Tout a véritablement commencé quand Valentin a, sans le vouloir, incendié son lycée avec un dessin. Quelques jours plus tôt, Manon se rendait compte que ses nouvelles policières faisaient d'elle une complice de meurtres. Enfin, Anouk s'est improvisé...
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La fumée disparut aussi vite qu'elle était apparue : les Artistes se retrouvaient encerclés. Ils clignèrent des yeux quelques instants, pour s'habituer à nouveau à la lumière, puis observèrent les intrus. Si trois d'entre eux avaient l'air de magiciens de l'art tout à fait normaux, armés de ciseaux de sculpteur, d'une trompette et d'un ordinateur menaçants, les trois autres venaient de mondes étrangers. Les adolescents reconnurent d'abord les deux géants nordiques qui avaient participé à leur enlèvement, la veille : ils avaient visiblement survécu au combat contre la création d'Anouk. À moins qu'on ne les ait ressuscités... la graphiste tressaillit. Elle ne put s'empêcher de relier les yeux rouges du troisième personnage, un hybride au corps d'homme et à la tête de loup, au regard inquisiteur si effrayant de la tour d'archives. On la suivait donc depuis si longtemps ?
« Le... le monstre du Sénat, souffla-t-elle. C'est eux, qui l'ont... manipulé. »
Les deux autres acquiescèrent en silence. Ils se retournèrent vers le créateur, qui retenait sa colère. Il échangea quelques mots vifs en espéranto avec les ennemis, puis tendit les bras. Une brume blanche s'en dégagea, et lorsqu'elle s'estompa, quelques secondes plus tard, le masque mimétique se tenait au creux de ses mains.
Son apparence avait changé, depuis la pièce de théâtre : sa surface de porcelaine immaculée arborait désormais des arabesques multicolores, et prenait un éclat différent sous le soleil. Il semblait se révéler entièrement, maintenant qu'il était entouré d'Artistes, mais les adolescents ne comprenaient pas pourquoi. À vrai dire, ils étaient trop occupés à avoir peur pour tenter de comprendre quoi que ce soit.
« Qui... qui sont ces gens ? demanda Manon.
— Mes ennemis, je suppose, répondit l'homme. »
Il adressa aux envahisseurs un regard dur, puis recula vers les jeunes, comme pour les protéger.
« Nous ne vous voulons aucun mal, intervint l'un des Artistes en anglais, pour complexifier davantage ce mélange de langues. La Nouvelle Génération a juste besoin de votre masque.
— La... la quoi ? » bredouilla Valentin.
Et, euh, nous aussi on en a besoin, se dit-il. Et on était là avant. Alors, ouste.
Pour seule réponse, les ogres pointèrent leurs haches immenses vers eux, et la bête retroussa ses babines, pour dévoiler des crocs étincelants. Le dessinateur regretta d'avoir ouvert la bouche, et d'avoir pensé trop fort.
« La Nouvelle Génération, expliqua une autre Artiste, est la solution aux problèmes de l'Artivers. Une solution réellement efficace, comme monsieur le juge nécessaire. C'est pour cela que nous voulons sa création.
— Vous n'aurez pas le masque », affirma l'intéressé.
Il serra l'artefact contre lui.
« Alors, si ce n'est pas nous, ce sera le Sénat. Ces jeunes ne sont qu'un test, pour voir jusqu'où vous êtes prêt à aller pour le garder. S'ils échouent à le ramener, alors le Sénat enverra la Garde indigo. Peu importe quand, seul, vous céderez à sa pression. Est-ce ce que vous voulez ?
