- Chapitre 24 -

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Au bout d'un quart d'heure de route, Manon et Anouk s'étaient juré de ne plus jamais écouter Valentin

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Au bout d'un quart d'heure de route, Manon et Anouk s'étaient juré de ne plus jamais écouter Valentin.

Il avait beau avoir achevé sa formation de conduite, il était incapable de rouler dans une autre voiture que celle de son auto-école ou de sa mère, et il avait passé dix longues minutes à s'habituer au véhicule que la graphiste du groupe avait créé. Puis, nerveux, il avait dû s'y reprendre à trois fois avant de démarrer correctement. Même une fois lancé, il peinait à se repérer, et ne cessait de se tromper de sortie aux ronds-points. Et, bien sûr, il ponctuait ses erreurs de jurons et d'exclamations furieuses ou exaspérées. Insupportable.

Ainsi, les trois compagnons avaient passé plus de deux heures sur les petites routes d'Italie, à éviter la circulation — provoquer un accident n'était pas une bonne idée — et à rafraîchir les GPS de leurs téléphones, qui ne semblaient pas non plus savoir où ils se trouvaient. Quand enfin ils avaient franchi les portes de Florence, ils soupirèrent d'épuisement, mais aussi de soulagement.

« Nous voilà à Florence, la ville où Stendhal est devenu fou ! s'exclama le conducteur, d'un ton un peu trop enthousiaste au goût de ses amies.

— Il n'a pas sombré dans la folie au moment même où il est entré dans la ville, rectifia Manon depuis la banquette arrière. Elle est riche en monuments artistiques, mais pas au point de rendre fou quiconque y pose le pied.

— Ça me rassure, ajouta Anouk, assise à côté. Tu sais où il est allé, pour se sentir si mal ?

— Pendant que tu travaillais dans le train, j'ai pu me renseigner sur son voyage en Italie. Apparemment, c'était aux alentours de la basilique Santa Croce. Je ne sais rien de plus. Je lirai son livre à ce sujet, quand je pourrai.

— Pas grave, reprit Valentin, je vais juste éviter de m'en approcher. Je vais plutôt aller au centre-ville, et... »

Son sourire s'évanouit aussi soudainement que la fin de sa phrase.

« Anouk, j'arrive plus à attraper le levier de vitesse, t'as fait quoi ?

— Je... je sais pas.

— Pourquoi la vitre de mon côté est-elle en train de partir en poussière ? intervint Manon.

— Je sais toujours pas... »

Valentin s'empressa de les mener vers une rue isolée, tant qu'il le pouvait encore. En quelques secondes et sans un bruit, le véhicule s'était complètement désintégré, pour laisser les adolescents seuls, au beau milieu de la route. Ils restèrent un moment là, sans savoir quoi faire.

« Que les créations disparaissent au bout d'un moment, commença Manon pour briser le silence, je peux le comprendre. J'imagine qu'elles arrivent à court d'énergie créatrice pour fonctionner. Mais pourquoi de la lumière ou de la poussière, quand il y a mille autres manières de partir ? Anouk, tu as une idée ?

Artistes 1 - Le masque mimétiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant