Hey! J'espère que vous avez passé une bonne semaine... Bonne lecture
- Avril 2018 -
Hayley
Je suis devant la vitre du salon, le regard perdu dans le vide. Des millions de pensées me parcourent l'esprit.
Cela fait plus d'une semaine et demi que je suis sortie de l'hôpital et je dois dire que cela fait du bien. L'environnement hospitalier n'est vraiment pas pour moi. La plupart des gens sont de mauvaise humeur et vous le font comprendre car l'un de leur proche ou eux-mêmes souffrent de quelque chose. Je compatis totalement à leur peine mais cela n'empêche que je déteste côtoyer ce genre d'endroit où la mort est présente à chaque recoin.
Rien que de me rappeler la raison pour laquelle j'ai été hospitalisée, me fait froid dans le dos. J'ai failli perdre mon bébé. Je place automatiquement ma main sur mon ventre. Je suis prête à tout pour protéger ce petit être qui grandit en moi. Je l'aime déjà de tout mon cœur et son père aussi. D'ailleurs, mon ventre commence légèrement à s'arrondir. J'ai déjà pris trois kilos. Je vais encore me détruire la silhouette mais cela m'importe peu, l'essentiel c'est que mon bébé soit en bonne santé.
Ma famille est tout ce qui m'importe. Je les aime de manière inconditionnelle. Rien que de penser à quel point le temps passe vite, je frissonne. J'ai du mal à croire que je connais Jake depuis plus de deux ans et demi et que Lucy va avoir un an demain. Un an. Une putain d'année que je n'ai pas vu passer. Ma fille grandit tellement vite que j'ai l'impression qu'elle va se retrouver à la fac avant même que je m'en rende compte.
Je sens soudain une présence derrière moi. Je n'ai pas le temps de me retourner que je sens les bras de mon mari m'encercler.
- Toi, tu es encore en train de trop réfléchir.
- Oui pour changer.
- Arrête d'autant réfléchir et repose-toi.
Je lève les yeux au ciel.
- Promis, je vais me reposer. Mais pas maintenant, je veux qu'on finisse de tout organiser pour demain.
- On a déjà tout préparé tu le sais ça?
- Il faut que je vérifie une dernière fois que tout est parfait. Ce sont les un an de notre fille. Elle mérite quelque chose de géniale.
- Tout est déjà dans la voiture. On fête ça chez ton père et tu sais que Cassandra s'est t'occuper de toute la partie qu'on ne pouvait pas faire. Fais-lui confiance. Ça va être génial. Donc tu vas me faire plaisir et t'allonger un peu.
Je ne sais pas si je dois trouver son insistance très lourde ou mignonne. D'un côté, il veut que je passe ma vie à me rien faire pour ne prendre aucun risque et d'un autre, je peux comprendre à quel point ma quasi fausse-couche lui a fait peur.
- J'ai faim. Je vais faire des pancakes et après, j'irai m'allonger.
- Hayley, il est dix-huit heures. On va manger d'en deux heures.
- Oui mais je suis enceinte et j'ai faim. Donc je vais faire des pancakes, je vais les manger et ensuite, je me reposerai une bonne heure. Ca te va?
Je l'entends soupirer et le sens mettre sa tête dans mon cou.
- Est-ce-que j'ai le choix?
- Non.
Il ricane dans mon coup. Je ne peux m'empêcher de sourire. Depuis une semaine, on retrouve peu à peu notre complicité, notre bonheur et je dois dire que ça fait du bien après les épreuves que nous avons traversé. Plus jamais je ne laisserai les choses aller aussi loin.
- J'ai un cadeau pour toi.
- C'est vrai?
- Oui.
- Pourquoi?
Jake a beau souvent me dire qu'il m'aime, il m'offre très peu de cadeaux. Je ne m'en plains pas, tout ce dont j'ai besoin c'est de lui, mais ça fait toujours plaisir de recevoir un présent de la part de l'homme que l'on aime.
- Il y a un an tu allais mettre au monde notre fille et j'ai pensé que toi aussi tu mérites quelque chose pour le courage que tu as eu ce jour-là.
Je suis touchée de savoir ça.
- Je vais vérifier que Lucy dort et je reviens avec ton cadeau, d'accord? Attends-moi.
Je le sens me relâcher. Quand je me retourne, il a déjà disparu dans le couloir.
Soudain, j'entends quelqu'un toquer à la porte. Je lève les yeux au ciel. Ça fait déjà deux que Chelsea vient aujourd'hui. La première fois pour savoir si tout était prêt pour la petite fête de demain et la seconde fois pour... exactement la même chose. Depuis que je suis revenue de l'hôpital, elle joue à la mère poule avec moi et ne passe pas une journée sans venir ou m'appeler.
Mais quand j'ouvre la porte, mon sang se glace: mon très cher beau-papa se tient devant moi.
Je lève les yeux au ciel.
- Vous.
- Jake est au travail?
Il me pousse et rentre dans l'appartement.
Le pire c'est qu'il n'attend même pas ma réponse. J'aurai pu lui répondre que Jake ne travaille jamais le jeudi après-midi. Après tout, il est rentré ici à ses risques et périls.
- Qu'est-ce-que vous faîtes là ?
- Tu as pu parler à Jake?
- Oui je lui en ai parlé en effet.
Pour lui avoir parler, je lui en ai parlé c'est certain. Vu à quel point cette dispute est partie loin, je préfère même pas retenter l'expérience.
- Alors ? Il va me donner son rein?
Je m'apprête à lui répondre quand Jake se fait entendre.
- Tu peux toujours courir.
La tête de Matt m'indique qu'il ne s'attendait pas à cette réponse. Je suis persuadée qu'il était convaincu que je manipulerai Jake pour parvenir à ses fins. Et dire que j'ai failli tombé dans son piège.
- Mais...
- Mais quoi? Tu as sérieusement cru que j'allais te le donner? Pourquoi je te rendrai ce service? Tu as déjà fait quelque chose pour moi, toi?
Matt reste bouche bée.
- Tu vois, même toi tu connais la réponse. Tu es un égoïste et ça ne changera jamais.
- Je ne suis pas égoïste.
- Bien sûr que si. Ça faisait plus de vingt ans qu'on ne t'avait pas vu et là tu reviens la bouche en coeur en nous disant sue tu es malade et que tu as besoin d'aide. Tu aurais beau être sans-abri que je ne te donnerai même pas un centime.
- Sans moi, tu ne serais pas là. Tu me dois la vie.
- Tu as juste servi à ma conception. Tu as pris deux minutes de plaisir et c'est maman qui a dû se taper toutes les responsabilités.
- Je n'étais même pas sûr que tu étais mon fils.
J'ai l'impression que je ne vais pas tarder à le frapper. Ce gars connait-il ne serait-ce qu'un tout petit peu son ex-femme? Jamais Catherine n'aurait trompé son mari. Elle est bien trop droite et respectueuse pour ça. Et puis la ressemblance entre le père et le fils est frappante bien que celui de Matt soit marqué par son ancienne utilisation de drogue et d'alcool.
- Qu'est qui te dit que je le suis maintenant ?
- J'ai compris que jamais ta mère ne m'aurait trompé. Mais revenons-en au sujet: je te rappelle que j'ai vraiment besoin de ce rein. Je vais mourir.
- Et moi je te rappelle que tu ne l'auras pas. Meurs. Ça m'est égal.
- Ta femme m'a dit qu'elle m'aiderait mais je vois qu'elle n'en fait rien.
Il m'inclus dans le problème maintenant ? J'ai pris sa défense et à cause de ça tout est parti en sucette.
- J'ai voulu vous aidez. J'ai parlé à Jake. À cause de vous, on s'est engueulé. J'ai dû partir de chez moi. J'ai failli perdre mon bébé à cause de tout le bordel que vous mettez dans nos vies! Alors ne me dites pas que j'aurai pu faire mieux parce que c'est faux!
Il me regarde avec de gros yeux. Je suppose que je l'ai choqué mais je n'en ai rien à faire. Je suis à deux doigts de vraiment lui en mettre une.
- Et votre chantage, vous vous le mettez où je pense! Il sait tout.
Il paraît choqué. Tant mieux. Au moins, il commence à comprendre qu'on ne veut pas de lui dans nos vies.
- Mais...
- Il n'y a pas de mais! Foutez-nous la paix. On ne veut pas de vous! Vous êtes un putain de manipulateur égocentrique ! Personne ne vous aime!
Jake se rapproche de moi et me prend la main.
- Elle a raison. On ne veux pas de toi. Alors dégage et ne reviens plus jamais.
Matt ouvre et ferme plusieurs fois la bouche. Apparemment, il ne sait pas quoi dire.
Déjà que mon attitude n'était pas de plus chaleureuse la dernière fois, cette fois-ci c'est le coup de grâce. Peut-être qu'on va enfin en être débarrasser. Je l'espère en tout cas.
- Je ne reviendrai plus.
Merveilleux. C'est pile ce que l'on voulait.
- Très bien. Maintenant dehors.
Jake a parlé de manière froide et ferme. Il a raison. Nous sommes chez nous. Si on veut mettre son père dehors, on a le droit. Par chance, ce dernier a l'air de bien le comprendre car il rebrousse chemin et quitte l'appartement.
Jake lâche ma main et se place face à moi.
- La prochaine fois qu'il vient, je te jure que je vais faire un massacre. Il faut lui dire dans quelle langue qu'on ne veut pas le voir?
- Il ne reviendra pas. (Du moins, je l'espère) Il l'a lui-même dit.
- S'il y a quelque chose que j'ai très vite compris avec lui, c'est qu'il ne faut jamais croire ce qu'il dit. C'est un menteur né.
- Tant que l'on en est débarrassé pendant quelque temps, moi ça me va.
- En tout cas, je suis très fière de toi.
Il me sourit. Qu'est-ce-que j'ai fait?
- Pourquoi?
- Tu as réussi à le rendre muet. Il ne savait plus où se mettre. Tu as pris mon parti et pour ça : merci. J'ai bien retenu la leçon : je dois soutenir mon mari autant qu'il me soutient. Et puis il n'a pas tort, je dois respecter sa décision. Donnez son rein à quelqu'un que l'on méprise depuis le début de sa vie est quelque chose d'assez compliqué.
- C'est normal. J'ai dit que je serai de ton côté dorénavant. J'ai juste respecté ma promesse.
- Merci.
Il se penche vers moi et m'embrasse.
- Maintenant, changeons de sujet: j'étais parti chercher ton cadeau quand il a débarqué. J'aimerai donc te le donner maintenant.
Je le vois prendre une petite enveloppe posée sur la table. Je n'avais même pas remarqué à cause de mon altercation avec son père qu'il avait posé quelque chose là.
- Tiens.
Je me demande bien quel genre de cadeau peut tenir dans une enveloppe. Ça pourrait être une lettre mais si c'est la cas, je ne vois vraiment ce qu'elle pourrait contenir.
- Ouvre.
Il parait aussi excité qu'un gamin, c'est dingue.
- Ok.
Je déchire rapidement le haut et plonge ma main dans l'enveloppe. J'en sors deux billets d'avion.
- On va voir ta famille à Melbourne?
J'avais vraiment pas pensé à ça.
- Oui. La semaine prochaine. Ma mère m'a dit qu'elle aurait beaucoup aimé venir mais tu la connais, elle et avion ça ne fait vraiment pas bon ménage. Elle a déjà fait l'effort de venir pour voir Lucy juste après sa naissance, on ne va pas lui en demandé trop.
Je suis contente à l'idée de ce voyage mais j'ai l'impression que Jake n'est pas conscient des problèmes qu'il va poser. D'après les billets, on part dimanche et on revient le samedi juste après.
- Jake, tu es en vacances la semaine prochaine mais moi, je travaille.
- J'ai parlé avec ton patron et il m'a dit que c'était bon. Tu avais des jours de congés à prendre. C'est à la dernière minute mais tout est ok. Tu peux abandonner tes traductions pour toute la semaine.
- Mais il faut que je me repose et je suis pas sûre que l'avion soit recommandé.
Il me sourit.
- J'ai parlé avec ta gynécologue qui a lu ton dossier de la semaine dernière. Tu peux prendre l'avion. L'essentiel c'est que tu n'en fasses pas trop.
Il a donc non seulement réglé mes problèmes de travail et de santé. Je suis impressionnée: il a pensé à tout.
- Tu es contente?
- Bien sûr que oui. Je ne suis pas contre une semaine de vacances après ce qu'on vient de traverser.
- Ça je l'avais compris. C'est bien pour ça que l'on part chez moi.
- Chez toi? Je pensais que chez toi c'était là ou j'étais.
- Dans mon pays natal si tu préfères. J'ai beau être américain, je n'en reste pas moins aussi australien.
Ça je le sais, vous pouvez me croire. Il est tellement fière de son Australie qu'il passe sa vie à vouloir manger tous les plats qui viennent de là-bas. Ce mec est grave, je vous jure.
- T'inquiète pas tu vas la retrouver ton Australie chérie.
- Alors ça te fait vraiment plaisir?
- Oui.
- Tant mieux.
Il me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement.
Ce voyage tombe à pic. Après tout ce qui s'est passé, j'en suis plus que heureuse. Plus de Matt, plus de disputes et surtout, mon bébé ne souffre pas. Que demandez de plus?
Alors? J'attends vos réactions... Bonne semaine