Tout a véritablement commencé quand Valentin a, sans le vouloir, incendié son lycée avec un dessin. Quelques jours plus tôt, Manon se rendait compte que ses nouvelles policières faisaient d'elle une complice de meurtres. Enfin, Anouk s'est improvisé...
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Tara s'efforça de garder son calme. Elle savait que les adolescents comptaient sur elle, et qu'elle ne pouvait pas leur faire vivre une nouvelle épreuve. Elle devait trouver un moyen d'arranger les choses. Alors elle décida d'utiliser son pouvoir d'une façon qu'elle n'aimait pas beaucoup.
Ses protégés ne remarquèrent pas grand-chose. Ils l'aperçurent juste plonger sa main dans la poche arrière de son pantalon, puis en tirer un tube rempli de deux liquides aux couleurs différentes, séparés par un compartiment vide. Elle s'empressa d'appuyer sur ses deux extrémités, et les deux sauces se rencontrèrent pour se mélanger. Aussitôt, une fumée orange s'échappa du flacon. Ensuite, ils ne comprirent pas vraiment ce qui leur arriva, mais ils eurent du mal à formuler des pensées cohérentes, et se laissèrent emmener par leur guide. Ils ne réalisèrent que quelque chose avait changé que lorsque l'ascenseur remontait la tour, vers plus hauts étages.
« Il... il s'est passé quoi, là ? bafouilla Anouk.
— Je ne sais pas si je vous l'avais dit, mais mon art me permet de manipuler les souvenirs des gens. »
En leur faisant boire du thé pour leur rappeler des souvenirs apaisants, par exemple, se dit la graphiste. Les autres adolescents ne comprenaient pas l'air particulièrement éclairé de celle-ci : n'exagérait-elle pas un peu ? En revanche, Tara tressaillit, puis reprit :
« Je n'aime pas vraiment m'en servir de cette manière, mais bon... j'ai dû faire en sorte que le garde ne se souvienne pas de nous.
— Quel garde ?
— Ah, ça vous a touché, vous aussi. Désolée. »
Malgré tous leurs efforts, rien ne leur revint en tête ; la magie de l'art continuait de les inquiéter. Et dire qu'ils étaient peut-être dotés de pouvoirs semblables, sans les connaître... comment feraient-ils pour les maîtriser ? Valentin craignait les années d'entraînement et de cours qui l'attendaient ; Manon craignait les échecs par lesquels elle devrait passer pour atteindre un niveau décent ainsi que leurs conséquences ; et Anouk... Anouk se craignait elle-même.
Mais l'ouverture des portes de l'ascenseur chassa leurs idées noires. Ils pénétrèrent dans une immense salle en forme d'anneau, dont l'engin occupait le centre. Une odeur de café flottait dans l'air. Les murs étaient entièrement vitrés, de ce fait une douce lumière baignait la pièce. Devant les parois, des centaines d'écrans, de claviers, de haut-parleurs et autres machines ultra-sophistiquées s'alignaient, comme dans les studios d'enregistrement des chaînes de télévision. De nombreux Artistes allaient et venaient, discutaient ou réglaient les différents appareils. L'endroit était assez fréquenté, pour une source d'informations confidentielles.
« Vous êtes sûre qu'on ne devrait pas monter plus haut ? demanda Manon de son habituel air méfiant.
— Au-dessus, ce sont les bureaux du Sénat. Et on devrait éviter de croiser les Sénateurs pour le moment.
