- Chapitre 8 -

111 23 103
                                    

	Depuis quand une inconnue me donne rendez-vous à sept heures du matin, pendant les vacances ?

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Depuis quand une inconnue me donne rendez-vous à sept heures du matin, pendant les vacances ?

Valentin n'allait pas supporter son entraînement longtemps. Depuis qu'il avait passé la porte de cette dimension étrange, la veille, tout l'avait épuisé. Les informations à assimiler, les croyances à déconstruire, les possibilités à prendre en compte... Et ce n'était que le premier jour. S'il se levait aussi tôt, c'était pour se présenter à sa première leçon de magie de l'art, et il n'était clairement pas prêt pour tant d'efforts. Ces cours l'agaçaient déjà autant que ceux de son lycée.

Il avait passé la fin d'après-midi dans un petit atelier de son école, à poser à Johanna toutes les questions qui lui traversaient l'esprit, sans y trouver beaucoup de réponses. Puis la nuit dans son appartement, sur Terre, avait été courte : il s'était remémoré les événements de la journée plusieurs fois, comme un film qu'il commençait tout juste à comprendre. Il avait essayé de les organiser, en vain : il n'avait jamais été très ordonné, et les notions qu'il lui avait fallu retenir semblaient trop incroyables pour être rangées dans sa mémoire. Finalement, le sommeil l'avait plus fatigué qu'autre chose. Et il avait quand même dû se lever de bonne heure, pour s'assurer que sa mère ne le surprendrait pas en train de dessiner un portail magique vers un autre monde.

Il attendait désormais sa tutrice — qui avait réussi à être encore plus en retard que lui —, devant l'école, qu'il griffonnait pour se distraire, et se tirer de la torpeur. Il devait avouer que s'il n'était pas un grand amateur de medieval fantasy, il avait toujours admiré les chevaliers, leur dévotion, et leur équipement majestueux. Posséder un atelier dans un gigantesque château fort, auquel il pourrait accéder quand il voudrait, et où il serait libre de dessiner ce qu'il voudrait, quand il le voudrait... jamais il n'avait imaginé de telles opportunités. Et il avait encore du mal à y croire. Même s'il s'appuyait sur le mur de l'édifice, il se demandait si celui-ci n'allait pas s'évaporer lorsque son réveil sonnerait, et qu'il reprendrait une vie normale, loin de ce rêve sorti de nulle part.

Puis des éclaboussures d'encre lui prouvèrent qu'il ne dormait pas. Un jet de peinture verte apparut devant lui et prit la forme d'un cercle : en un éclair, Johanna se tenait en face de lui, et le toisait de son air narquois.

« T'en fais une tête, railla-t-elle dans un anglais si rapide qu'il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle lui parlait.

— Euh... bonjour. »

Il se sentait incapable d'aligner plus de trois mots, et son accent était catastrophique. Il devait avouer que Manon avait raison : les paroles des chansons qu'il écoutait ne l'aidaient pas beaucoup, dans ce genre de situations.

« Tu t'es pas remis d'hier, c'est ça ?

— Pas vraiment. Il y avait... beaucoup de choses à retenir.

— Eh bien aujourd'hui, ce sera pire. Viens. »

 Valentin grommela un juron, et suivit sa guide. Mais une fois qu'ils eurent passé les imposantes portes de bois de l'école, pour débouler dans sa cour intérieure, son irritation s'estompa.

Artistes 1 - Le masque mimétiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant