses capacités, les impressionna. En peu de temps, ils avaient tout de même réussi à développer des pouvoirs admirables. Si seulement elles avaient eu l'occasion de leur en enseigner plus sur l'art... ils ne seraient pas dans une situation si difficile. Du moins, c'est ce qu'elles se disaient alors qu'elles levaient les yeux sur les vitres du sommet de la tour, desquelles une fumée inquiétante s'échappait. Celle-ci les tira de leurs pensées, et sans perdre une minute, elles se précipitèrent à l'intérieur.

Elles traversèrent le vestibule sombre sans y accorder d'importance, puis se ruèrent dans des escaliers plongés dans l'obscurité. Au fur et à mesure qu'elles montaient, les grondements de la bataille augmentaient en intensité, tout comme le battement de leurs cœurs. Ainsi, lorsqu'elles entrèrent en trombe dans l'atelier du créateur, leur inquiétude avait atteint son paroxysme. Et se trouva totalement justifiée.

Elles ne purent s'empêcher de prendre quelques secondes pour constater l'ampleur de la catastrophe. Des portails s'ouvraient et se fermaient de tous côtés, déversaient ou emportaient des dizaines d'Artistes et de personnages armés jusqu'aux dents. Au centre de la pièce, des statues d'argile et de pierre animées par la magie tentaient de protéger quelque chose des assauts répétés, mais s'effritaient au moindre coup.

 Derrière elles, Manon tremblait, alors qu'elle tapait sur son ordinateur comme si sa vie en dépendait — ce qui, au vu des armes à feu de certains de ses ennemis, était sans doute le cas. Ses vêtements tachés de sang et de larmes n'auguraient rien de bon. Son air impassible avait été détruit pour révéler sa terreur et son désespoir. Au creux de ses bras se trouvait un objet de porcelaine blanche, peint d'arabesques multicolores : les jeunes femmes comprirent qu'il s'agissait du masque mimétique. Lorsqu'elle les remarqua enfin, son visage angoissé s'illumina d'une esquisse de sourire.

Sans réfléchir plus longtemps, Inalén plongea entre les statues, brisa au passage une main de terre cuite, et tira de sa poche une fiole de liquide doré.

« Bois ça, ça vient du Sénat. Ça te rendra de l'énergie. »

La pupille jeta un coup d'œil au-dessus de l'ex-Cape carmin : la bataille faisait toujours rage, mais les adultes avaient pris part à l'affrontement. Johanna expédiait ses ennemis à travers des portails vers des dimensions inconnues, tandis que Tara sortait des ingrédients de son sac à la vitesse de l'éclair, et que des Gardes indigo créaient des avatars pour en combattre d'autres. Sans comprendre pourquoi, la jeune Artiste se sentit en sécurité, et avala le breuvage d'une traite.

« C'est... délicieux. Je vais mieux, merci. »

Ses pensées s'éclaircirent comme par magie, et elle parut revigorée. Tout ce qui s'était passé, ces dernières minutes, n'était plus qu'un lointain souvenir. Pendant quelques instants, elle essaya d'expliquer la situation à Inalén, mais ne put articuler plus de deux phrases sans se perdre. Alors les deux Artistes se regardèrent, avec des idées qui leur brûlaient les lèvres, mais sans les mots, ni l'audace de les formuler. Puis la porte de l'atelier vola en éclats.

« Devinez qui est là ! Bande de... oh merde. Il y en a encore plus. »

À la vue des têtes stupéfaites de Valentin et Anouk, Manon ne put s'empêcher de rire franchement, pour la première fois depuis longtemps. La graphiste, elle, considérait que la situation ne s'y prêtait pas : jamais les quelques Artistes qu'ils avaient ramenés de l'antenne ne pourraient contenir tant d'ennemis. Ce qui signifiait que leur participation influencerait l'issue de l'affrontement, et cela l'inquiétait au plus haut point. Même s'ils avaient eu l'occasion de s'entraîner à la magie de l'art, c'était trop tôt.

Cependant, malgré le danger qui les menaçait, le dessinateur à côté d'elle semblait enthousiaste à l'idée de se battre. Une sorte d'étincelle brillait dans ses yeux, la même que lors de la première démonstration de ses pouvoirs, l'incendie de leur lycée. Il sortit un bloc à dessin, un crayon, des feutres et son habituel surligneur orange, puis se jeta dans la mêlée, aux côtés de l'auteure. Même si elle le trouvait étrange, Anouk jugea que la meilleure solution était de les aider. Ainsi, elle attrapa son ordinateur, lança son programme de montage, et plongea derrière les statues avec ses deux amis.

« Une baston, quel bon moyen de tester ses compétences ! s'écria Valentin, sans que les deux autres comprennent s'il était ironique.

— À ce stade, ce n'est plus un test, rétorqua Manon. C'est le bac de la magie de l'art.

 — Mais on n'est qu'en Première ! protesta Anouk. En octobre, en plus. On ne devrait pas se mettre en danger, on n'est pas prêts.

— Bah alors j'vois qu'une solution. On va tricher, et passer l'épreuve ensemble. »

Les filles se demandèrent s'il n'avait pas subi une surcharge d'énergie créatrice, pour suggérer une idée si... folle. Lui griffonnait la silhouette d'un de ses ennemis, comme s'il n'avait rien proposé de particulier.

« Je sais ce que vous allez dire. Comme quoi déjà tout seuls on est pas capables de faire quoi que ce soit. Mais justement ! Ensemble, on additionne nos forces. Je suis pas très fort en maths, mais je sais que le résultat peut être que positif. »

Tous trois se turent pendant quelques instants pour réfléchir, puis Manon finit par répondre :

« Eh bien... pourquoi pas ? Mais alors, je compte sur toi pour trouver une idée potable. Rien ne me vient. »

Anouk ne pouvait pas décider ce qui l'impressionnait le plus. Leur calme face au tumulte extérieur, le fait qu'ils s'accordent enfin sur un point, ou qu'ils proposent de travailler en groupe. Elle les avait connus si solitaires qu'elle se demanda s'ils n'étaient pas des personnages créés par leurs ennemis.

Mais l'idée de son ami la rassurait, alors elle accepta. Après une rapide concertation, ils commencèrent leur œuvre commune.

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