Min Chonay
Je rentre du bureau, épuisé. Les recherches sur Eumae n'apportent rien, mon monde semble s'écrouler un peu plus chaque seconde. Je me dois cependant de garder la tête haute et aider ma famille dans cette terrible passe. La famille... les traits fins de mon neveu se dessinent dans ma mémoire. Jimin, est-ce que tout se passe bien dans l'enquête pour toi ? Un soupir déchirant franchit mes lèvres. Il a été blessé par mes mots cruels et pourtant, il a décidé de me pardonner. Ce surnom « tonton » en était une belle preuve. Nous souffrons tous de la perte d'Eumae mais j'ai été aveuglé par mes propres sentiments, sans être capable de me mettre à la place des autres. Ce n'est pas digne d'un chef de clan. A cette pensée, le regret m'assiège. Il erre dans mon esprit, comme un vieil ermite perdu entre les montagnes regrettées. Il faut que je sois plus fort que ça.
Je déverrouille la porte d'entrée et ne ressens aucune présence dans la maison. Namjoon a dû sortir prendre l'air pendant son jour de congé et Jimin est sûrement à l'APMM. Je rejoins directement le salon et m'affale dans le canapé. Mes paupières se ferment, la paume sèche de ma main passe sur mon visage, essaie de laver la tristesse qui s'y est gravée. Une vibration dans ma poche me fait rouvrir les yeux. Je retire mon portable du manteau et regarde le message de Yoongi. « Le proviseur a convoqué toute l'équipe du festival pour les féliciter de leur travail. Je rentrerai sans doute un peu plus tard que prévu ce soir. A tout' pa'. » Je hoche la tête à la fin de ma lecture comme s'il allait voir mon approbation et balance ensuite mon cellulaire sur la petite table de la salle à manger. Ma tête se cale sur la surface moelleuse du canapé, mon regard scrute le plafond blanc sans vraiment le regarder. C'est comme si mon esprit s'éteignait après toutes ces souffrances.
Je reste pendant quelques minutes dans cette position, ne voulant rien faire, ne pensant à rien, juste m'évader dans ces songes intriguants et obscures ; mais ma raison se rétablit dans un coin de ma tête et me force à bouger. Elle m'empêche de rester là, à attendre que la vie défile. Je me lève ainsi du sofa et me dirige à pas lents vers mon bureau. Je remarque directement quelque chose d'inhabituel dans la configuration de mon bureau, quelque chose qui n'était pas là quand je suis parti ce matin. Une enveloppe où mon nom est écrit en énorme dessus est placée bien en évidence sur le devant de mon bureau. Intrigué, je m'en empare et l'ouvre avec précaution. Mes mains se pétrifient en voyant son contenu. Le carnet d'enquête de Jimin. Mon regard n'arrive pas à se détacher de l'objet, la sensation du cuir détendu sous mes doigts paraît irréelle, pourtant, en ce moment, il se trouve bel et bien entre mes mains.
Jimin ne laisse jamais personne ouvrir son carnet, jamais. Il n'y a que lui qui ait pu le laisser là et il veut que je le lise. Je l'ouvre alors avec une lenteur inexplicable, mes doigts ridés font trembler le papier. Les dernières pages me délivrent son avancée sur l'enquête, un monde inconnu se dévoile sous mes yeux stupéfaits.
Certaines phrases sont soulignées -cela peut être des traits fins ou grossiers-, des mots se baladent dans la marge comme s'il n'avait aucun lien, d'autres sont rattachés à des phrases par des flèches entortillées. Ce carnet est un immense schéma. Je tourne les pages et crée certains liens au fur et à mesure de ma lecture. Seokjin était l'ancien professeur remplaçant qui révélait l'existence du « démon » chez les vampires, faisant lien avec la loi 47. Il connaissait l'existence du dossier 530 et voulait aussi le voler. Il appartenait également au clan Anje, cette famille était très proche du clan Kijamte mais il y a 10 ans, le clan Anje a été éliminé dans un incendie et le clan Kijamte a disparu. Ce que je ne comprends pas est ce mot, « réseau », qu'il met un peu partout. Serait-ce une organisation criminelle ?
Je repousse mes interrogations en arrivant enfin à la dernière page. Un bout de papier, glissé entre les feuilles, tombe alors du carnet et atterrit par terre. Je m'accroupis pour l'attraper et y lit une adresse. Qu'est-ce que ça peut bien être ? Mon attention se détourne bien vite de cette information en voyant du coin de l'œil une phrase écrite au stylo gras à la tout fin du cahier « JUNGKOOK A LE DOSSIER VOLÉ, RENDS-TOI CHEZ LUI IMMÉDIATEMENT. N'EN PARLE À PERSONNE. » Je fronce les sourcils et reste un instant perplexe.
Jungkook aurait volé le dossier ? Mais qu'est-ce qu'il aurait bien avoir dans cette enquête ? Puis, je vois mal un jeune homme réussir à pénétrer dans le système de l'APMM... A moins qu'il ait eu un entraînement spécial ? Ce serait le cas pour Taehyung aussi alors, non ? Pourtant, il ne nous a manifesté aucune technique particulière... mais il y a le démon aussi. Est-ce qu'il y aurait un élément relié à cela dans le dossier volé ? Je n'en ai aucune idée.
Toutes mes suppositions sont vouées à l'échec. Je ne suis plus assez investi dans cette enquête pour en ressortir de quelconques théories, cependant, Jimin n'agit pas sans raison. Il aurait pu aller lui-même voir Jungkook, j'en suis certain, mais s'il ne l'a pas fait, c'est qu'il n'y a qu'une seule raison possible...
Il s'est mis en danger.
Ni une ni deux, je sors du bureau et me précipite vers mes chaussures et mon manteau. Je vérifie bien d'avoir ma plaque de police dans la poche intérieure de mon habit avant de l'enfiler et sors de la demeure en courant. Mes pas se stoppent net sous le grand porche. Je ferme les yeux, faisant peu à peu abstraction des bruits environnants, et éteins mon esprit. Mon corps ne devient qu'une coque vide, plongé dans un océan de ténèbres et de connections ; mon âme cherche celle de Jimin à travers Séoul. Dans ce tourbillon noir et froid, un frisson d'horreur me parcourt soudain. Les sentiments de Jimin me sont transmis... Il angoisse.
J'ouvre brusquement les yeux et me dirige à toute allure vers ma moto de service. Localiser la position de mon neveu est impossible, il doit donc être trop loin d'ici. Néanmoins, grâce à l'entraînement du clan, nous avons développé ce « lien des âmes » qui permet de nous connecter les uns aux autres, de ressentir les émotions de chacun et même de pouvoir se retrouver dans une zone limitée. C'est aussi comme cela que nous communiquons par télépathie. Il suffit cependant que la surface soit trop étendue pour perdre la trace de l'autre mais jamais l'âme. Jimin a des problèmes.
La route pour aller chez Jungkook se retrace ainsi immédiatement dans ma tête, le temps est compté. Le moteur de mon engin crache, les roues crissent sur le bitume en franchissant le portail. Je déclenche la sirène bleue de police et roule à en perdre la raison dans tout Séoul. Des lignes de couleurs se tracent tout autour de moi, mon champ de vision se rétrécit. Seul mon instinct me guide, les feux-rouges, les passages piétons, les intersections, tout est passé avec brio. Mon compteur n'a jamais été aussi élevé et l'aiguille des vitesses n'est jamais redescendue jusqu'à ma destination. J'arrive ainsi devant la maison des Jeon en moins de dix minutes. Ma moto mise de côté et enchainée, ma silhouette svelte s'élance dans l'allée de gravier. La tête haute et le regard fier, mes mains s'accrochent au pan de mon pantalon pour cesser leurs tremblements. Allez.
J'inspire une grande bouffée d'air, faisant redescendre ma nervosité au fond de mon estomac, et toque à la porte. Les oiseaux me répondent, certains se posent sur la belle voiture garée à l'entrée et m'observent trépigner. J'attends quelques minutes sous le porche de cette maison luxueuse. Mon pied tape rageusement les dalles, impatient et rongé par l'inquiétude. Le verrou tombe soudain et me fait sursauter. La porte s'ouvre sur un grand homme, aux épaules larges et au regard perçant. C'est sans aucun doute monsieur Jeon.
Il me jauge de haut en bas avant de parler, sa voix aussi tranchante qu'un couteau.
« Bonsoir. »
Sa mine impassible me déboussole quelque peu mais rien dans mon attitude ne lui fait savoir. Je me redresse et soutiens son regard, le stress grignotant toujours un peu plus mon esprit.
« Bonsoir monsieur Jeon ? »
Il fronce les sourcils et opère un scan minutieux de ma personne.
« Oui ? » Me répond-il sur la défensive.
Je serre les poings et débite d'un coup mes paroles comme si mon cerveau n'arrivait plus à anticiper mes actions.
« Excusez-moi, la situation est délicate mais j'aurais besoin de voir Jungkook... Votre fils a en sa possession quelque chose qui fait l'œuvre d'une enquête et... »
Cette précipitation ne me ressemble pas, elle me déconcerte et renforce l'incompréhension de mon interlocuteur. Savoir Jimin en danger me fait perdre les pédales. Monsieur Jeon me coupe alors franchement la parole, une veine traverse son front et lui procure un air autoritaire.
« Et ? Pouvez-vous vous présenter d'abord ? »
Tout mon corps se tend, au garde à vous, ce rappel me ramène à mon moi inébranlable. La fierté et le devoir repoussent ma panique. Chonay, reprends-toi !
« Oui, excusez-moi, j'en perds mes manières. Je suis Chonay Min, enquêteur fédéral de l'APMM.. » Dis-je en sortant ma plaque. « ..et 11ème chef du clan Min. J'ai absolument besoin de savoir où est votre fils, s'il v... »
Le bruit d'ustensiles retentit dans la maison, une voix féminine s'éclaire au loin.
« Chéri, il y a un problème ? »
L'homme face à moi se retourne à peine, positionnant son bras entre moi et l'intérieur, et répond d'une voix douce et calme.
« Non aucun, je discute. »
Il finit sa phrase en posant ses pupilles acérées sur moi et met un pas à l'extérieur, refermant à moitié la porte derrière lui, la main posée sur la poignée. Son aura s'épaissit, devient plus dominante. Il essaie de m'intimider. Son visage impassible ne me laisse voir qu'un homme sec et franc.
« Qu'est-ce que mon fils a qui vous importe tant ? »
Le ton de sa voix s'assombrit, son regard essaie de me percer à jour.
« Je ne peux pas vous le dire monsieur. » Répliqué-je avec sang froid.
Révéler des informations sur une enquête à une personne extérieure à l'APMM est contre tout principe et je suis sûr qu'il en a conscience. Il me teste.
« Dans ce cas, je ne peux point vous aider. »
Il s'apprête à rentrer chez lui lorsque mon pied bloque le bas de la porte. Monsieur Jeon me jette un regard noir, la mâchoire serrée.
« Cette enquête est de la plus haute importance, je vais vous le demander une deuxième fois : où est votre fils ? »
Ma voix devient glaciale, mes iris clairs pénètrent l'esprit agité de monsieur Jeon. Il détourne le regard un court instant, le temps de reprendre contenance, et le replante sauvagement dans le mien. Une bataille acharnée démarre entre nous, celui qui lâchera en premier le bout de sa requête faillira.
« Où est votre mandat ? » Demande-t-il froidement, un rictus se forme au bord de ses lèvres.
Je déglutis légèrement, l'estomac noué. Merde !
« Je n'en ai pas, c'est bien plus compliqué que ce que vous pensez. »
Mon attitude calme le fait douter de ses positions. Il ne répond pas, essaie de comprendre mes intentions, discerner le vrai du faux. Je vois dans son comportement une ouverture et continue, lui délivre à mon tour quelques unes de mes incertitudes.
« Il faut que votre fils me donne un dossier qui pourrait m'aider à résoudre une enquête mais également à sauver l'un des membres de mon clan... »
Je ne quitte pas monsieur Jeon des yeux lorsque son regard sévère se porte derrière moi, le bruit du portail et de pas étrangers me mettent en alerte.
« Papa... il y a un problème ? »
Je me retourne et vois apparaître Jungkook à l'entrée du jardin. Il me remarque et semble étonné de ma présence ici, fronçant les sourcils.
« Un dossier vous dites ... » Susurre monsieur Jeon d'une voix sombre, ses yeux orageux foudroient son fils.
Jungkook ressent toute la colère qui émane de son père et a l'air de comprendre directement de quoi il s'agit. Il fait deux pas en arrière, l'esprit dévoré de questions. C'est sans compter sur monsieur Jeon dont la voix menaçante le rappelle à l'ordre.
« Jungkook. Ne pars pas si vite voyons. »
Un frisson me parcourt le bras droit en entendant sa phrase, il sait très bien ce qu'a fait son fils...
Le jeune homme s'avance ainsi dans l'allée -essuie ses mains moites sur son pantalon le plus discrètement possible- et arrive à peu près à ma hauteur, son être entier trempe dans la peur. Il est aisé pour moi de comprendre à quel point la situation dans laquelle j'ai mis Jungkook est compliquée.
« Bonsoir monsieur Min. » M'adresse-t-il d'une voix faible.
Mes yeux font des allers/retours entre les deux individus, la scène est difficile à supporter. L'aura écrasante de monsieur Jeon me fait appréhender. Jungkook relève un peu la tête et croise alors son regard, il déglutit et vient immédiatement se poster à ses côtés. J'essaie de capter l'attention du plus jeune mais il évite tout contact visuel, ayant peur des représailles de son père.
« Bien, veuillez nous excuser mais nous ne pouvons rien pour vous. »
Monsieur Jeon s'apprête ainsi à clore notre discussion, refermant peu à peu la porte, mais mon esprit animal rugit. Il voit dans cette opposition une menace, un danger. Si je ne fais rien, peut-être n'aurais-je aucune autre chance pour sauver Jimin. L'alpha en moi se réveille alors, un grognement sinistre résonne dans ma gorge. Mon air courtois et réservé est laissé tomber. Le chef de clan Min se dresse enfin devant eux, fier et déterminé. Mon objectif n'est pas atteint et je ne les laisserais pas filer sans avoir eu ce pourquoi je suis venu.
« Il FAUT que vous me le DONNIEZ. » Mon changement de caractère les prend de court, Monsieur Jeon se met en position de défense et Jungkook sursaute. « Park Jimin, un des membres du clan est en danger ! Et par votre attitude, je sais très bien que vous saviez ce que je recherche... Où est le dossier !? »
Mes paroles rendent monsieur Jeon perplexe mais il se ressaisit vite pour ne me laisser entrevoir aucune autre de ses émotions. Ses pupilles deviennent aussi sombres que les abysses tout comme doivent être les miennes. Il laisse apparaître ses canines pointues, un bras protecteur tendu entre moi et son fils. Un nuage de colère et de méfiance brouille nos esprits, aucun de nous deux ne cède. Cette lutte verbale nous dépasse, elle attrape nos corps et nous cloue sur ces monts, au bord de la falaise, nos propres limites.
« Mon fils va se tenir en-dehors de tout ça... »
Je m'apprête à répliquer, la source de ma colère bouillant dans mes entrailles, mais je suis coupé dans mon élan par le geste brusque de Jungkook ; il abaisse le bras de son père et s'avance d'un pas vers moi, le regard dur.
« Rentrez. » Déclare-t-il.
Son père écarquille les yeux et le dévisage, incrédule, comme si un fou avait aliéné son fils. Il ne lui faut cependant qu'un court instant pour réaliser tout ce qu'implique les intentions de Jungkook. L'expression de son visage change du tout au tout, passant de la surprise à la colère. Une veine proéminente émerge sur son front, sa mâchoire se contracte, laissant apparaître davantage ses canines.
« Comment ?! » Hurle-t-il.
Jungkook tressaute mais se reprend très vite. La voix tremblante, il s'oppose du mieux qu'il peut à la parole de son père.
« Papa, faut élucider tout ça.. moi-même j'y comprends rien. »
Monsieur Jeon secoue la tête, désapprouve cette décision, il attrape le bras de son fils et le tire un peu à l'intérieur.
« Non Jung... »
Le plus jeune se dégage alors vivement de son emprise et se poste à mes côtés. Je déglutis et les regarde se confronter avec violence, sans pouvoir rien faire, l'impression de me revoir avec Jimin.
« SI, t'es le premier à toujours faire des magouilles dans ton coin mais là, il ne s'agit pas que de moi ! Jimin est... quelqu'un que j'apprécie, s'il est en danger, je n'accepterais pas de rester là à ne rien faire. »
Son débit de paroles est démentielle, le souffle lui manque. Sa tête se tourne brusquement vers moi, l'irritation et la confusion dansent dans ses prunelles. Elles allument en lui un brasier qui alimentent sa décision et le poussent dans ses actions. Il va m'aider, pourtant, il a volé le dossier non ?
« Venez. »
Il attrape mon poignet et bouscule l'épaule de son père pour rentrer dans la maison. Sa mère, alertée par le désordre, passe une tête en-dehors de ce qui doit être la cuisine ; elle reste muette en me voyant rentrer avec son fils et devient à son tour spectatrice.
Monsieur Jeon accourt vers son fils et attrape son épaule avant de le tourner vers lui d'un coup sec. Jungkook esquisse une grimace de douleur mais ne dit rien, sa mère hésite à intervenir mais je lui fais signe que non lorsque nos yeux se croisent.
« Tu m'as menti ! » Hurle le père.
Son regard traduit toute la déception que lui fait éprouver son fils mais, il n'en est rien comparé à la tristesse et la rancœur qu'a enfermé Jungkook pendant trop longtemps et qu'il laisse enfin s'échapper.
« Oui mais c'est parce que je voulais comprendre, pour une fois, ce que tu trafiquais ! Tu as toujours été comme ça, à manigancer des choses dans notre dos alors j'ai voulu comprendre ! »
Les yeux de Jungkook deviennent rouges, l'envie de pleurer l'assaille mais il se retient par fierté. Il veut montrer à son père qu'il est aussi fort que lui, qu'il n'a pas à le mettre de côté. Des sentiments refoulés qui ne seront jamais proclamés mais dont les actes en révèlent tout le sens. C'est donc monsieur Jeon qui a demandé à son fils de récupérer le dossier, sans qu'il sache le motif. Jungkook lui aurait donc dit qu'il n'avait pas réussi à le voler pour comprendre par lui-même les motivations de son père...
« Arrives-tu seulement à comprendre l'erreur grave que tu as commise en me le cachant !? » Répond-il, sa voix tremble un peu sur les derniers mots qu'il prononce. Il se retourne alors vers moi, le regard furieux. « Et vous ! Pourquoi vous vouliez ce dossier, hein ? Vous êtes là pour Taehyung c'est ça !? »
Il est prêt à m'attaquer, aveuglé par la peur. Sa raison me paraît absurde, néanmoins, je relève ma garde face à ce vampire puissant. Sa femme se rapproche de lui, tente de le calmer mais il évite son contact. Ses pupilles suivent le moindre de mes gestes, ne me laissent aucune ouverture. Il se sent plus menacé que jamais et n'hésitera pas à m'attaquer si je fais la moindre action suspecte. Sa colère sourde et muette tonne comme le plus violent des orages. Je reste ainsi à ma place, le cœur affolé, et lui montre mes mains vides. Une technique majeure que l'on enseigne aux policiers pour calmer les humeurs d'un individu dangereux.
« Je ne sais pas pourquoi vous ramenez Taehyung dans cette histoire mais ce dossier fait l'objet d'une enquête à un niveau quasi-mondiale, cela n'a rien à voir ! En le dérobant, vous avez commis un crime grave ! »
Monsieur Jeon fronce les sourcils et me scrute perdu. Sa femme le voit bien et arrive cette fois-ci à atteindre sa main. Ses doigts s'entremêlent aux siens, câlinent sa peau. Ce geste affectueux a l'air d'apaiser les ardeurs de son mari même s'il ne m'abandonne pas une seule seconde des yeux. Je soupire, épuisé.
« Laisse-le au moins s'expliquer d'accord ? » Lui conseille son épouse d'une voix tendre.
Monsieur Jeon ne dit rien, il détaille les traits de sa bien aimée, s'imprègne du grain de sa peau. Malgré, sa réticence et sa méfiance qui se fait ressentir à travers toute la maison, il finit par acquiescer et la laisse me parler. Elle garde sa main dans celle de son mari et me fait face, un sourire poli s'affiche sur son visage.
« Bonsoir, de quoi parliez-vous donc monsieur ..? »
« Min. »
Ses sourcils s'arquent en entendant mon nom de famille, elle ne cache pas sa surprise et prend son temps pour me poser sa seconde question.
« Vous... êtes le père de Yoongi ? »
Je hoche la tête pour approuver ses dires. Elle se tourne un court instant vers son compagnon, portant sur lui des yeux accusateurs, avant de me regarder d'un air désolé.
« Oh... Que nous voulez-vous ? »
Sa voix douce a le don d'éteindre la chaleur ardente qui fumait dans nos esprits. Je me sens tout de suite plus à l'aise en sa présence et lui développe ainsi ma requête.
« Jimin, mon neveu et agent, m'a dit que Jungkook avait volé le dossier qu'il recherche depuis longtemps dans le cadre d'une enquête, je suis donc venu le récupérer pour avoir des preuves solides. » Je marque un temps et regarde Jungkook qui est soucieux, puis me tourne vers le père. « C'est quelque chose de très sérieux monsieur Jeon, j'ai vraiment besoin de ce dossier. Je sais que je n'ai pas de mandat mais c'est parce qu'il fallait faire vite. Jimin est en danger de mort. »
Ma dernière phrase a l'air d'agiter Jungkook. Il quitte la pièce en un coup de vent, monte les escaliers à la hâte, son père s'apprête à le rattraper mais sa femme le retient par la manche de sa chemise. Mes prunelles examinent le comportement de ce dernier, la façon dont ses muscles se contractent lorsqu'il sent que je l'observe, sa défensive et son agressivité infondée à mon égard. Nos regards se connectent à nouveau, j'essaie de ne pas le brusquer mais reste planté sur mes positions, me devant d'honorer ma mission.
« Il va falloir coopérer monsieur Jeon. Ce que vous avez fait faire à votre fils est très grave. La peine que vous aurez sera lourde. »
J'observe leurs réactions à mon annonce. Madame Jeon paraît bien plus affecter, elle porte une main à sa bouche et cherche le réconfort de son homme. Lui, me scrute impassible pendant des secondes interminables, jusqu'à ce que son rire sec froisse le silence de la pièce. Il baisse la tête et hausse les épaules. Madame Jeon essaie de capter son regard mais il ne lui porte aucune attention et me défie encore une fois. Ces iris noirs m'emprisonnent dans la tourmente, me délivrent un milliers de regrets et de fautes qui ne peuvent être oubliés.
« Oh vous savez, je n'en serais pas à mon premier délit. » Dit-il à mi-voix.
Mon attention se porte directement sur sa femme à sa déclaration, sur l'expression que son visage arbore. Elle est compatissante, caresse doucement le bras de son mari. Elle savait.
Le bruit de pas sur ma gauche me surprenne alors, Jungkook est enraciné à la fin des escaliers et fixe son père. Je n'avais pas du tout senti sa présence. Ses traits arborent une expression confuse et peinée. Lui, par contre, il n'en avait aucunement connaissance. Son père ne quitte pas son fils des yeux, cet échange brutal se déroule en silence. Une ambiance électrique inonde la pièce dans laquelle s'engouffre la rancœur et la déception.
Le plus jeune se met soudain à bouger, brisant leur contact, et s'avance vers moi.
« Jung... »
« Il y avait ce disque dur dans le dossier. » M'adresse-t-il, coupant la parole à son père.
Mon cœur se sert en assistant à cette dispute, mais que puis-je faire ? Mon regard se baisse alors sur l'objet qu'il me tend. Je le prends avec précaution pendant que Jungkook prépare une table pour installer l'ordinateur et le projeteur qu'il a également rapportés. Mes doigts étreignent le plastique, essaient de ressentir toutes les données enregistrées à l'intérieur. Je tilt.
« Les données des agents... » Murmuré-je pour moi-même sous le choc. « Ouvre-le s'il te plaît. »
Mon ton inflexible le fait s'exécuter de suite. Mes yeux détaillent la façon dont Jungkook branche le disque dur à l'ordinateur et le déverrouille avec aisance. Je doute que ce disque n'était pas protégé au départ. Comment a-t-il réussi à l'ouvrir ? A-t-il appris à craquer des codes, à pirater ? Mais comment, avec qui ? Plongé dans mes observations, une âme agitée perturbe l'atmosphère de la pièce et m'empêche de me concentrer. Je lève les yeux et tombe sur monsieur Jeon, son corps tendu trahit l'expression imperturbable qu'il revêt à la perfection.
Jungkook branche l'ordinateur au projecteur et dirige l'image sur le plus grand mur blanc du salon. Une multitude de rapports d'enquête et de guerre est projetée. Je fronce les sourcils, intrigué, et me rapproche pour pouvoir en lire le contenu. Ils parlent de l'armée coréenne, des jeunes soldats envoyés dans les pays en guerre. Un détail me revient soudain. J'ouvre le carnet de Jimin, coincé dans ma poche de manteau, et relis les dernières pages. Seokjin a été expédié dans un de ces pays pendant son service à 18 ans... Cela coïncide trop pour n'être qu'un simple hasard. L'homme qui tenait ce journal de bord a également cité le « réseau », ce nom revient quasi systématiquement dans le carnet de Jimin. En y regardant bien, l'ensemble de ces rapports semble mettre à jour les exactions et les crimes du « réseau ».
J'écarquille les yeux en réalisant quelque chose d'essentiel : monsieur Jeon voulait voler le dossier, non ? Il savait donc logiquement ce qu'il y avait dedans.
Je réagis au quart de tour et me tourne en sa direction, mon arme pointée sur lui. Madame Jeon et Jungkook reculent d'un pas, apeurés par ce soudain retournement de situation. Ils me regardent tous les deux, les yeux exorbités, le souffle coupé, pendant que monsieur Jeon me foudroie de son regard noir. L'atmosphère de la pièce est étouffante, le silence s'étend et nous écrase de son poids. Chacun de nous attend, essaie d'anticiper le mouvement de l'autre. Monsieur Jeon et moi nous jaugeons, mesurons nos forces. Je m'approche lentement, ma voix descend dans les graves et ébranle les âmes.
« Vous faisiez vos recherches sur quoi au juste monsieur Jeon ? » Grogné-je, menaçant.
Il reste silencieux, son regard dévie un court instant sur son fils à deux mètres de moi. Il soupire et ébouriffe ses cheveux de sa grande main, la tête baissée. Il laisse retomber ses bras le long de son corps et serre les poings à s'en faire blanchir les phalanges. Il essaie de lutter une dernière fois, se répète de ne rien révéler mais ses aveux ne vont pas tarder, je ne connais que trop bien ces moments de résignations où la personne interrogée se sent comme un animal en cage, prêt à se débattre mais vaincu.
Il relève ainsi lentement les yeux sur moi et semble décidé, seulement, aucune hostilité ne flambe dans ses prunelles. Un brouillard épais embrume ses pensées. Ainsi, plongé dans ce silence pesant où l'on pouvait presque palper les battements de nos cœurs, la voix rauque de monsieur Jeon laisse évader ses secrets.
« Je travaillais pour le père de Taehyung. »
Je fronce les sourcils à cette révélation surprenante, ne comprenant pas où est le rapport.
« Hein ? Que voulez-vous dire ? »
Monsieur Jeon se déplace dans la pièce et tire une chaise de la table à manger pour s'y asseoir. L'arme toujours sur lui, je m'approche à tâtons, mes sens à l'affût. Sa femme le rejoint et reprend sa main ; Jungkook, quant à lui, reste en arrière et attend tout comme moi les explications de son père. Ce dernier ressent le regard insistant de son fils, semblable à une brûlure dont le souvenir s'imprègne au plus profond de notre chair.
« Le père de Taehyung était un ancien agent du GM mais est devenu enquêteur libre, en découvrant ce qu'il a appelé le « réseau ». Une organisation corrompue au sein même du GM. » Dit-il d'une traite.
Ma bouche s'entrouvre, mes yeux s'écarquillent. Quoi..? Mon cerveau semble s'être mis sur pause pourtant, il continue d'analyser les mots impitoyables de monsieur Jeon, les intégrant petit à petit.
« Son père a volé les informations dans la base du GM, les personnes qu'il soupçonnait être des traitres, et les a enregistrés sur un disque dur, en même temps que son journal de bord et d'enquête. »
Je déglutis, en écoutant ce qu'il me dit. C'est absurde, insensé, mais quelque chose en moi me pousse à l'écouter, à le laisser s'expliquer, à lui faire confiance.
« Comment- »
« Comment je peux savoir tout ça ? » Il marque une pause et se plonge dans ses souvenirs, les prunelles animées d'une nostalgie amère. « Car j'étais le fournisseur du père de Taehyung. La compagnie que je dirige est spécialisée dans les gadgets et les armes. Je l'ai fourni pendant 2 ans car il ne pouvait plus faire confiance à personne au sein du gouvernement. »
J'abaisse mon pistolet et me rapproche des parents, les bras ballants. Mes pensées ne deviennent plus qu'un immense champ de bataille où les questions et les informations s'entrechoquent.
« Mais... Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Pourquoi on a rangé ce dossier avec ce disque dur dans les casiers du GM ? »
Monsieur Jeon me regarde droit dans les yeux, il sent que je le crois et continue, me délivre tout ce qu'il sait.
« Il avait tout découvert grâce notamment au fils ainé du clan Anje qui est allé sur le terrain pour rapporter les informations manquantes. Ils ont tous été tués, lui et sa famille... Dans un incendie... »
Cette nouvelle m'interpelle, mes doigts fouillent directement dans le carnet de Jimin et mes yeux tombent sur ces lignes : le clan Anje a été supprimé dans un incendie ... Je relève la tête, les yeux arrondis, monsieur Jeon qui avait attendu que je trouve un lien avec nos précédentes recherches, poursuit son récit.
« Les membres du « réseau » savaient que le père de Taehyung était un ancien agent du GM alors pour n'éveiller aucun soupçon, ils lui ont rendu hommage en plaçant ses affaires dans les casiers de l'APMM. Ils ne se sont juste pas rendus compte tout de suite que le dossier du casier 530 contenait quelque chose qui pourrait les conduire à leur perte. »
Je passe une main sur mon visage en même temps de me masser la tempe, ils ont fait passer sa mort pour naturelle et ont tassé les preuves au sein même des bâtiments du gouvernement ? Putain. Soudain, un autre élément, auquel je n'avais pas bien fait attention, rentre en compte dans le cadre de mon enquête et ramène avec lui d'autres questions plus sensibles encore.
« Attendez... Le père de Taehyung fait parti du clan Anje ? » Demandé-je, confus.
Monsieur Jeon fronce les sourcils et secoue la tête de manière négative. Il s'arrête de parler et détourne les yeux. Le doute passe dans son esprit, un grand nuage aux flancs noirs qui assombrit la clarté de ses pensées. Doucement, je vois, une puissante vague de tristesse se loger dans ce regard brillant d'intelligence. L'attente me semble durer des heures, ma poitrine se sert à m'en faire mal au cœur, l'appréhension enveloppe ma raison dans un tissu de verre.
« Non. » Il serre plus fort la main de sa femme et ferme les yeux. « Le père de Taehyung était le chef du clan Kijamte, la famille de vampire la plus puissante au monde. »
Je sens mon cœur s'arrêter, les explications de Taehyung sur le « démon » en chacun d'eux me revient comme une gifle. Ma gorge s'assèche, mon cerveau n'arrive pas à savoir comment traiter cette révélation tellement elle est choquante.
« La famille la plus puissante au monde... » Murmuré-je à moi-même, la lèvre tremblante. « Vous voulez parler des démons aussi, les démons de cette famille sont plus puissants que les vôtres ? »
Ils sont tous les deux surpris par ma question et restent immobiles. Ils se regardent en silence, se transmettent des paroles et des émotions que je ne peux comprendre puis se retournent vers moi et ne font qu'acquiescer faiblement.
« Exact... » Prononce madame Jeon tout bas.
Un soupir franchit mes lèvres gercées, ma main vient se perdre dans ma tignasse épaisse. Quand, une autre connexion se fait dans mon esprit et me bloque dans mon mouvement. Mes pensées se paralysent, elles aussi, submergées par cette information. Ma bouche s'ouvre et se ferme plusieurs fois, mime ma question pour être sûr de ne pas dire de bêtise, pourtant, tout cela ne conduit qu'à cette unique solution.
« Ça veut dire que Taehyung... »
« Est le dernier survivant de la famille Kijamte. » Complète monsieur Jeon.
Les battements de mon cœur accélèrent, le feu incessant de mon âme me consume à cette simple pensée : ils ont massacré toute sa famille.
Seokjin était le survivant du clan Anje et Taehyung du clan Kijamte. Ils se connaissaient, peut-être même que Seokjin était à la recherche de Taehyung depuis toutes ces années. Il pouvait aussi révéler l'existence des démons dans les universités pour but de rétablir la vérité mais également comme moyen de vengeance.
« Ces personnes... Ce sont donc eux les criminels ? » Dit soudain Jungkook.
Perdu dans mes pensées, je n'avais pas fait attention au changement du diaporama, révélant sous mes yeux horrifiés cinq photos de visages bien trop familiers. La seconde main du chef de l'APMM, un ministre du GM, un avocat renommé qui m'avait prêté main forte dans quelques unes de mes affaires puis... le juge Lee et l'inspecteur Jung.
« Non... » Susurré-je entre mes lèvres tremblantes.
Je recule. Chacun de mes pas me paraissent aussi sensibles que de la porcelaine, une sensation de vide s'empare de moi et me fait tourner la tête. Monsieur Jeon se lève alors de sa chaise, la faisant tomber en arrière dans un vacarme effroyable, et saisit mes épaules, me secoue comme un palmier pour me ramener à moi.
« Ressaisissez-vous ! Qui sont ces gens ? » Hurle-t-il.
« Des collègues ... Putain, depuis le début, ils contrôlaient tout ce que je faisais. » Dis-je en serrant les dents.
Monsieur Jeon me lâche en entendant mes propos, tout autant choqué que moi. Je me dirige directement devant la photo du juge Lee. Une colère démesurée bouille en moi comme la lave d'un volcan prête à exploser et tout détruire sur son passage, mon poing s'abat avec violence contre le mur, le fait trembler. Mes jointures me picotent mais la peine et la haine balaient toute autre émotion et camouflent la douleur cuisante. Je fais ainsi le lien avec mon enquête, tout me paraît limpide à présent.
« La loi 47. » Déclaré-je en me retournant vers eux.
Ils se raidissent tous, Jungkook fronce les sourcils et se replace derrière son ordinateur, pris d'un soudain malaise.
« Vous êtes au courant ? » Me demande-t-il tout en triturant ses doigts.
Je ne fais que hocher la tête et pointe du doigt la photo du juge.
« Oui, c'est elle qui l'a refusée il y a 10 ans. »
Madame Jeon fixe la photo du cette juge renommée, aimée du grand public, avec horreur. Son mari se déplace dans la pièce et va prendre un peu d'eau, laissée sur le comptoir de la salle à manger. La situation l'accable et pèse sur ses épaules, ce fardeau qu'il a traîné toutes ces années. Il s'éclaire ainsi un peu la voix avant de parler.
« Cette loi a été refusée car les membres du réseau voulaient s'assurer que la famille Kijamte ne puissent pas utiliser la force de leurs démons pour se défendre, sinon, c'était leur défaite assurée. Ils avaient bien préparé leur coup car si la famille avait usé de leurs démons pendant l'attaque, cela aurait été un bon prétexte pour les faire tous emprisonnés. »
Je baisse les yeux au sol, tout cela est bien trop affreux. Mes paupières se closent un instant, ma respiration devient plus chaotique ; ces révélations me rendent malade. Un changement d'atmosphère brutal s'opère alors, Jungkook parle d'une voix froide, me faisant relever la tête d'un coup.
« Mais Taehyung alors, tu savais qui il était quand tu l'as adopté n'est-ce pas ? »
Son ton est accusateur, haineux. Monsieur Jeon écarquille les yeux avant de baisser la tête, pris en faute. Sa réaction ne fait que confirmer les dires de son fils, celui-ci entre dans une colère monstre. Il se met à hurler, son visage virant au rouge.
« Pourquoi lui avoir caché ? Pourquoi lui avoir mis ce foutu collier ?! »
Le poing du père s'abat sur la table, faisant sauter la bouteille, et coupe nos souffles. Ses prunelles sombres remontent sur le visage de son fils, les traits fermés, hermétiques à toutes émotions. Leurs auras sont tellement puissantes et instables, bousculées par leurs émotions, qu'on a l'impression que le monde se fissurait en deux sous nos pieds. Deux mondes qui se déchirent et se combattent.
« Jungkook ! Tu sais très bien que Taehyung était traumatisé à cette époque ! Son pouvoir était instable et ses réactions imprévisibles... J'étais dépassé alors j'ai fait ce que j'ai pu. » Finit-il en chuchotant, accablé.
Ils se font encore face, se terrassent d'un simple regard. Jungkook ne prononce plus un mot, la tension dans son esprit retombe peu à peu mais la déception dans ses pupilles est fermement ancrée. Il se tourne ainsi vers l'ordinateur, sans rien ajouté. Voir ces disputes à répétition entre les deux est déchirant, je ne comprends que trop bien leurs sentiments.
Tandis que la tension retombe dans la pièce, mon épaule droite reçoit une décharge soudaine, comme si une balle m'avait touché... Jimin. Je reviens brutalement à la réalité et ne peux ignorer ce signe, il faut vite que je trouve où il est. J'ouvre encore une fois le carnet pour y voir si je n'ai pas loupé quelque chose. Mes pupilles arpentent chaque mot, chaque ligne, chaque flèche mais rien ne m'interpelle hors mis la dernière phrase qui me demandait d'aller voir Jungkook. Un déclic s'obtempère alors dans mon esprit. Où sont écrit les résultats du laboratoire que je lui ai envoyés? S'il ne les a pas écrits, c'est peut-être parce qu'il n'a pas trouvé le temps nécessaire. Je fouille ainsi dans mes mails et retrouve vite les informations dont j'ai besoin. Le tueur de Seokjin habite donc à un endroit où se trouve un Idesia et l'adresse correspond à celle inscrite sur le petit bout de papier. Je prends la feuille et la déplie pour y lire la même adresse que celle envoyée par le laboratoire.
« Je sais où est Jimin. » Dis-je soudain, les faisant tous se retourner vers moi.
Jungkook qui venait juste de cliquer sur le diaporama pour faire défiler la dernière photo, s'élance vers moi suite à ma déclaration, une volonté sans faille transcende ses prunelles au moment où il nous révèle son intention.
« Je vais aller le sortir de là alors. J'en suis capable. »
Je hoche la tête et lui tends ainsi le bout de papier avec l'adresse avant de me retourner à nouveau vers le mur pour voir le prochain traître. Mon esprit devient blanc. Mon regard se pose sur ses cheveux poivre et sel, ses yeux sombres incisifs et sa carrure imposante typique des alphas. Mes mains sont prises de spasmes, je sens les battements de mon cœur pulser avec hargne dans ma poitrine. Ma vue se rétrécit, ne se focalise plus que sur cette photo comme si tout autour avait disparu.
« Monsieur Xiong... » Murmuré-je d'effroi.
Le message de mon fils un peu plus tôt dans cette soirée me revient en mémoire comme un coup de fouet qui claque et déchire ma conscience d'un voile de terreur. Le proviseur les a convoqués, il va s'en prendre à eux.
« Putain, Yoongi. »
« Taehyung est là-bas aussi... » Entends-je derrière moi.
Je me retourne vers monsieur Jeon, en entendant sa voix faible et tremblante. Son monde bascule tout comme le mien. Je peux gérer la disparition d'un fils mais pas deux. L'adrénaline parcourt mes veines comme un venin, elle convulse mon corps plongé dans une terreur froide et atterrante. Mon regard croise celui de cet homme dont la rage remplace la peur et l'hésitation. Il comprend mes intentions et reprend cette aura froide et menaçante, prêt à m'épauler.
Monsieur Jeon part alors en une fraction de seconde au premier étage. Sa femme en profite pour se poster au côté de son fils et essaie de le soutenir comme elle le peut. Son père revient tout aussi vite et jette une arme à feu dans les mains de son fils au passage, en glissant une dans sa veste. Jungkook la rattrape de justesse et l'observe, un mélange de peur et de confusion tire ses traits. Je regarde monsieur Jeon qui semble confiant, il doit connaître les capacités de son fils sans doute...
« Jungkook, je ne sais pas si tu sais t'en servir mais tu vas vite apprendre, on n'a plus le temps. Pars sauver Jimin. Nous ... » Mes yeux se posent dans ceux de monsieur Jeon, déterminé, assoiffé de vengeance. « Il faut qu'on aille secourir nos fils. »
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WOW ! J'AI ENFIN ECRIT CE CHAPITRE, JE SUIS TELLEMENT HEUREUSE DE LE PUBLIER ! Je vous explique : depuis le tout premier chapitre de RI, j'avais hâte d'écrire celui-là car je savais déjà que je voulais un chapitre où les deux papas badass se rencontrent et bien, ma foi, je dois avouer que je suis plutôt fière du résultat héhé ! (De toute façon, je ne publie que des chapitres qui me satisfont)
Aussi, je voulais m'adresser aux lecteurs qui commentent. Vous pouvez pas savoir à quel point ça me fait plaisir à chaque fois ! Même le commentaire le plus futile, ça me fait rire et je sais que l'histoire vous procure des émotions de quelque manière que ce soit donc c'est super pour moi. J'aime aussi les lecteurs qui votent, rassurez-vous x) mais je pense ne jamais pouvoir assez remercier ceux qui commentent car vous êtes une source de motivation énorme pour moi ! Pour cela, je vous remercie 1 million de fois et plein de bisous où vous voulez ahah
Ame_futuriste xx
*psst* plus que 7 chapitres...