Tout a véritablement commencé quand Valentin a, sans le vouloir, incendié son lycée avec un dessin. Quelques jours plus tôt, Manon se rendait compte que ses nouvelles policières faisaient d'elle une complice de meurtres. Enfin, Anouk s'est improvisé...
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Johanna aurait aimé permettre à son ami de dormir plus longtemps, vraiment. La bataille contre le colibri l'avait laissé dans un état pitoyable : la mort de sa toute première créature l'avait démoralisé comme s'il s'agissait de son propre enfant. En outre, il sentait tellement mauvais que le traîner jusqu'au camp de son héros avait été un pire calvaire que de combattre son monstre. La jeune femme l'avait connu négligeant de sa santé, capable de passer des nuits blanches pour finir un chapitre, ou de se nourrir exclusivement de café pendant trois jours, mais sa condition actuelle dépassait tout ce qu'elle pouvait imaginer. Elle aurait aimé lui permettre de se reposer, puis de réfléchir à une solution pour quitter la Forêt perdue, et de reconstruire sa dimension comme il le voulait.
Mais l'appel à l'aide d'Inalén ne lui donnait pas le choix.
« Il y a un problème ? s'enquit Tara, tandis qu'elle jurait face à son téléphone.
— Les gamins ont des ennuis. Va savoir pourquoi, ils peuvent utiliser leurs pouvoirs. Ils sont à Florence, ils cherchent encore ce foutu masque, et Inalén demande au Sénat un moyen de les rejoindre. Elle veut qu'on y aille aussi, de notre côté. Mais ils sont pas censés s'être fait kidnapper ?
— Alors, j'imagine qu'ils s'en sont sortis...
— Aussi facilement ? C'est louche. On les a sans doute laissés sortir. Et suivis.
— Et Inalén ne nous demanderait pas de l'aide si la situation n'était pas grave.
— En résumé, on doit partir. Maintenant. »
Sans laisser à Tara le temps de répondre, elle fit signe aux Gardes, assis à distance, de la rejoindre. Puis elle s'approcha de Jaska, étendu sous sa tente, et le secoua doucement. Au bout de cinq minutes de sollicitations, il ouvrit enfin ses yeux froids, injectés de sang. Johanna déglutit face à son état déplorable, et son expression incrédule acheva de l'attrister.
« Inalén a besoin de nous. On doit faire un portail pour la Terre, et de là, voler pour Florence. »
L'auteur hocha la tête, et s'appuya sur ses poings pour se redresser. Son amie profita du fait qu'il se tenait assis, et lui tendit un morceau de papier et un crayon. Puis, plus par obligation que par réelle envie de créer, il commença à écrire. Il réfléchit à un portail fait de lianes et de branches, et la végétation de la forêt à proximité vola à sa rencontre. Mais plutôt que de s'en émerveiller, comme d'habitude, il fut agacé par le bruit du vent et les feuilles qui fouettaient son visage. Sous ses yeux lassés de la magie de l'art, un tourbillon vert se forma. Il aperçut un immeuble en son cœur, et un espoir de retrouver la civilisation naquit en lui. Mais avant même qu'il eût pu y passer une main, la verdure tomba au sol dans un lourd fracas, comme un pantin que son marionnettiste aurait lâché.
« Ça ne va pas ? s'enquit Tara.
— Je... je ne sais pas. Johanna, essaie à ma place. Je n'ai plus assez d'énergie, je crois. »
