Tout a véritablement commencé quand Valentin a, sans le vouloir, incendié son lycée avec un dessin. Quelques jours plus tôt, Manon se rendait compte que ses nouvelles policières faisaient d'elle une complice de meurtres. Enfin, Anouk s'est improvisé...
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Face à la révélation de Jaska, les adolescents ne surent tout simplement pas comment réagir.
Valentin ne voulait qu'une chose : se lever, frapper tout ce qui se trouvait autour de lui, neutraliser l'atelier, puis l'école, puis l'Artivers tout entier, afin que plus rien ne le menace plus jamais. Anouk fut partagée entre le soulagement de ne jamais avoir subi de surcharge d'énergie créatrice, et l'angoisse d'y être exposée, à l'avenir. Et elle pouvait elle-même rendre des gens fous, avec ses montages photo ? Elle commençait à se craindre.
Manon, quant à elle, ne s'était jamais sentie si vulnérable. Elle se demandait encore comment elle avait pu résister à la folie... à moins qu'elle ait sombré, sans s'en rendre compte. Elle n'en savait rien, et détestait ne rien savoir. De plus, d'obscurs souvenirs lui revinrent en tête : elle avait déjà eu la preuve que l'art pouvait tuer, puisqu'une de ses nouvelles avait motivé un criminel. Les conséquences dramatiques de la magie de l'art atteignaient une ampleur qui l'angoissait plus que jamais.
« Donc vous saviez qu'on pouvait devenir fous, et vous nous avez laissés entrer dans cette putain d'arène, martela Valentin.
— On n'avait pas le choix... bredouilla Tara.
— Si, putain, vous l'aviez ! Vous auriez pu nous laisser rentrer chez nous, parce qu'on avait rien demandé ! Mais à la place, vous avez décidé de rendre un service à votre pote, qui nous traite comme de la merde depuis le début ! Et notre santé mentale était en jeu ! Je sais pas, vous vous rendez compte du danger auquel vous nous avez exposés, ou c'est normal pour vous ?
— On ne s'attendait pas à ça, intervint Jaska d'une voix tremblante. Le Sénat non plus : il a perdu le contrôle. Si la transformation du monstre en est une preuve, il se peut qu'il y en ait eu d'autres, avant.
— J'imagine qu'au vu du résultat de cette épreuve, le Sénat ne nous posera plus de problèmes », conclut Anouk.
À nouveau, le regard des adultes les mit sur la défensive.
« J'ai reçu ceci de la part d'Inalén, annonça Tara en sortant de sa poche une petite enveloppe décachetée. Faites-en ce que vous voulez. »
Elle la leur tendit et ils l'ouvrirent, par dépit plus que par réelle volonté. Ils en tirèrent un disque gris, muni d'un bouton, et une lettre. Comme ils étaient plus habitués à cette dernière, ils la déplièrent et la lurent.
« Sénat, le 23 octobre 2018
Madame Inalén Sepúlveda, sans pseudonyme,
Après analyse des circonstances de l'épreuve déterminant votre réhabilitation, nous reconnaissons qu'elle a été perturbée par une force extérieure, qui nous est inconnue. Pour des raisons de sûreté, nous vous demandons de garder le secret sur cette intrusion. En outre, nous avons convenu qu'il était juste de vous accorder une nouvelle chance de prouver votre valeur. Ainsi, pour montrer qu'ils sont réellement des Artistes, monsieur Moreau et mesdames Archambault et Sayegh devront retrouver le masque mimétique. Vous trouverez ci-joint un enregistrement des archives du Sénat à ce propos. La validité de leurs doubles est étendue à quinze jours. Afin de garantir leur sécurité, vous et quatre personnes de votre choix êtes autorisées à les assister, sans les remplacer, au cours de cette mission.
