- Décembre 2017 -
Jake
Nous sommes dans la voiture en direction de Bedford. Aujourd'hui, c'est le réveillon. Cette année, nous le passons avec la famille de Hayley. Son père, son frère, Margaret et Cassandra seront là. J'espère que nous allons passer une bonne soirée.
-Tu n'as pas trouvé qu'Abigail était étrange hier soir?
Hayley me parle du dîner que nous avons organisé hier chez nous. Chelsea, Mitch, Jackson, Abigail et son mari Charles étaient là. Bien évidement, il y avait aussi Caitlyn. Plus cette petite grandit plus elle devient mignonne, je vous jure.
C'était une très bonne soirée avec tous nos amis. Depuis le mois de septembre, nos petites soirées se multiplient. Grâce au travail de Hayley, j'ai pu rencontrer ses deux collègues extraordinaires, Abigail et Jackson, ainsi que Charles, le mari de cette dernière.
Mais hier, l'ambiance n'était pas exactement la même que celle de d'habitude. Charles et Abigail se sont faits la tête toute la soirée. J'ai eu beau essayer de parler avec Charles, il n'a rien voulu me dire. Apparemment, Hayley aussi a bien vu qu'il y avait des tensions entre les deux.
- Si.
- J'ai essayé de parler avec Abigail mais elle m'a dit que tout allait bien.
- J'ai demandé à Charles ce qu'il n'allait pas et il m'a lui-aussi répondu que tout allait bien.
Hayley me réprimande.
- Tu sais, peut-être qu'on ne devrait pas s'en mêler. Ce sont leurs affaires. A leur place, je n'aimerai que quelqu'un s'en mêle.
- Peut-être mais si Charles me déballe tout, je l'aiderai.
- Je sais. Tu es devenu son ami alors c'est normal. Mais ne te mêle de rien s'il ne te le demande pas.
Je remarque que Hayley me regarde en parlant alors qu'elle est au volant. Je lui parle d'un ton sec.
- Tu peux regarder la route s'il te plait? On a failli mourir une fois, on va peut-être éviter de recommencer. J'aimerai voir ma fille grandir.
Elle reporte son attention sur la route.
- Oui désolé.
Je me rends compte à quel point le ton que j'ai employé n'était pas approprié. Je lui crie dessus pour un accident dont elle n'est pas responsable.
- Non c'est moi qui suis désolé. Toi tu n'y peux rien si un connard nous a fait sortir de route et nous a laissé pour morts au bord de la route.
- On peut éviter de reparler de ça. Ça te met de mauvaise humeur.
En effet, elle a raison. Ma bonne humeur et mon côté joyeux causé par Noël sont très loin à présent.
- Ça me met de mauvaise humeur parce que je sais que l'homme qui était au volant n'ira jamais en prison pour ce qu'il nous a fait. La police nous dit qu'elle le recherche mais on sait aussi bien l'un que l'autre qu'elle n'a pas le temps pour ça. Les policiers sont tous débordés et ils ne peuvent rien faire. A part la couleur de la voiture et le sexe de la personne, on ne se souvient de rien. Cette histoire n'aura jamais de fin.
Hayley pose sa main sur ma jambe afin de me calmer. Hélas, cela ne marche qu'à moitié. Les pulsations de mon cœur sont beaucoup trop rapides pour se calmer instantanément.
- Calme-toi. N'y pense plus. Nous allons bien aujourd'hui et nous n'avons aucune séquelle. C'est le plus important, tu ne crois pas?
Je sais qu'elle a raison mais mon cœur lui a du mal à comprendre pourquoi une telle injustice. Hayley a fait le deuil d'une quelconque justice depuis bien longtemps. Elle qui était si obstinée par l'idée de retrouver le coupable a depuis abandonné tout espoir.
- Si, bien sûr. Il faut que j'arrête avec ça, je le sais.
- En plus si tu n'arrêtes pas de crier, tu vas réveiller la petite.
Je me tourne vers ma fille qui est dans le siège-auto juste derrière le siège de sa mère. Je me contorsionne sur mon siège afin de voir si elle dort.
- Elle dort encore?
- Oui. C'est d'ailleurs un miracle qu'elle dorme encore.
- Elle commence enfin à arrêter ses siestes d'une demi-heure.
Il est vrai que ma fille était légèrement pénible quant à son rythme de sommeil. Elle dormait très peu mais très souvent. Par chance cela fait un peu plus d'une semaine qu'elle dort deux, trois heures l'après-midi et qu'elle fait ses nuits. Il lui arrive quelques fois de se réveiller au milieu de la nuit mais cela n'arrive qu'une fois de temps en temps. Hayley et moi pouvons enfin dormir plus de sept heures sans se réveiller et c'est un miracle.
Je me réinstalle correctement et vois que nous arrivons enfin dans la rue de la maison d'enfance de ma femme.
Une fois Hayley garé, je descends et m'occupe de sortir la poussette de Lucy. Hayley la met dedans et nous nous approchons de la porte.
Elle regarde sa montre.
- On a un quart d'heure de retard.
- Il y avait des bouchons, on n'y peut rien.
Elle me dit ça d'un ton assez sec. Je n'aime pas ça.
- Je sais. Mais pourquoi tu sembles si énervée?
- Désolé. C'est juste que je repensais à ce que tu disais à propos de l'accident. Je ne veux pas que tu continues à faire une fixette dessus.
- Je t'ai dit que j'allais arrêter. Je sais que cela restera une injustice. Donc maintenant j'aimerai profiter de la soirée dans la bonne humeur. Ce n'est pas le moment de penser à ça.
- Tu ne me mens pas? Tu vas profiter et ne pas y penser?
Je lève les yeux au ciel.
- Promis.
- Tu ne me mens pas?
Je la fixe droit dans les yeux.
- J'ai l'air de mentir là?
Elle me dévisage quelques secondes.
- Non.
Bien alors arrête d'être aussi lourde. Dans notre couple, c'est moi qui suis lourd pas elle alors pourquoi insiste-t-elle autant? Elle me fatigue.
- Alors tu as ta réponse.
- Pourquoi tu t'énerves contre moi tout à coup?
Elle tente de se calmer.
- Je ne m'énerves pas.
- Si.
- Non.
Elle est vraiment bouché ou quoi?
- D'accord mais alors prouve-le moi.
- Comment?
- Embrasse-moi.
Elle prend son air de chien battu. Elle a beau m'avoir énervé sur les bords, je ne peux pas lui résister. Pourquoi j'ai une femme aussi belle? Je ne comprends pas qu'on puisse lui résister. Surtout pas quand elle me fixe avec ses yeux vert plein d'espoir et avec sa bouche qui forme une moue absolument craquante.
Je me penche et l'embrasse tendrement.
- Voilà, tu es contente?
Elle sourit à pleines dents.
- Très
- Je t'aime sale chieuse.
- Je t'aime crétin.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Oui je suis un crétin et alors? Elle savait à quoi elle s'engageait en m'épousant, non?
- Hayley, tu es au courant qu'aucun de nous deux n'a encore appuyé sur la sonnette ni toqué?
A cause d'elle, j'ai même oublié où nous étions. Elle a vraiment le talent pour me faire tout oublier.
Je tends la main et sonne.
- Tu aurais pu le faire.
- Encore en train de m'engueuler!
Mais elle n'a pas fini de jouer la victime?
- Je ne t'engueule pas.
- Alors embrasse-moi.
- Encore?
Elle hoche la tête et reprend son air de chien battu.
Je me penche vers elle et l'embrasse à nouveau. Très rapidement, je sens mon femme prend une part active dans notre baiser. Elle n'est plus tendre comme tout à l'heure. Au contraire, je sens sa langue s'insinuer dans ma bouche et entreprendre une danse sensuelle avec la mienne. Je colle mon bassin au sien pour qu'elle sente que je commence déjà à avoir une érection. Comment fait-elle pour me mettre dans un tel état par un simple baiser? Jamais une femme n'a réussi à me donner une telle érection aussi rapidement. Mais Hayley n'est pas une femme, c'est ma femme.
Soudain, j'entends un grognement sur ma droite. Hayley se détache aussitôt de moi. Je tourne la tête et vois mon père. Il fait une énorme grimace.
- Vous n'avez pas fini de vous tripoter tous les deux? Attendez au moins d'être seuls, pitié.
Hayley semble gênée. Moi aussi à vrai dire. Son père vient quand même de me voir rouler une énorme pelle à sa fille. Bon d'accord, c'est ma femme et la mère de mon enfant mais quand on a un père comme le sien, il ne faut pas non plus le pousser trop loin. Il a accepté que nous ayons une famille mais de là à ce qu'il assiste à ce qu'il vient de voir, non merci.
- Désolé papa.
- Ce n'est pas grave mais évitez de refaire ça devant moi.
Je rajoute mon grain de sel.
- Promis.
Son père ouvre la porte en grand.
- Entrez.
Hayley rentre en première. Je la suis avec Lucy qui est dans sa poussette.
A peine, ai-je passé le pas de la porte que Steve la referme et se penche vers ma fille. Il la prend automatiquement dans ses bras et lui fait plein de bisous sur la joue.
- Salut toi. Tu sais que tu es de plus en plus belle. Tu ressembles tellement à ta maman.
- Là dessus, je ne vais pas vous contredire.
Steve me regarde comme s'il découvrait que j'étais là.
- Désolé, je ne t'ai pas encore dit bonjour.
Il me tend sa main que je serre immédiatement.
- Alors comment ça va?
- Très bien et vous?
- Très.
Hayley se rapproche de nous.
- Bonjour papa, moi aussi j'existe. Tu penses à ta petite-fille et ton gendre mais ta fille est partie aux oubliettes, c'est ça?
- Mais non!
Il me donne ma fille et prend la sienne dans ses bras.
- Ça va ma chérie?
- Oui et toi, papa?
- Très bien.
Il se détache de sa fille et la regarde de la tête aux pieds.
- Cela faisait tellement longtemps que je ne t'avais pas vu ma puce.
- Cela fait trois semaines, papa et puis si tu faisais l'effort de venir à Los Angeles plus souvent, tu nous verrais plus.
Elle n'a pas tort. On se déplace tout le temps mais lui n'est venu qu'une seule fois chez nous depuis notre mariage.
- Je hais les grandes villes et tu le sais. L'essentiel c'est que vous allez tous bien et que l'on passe une bonne soirée, non?
- Si mais où sont Alex, Cassandra et Margaret?
- Dans le salon. Venez.
Je garde Lucy dans mes bras et suis ma femme et mon beau-père dans le salon. Nous y retrouvons ma belle-sœur, sa mère et mon beau-frère. Nous disons rapidement bonjour avant que Hayley ne lance la conversation.
- Bon alors, vous allez bien les tourtereaux?
Alex lui répond.
- Oui comme toujours. Pourquoi ça n'irait pas?
- Je ne parlais pas à toi Alex. Je parlais de papa et de Margaret.
Alex fait une grimace.
- Ah.
Hayley fixe Margaret.
- Bon alors?
- Tout va très bien.
Sa réponse est loin d'être précise. Vous pariez combien que Hayley va vouloir en savoir plus?
- Mais encore?
Margaret souffle un grand coup.
- Bon d'accord. Mon emménagement ici c'est très bien passé et aussi dingue que cela puisse paraître, j'arrive à supporter ton père. On a des disputes de temps en temps mais sinon nous sommes très heureux.
- Depuis le temps que vous vous tourniez autour, il était temps que vous viviez enfin ensemble. Vous êtes heureux ça se voit.
Margaret et Steve lui offre un sourire. Ma femme a raison, ils semblent heureux.
D'après ce que j'ai compris, leur histoire n'a pas été simple. Hayley m'a raconté que depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, Steve et Margaret ont été proches mais à cause de leurs enfants respectifs, ils n'ont jamais été rien de plus que des amis. Je suppose qu'ils ne voulaient pas faire du mal à leur progéniture et c'est normal. Hayley et Alex ont dû surmonter la mort de leur mère dont ils n'ont plus aucun souvenir et Cassandra, elle, a souffert du décès de son père en plein milieu de l'adolescence. Ils ont dû apprendre à vivre avec un parent en moins et je sais que cela n'est pas facile surtout lorsque l'on voit que tous les autres enfants de notre âge ont eux deux parents.
Mais maintenant, tout semble régler et bien que cela me fait bizarre de le voir comme ça, mon beau-père est amoureux. Cela se voit. Il avait beau aimer sa femme, il a porté le deuil pratiquement vingt-cinq ans. De plus, cela fait plus d'un an qu'il est avec Margaret alors je ne verrai pas pourquoi ils se seraient tous les deux lancés dans cette aventure si ce n'était pas un minimum sérieux. Et puis, il n'aurait pas pris le risque que leurs enfants leur fassent la tête pour rien.
Heureusement, tout le monde semble à l'aise. Tant mieux. On a assez connu de tensions dans cette maison pour le reste de nos vies. Steve a passé assez de temps à nous hurler dessus à Hayley et à moi pour remettre le couvert de sitôt.
Je suis quand même très heureux d'être ici. Cela me fait bizarre de ne pas être avec ma mère et ma sœur mais l'ambiance est tout aussi bien ici.
Nous nous installons très rapidement à table pour l'apéritif. Cassandra, Margaret et Hayley commencent à parler ensemble. Steve en profite pour discuter avec son fils et moi.
- Tout se passe bien au travail?
Parler de travail le soir de Noël. Pitié, tout sauf ça.
- Oui très bien. J'enchaîne les cours, les corrections et les collocs mais je ne m'ennuie jamais.
- Et sinon tout va bien entre Hayley et toi?
Cela m'aurait étonné qu'il ne fasse pas le papa poule de toute la soirée.
Alex vient ajouter son grain de sel.
- Papa, laisse-le le pauvre. C'est leur vie. Pas la tienne.
- Bah quoi? Ma fille veut connaître ma vie alors moi je veux connaître la sienne.
- Mais...
Je coupe Alex.
- Laisse-tomber c'est pas grave. Ça me dérange pas de répondre.
- Ok, je vous laisse alors. Je vais parler avec les filles.
Il se détourne totalement de nous tandis que Steve prend la parole.
- Suis-moi dans la cuisine.
Je m'exécute. Dès que nous sommes en tête à tête, il me relance.
- Alors? Hayley et toi?
Je soupire avant de répondre.
- Tout va très bien depuis le mariage. On se dispute de temps en temps mais ça s'arrange toujours donc c'est l'essentiel.
Steve semble inquiet.
- Vous vous disputez souvent?
- Non, non. On s'engueule oui c'est sûr mais en général, c'est pour trois fois rien. Vous savez, par exemple, j'oublie de lancer une machine et Lucy n'a plus de body ou j'ai fait cramé le repas. Ce genre de choses. Rien de très grave, croyez-moi.
Il semble rassuré.
- Tant mieux. Je ne veux pas que mon bébé divorce.
Son "bébé"? Comme quoi, dans une partie de son cerveau, sa fille n'a toujours pas grandi. Je le comprends même lorsque Lucy sera mariée - ce qui lui sera interdit jusqu'à ses trente ans, bien évidement - elle restera le bébé que j'ai tenu dans mes bras alors qu'elle n'avait que quelques minutes.
- Je vous rassure, je n'ai pas du tout envie de divorcer et je suis pratiquement sûr qu'elle est très heureuse aussi de notre vie. Je l'aime vous savez.
Il soupire un grand coup.
- Je sais. Ça se voit. J'ai été horrible avec toi et pourtant, tu es resté. Tu m'as même affronté plusieurs fois sans avoir peur du fait que j'ai une arme chez moi. Tu t'es battu pour elle. Et crois-moi cela me coûte de le dire mais je suis très heureux d'avoir un gendre comme toi. Ta mère peut être fière de toi, tu es vraiment quelqu'un de bien. Un bon père, un bon mari, un bon fils. Tu es ce qu'il fallait à ma fille.
Venant de Steve, cette déclaration me touche. C'est la première fois qu'un homme me dit ce genre de chose. Même James ne m'a jamais dit des trucs pareils. En même temps, à cause des barrières que j'ai mises entre nous durant des années, nous ne sommes pas encore super proches. Même si je dois avouer que j'aimerai passer du temps avec mon beau-père pendant nos vacances de la semaine prochaine. Hayley a raison: sans lui, je n'en serai pas là. Je n'aurai même jamais rencontré la femme de ma vie car je n'aurai jamais quitté l'Australie. Il n'y peut rien si son fils a fait des conneries. Il n'y a pas à dire, mes deux beaux-pères sont géniaux et si on m'aurait dit il y a un an que je penserai ça d'eux un jour, croyez-moi, je me serai fait enfermer en hôpital psychiatrique. Il n'y a pas de doute, j'ai évolué.
- Merci Steve. Vous aussi elle vous aime. Vous êtes son père et elle vous idolâtre. A chaque fois que je me plains d'être débordé avec Lucy, elle me sort un truc du genre: "Tu trouves ça compliqué? Imagine ce que ça a dû être pour mon père. Il était seul avec deux bébés."
Steve semble soudant un peu plus triste et nostalgique.
- Tu sais, elle n'a pas tort: mon début de vie d'adulte a été compliqué. Je venais d'avoir vingt-trois ans lorsque je me suis retrouvé du jour au lendemain seul avec un bébé qui venait de naître et une fille d'un peu plus d'un an. J'avais un travail, certes, mais cela a été loin d'être simple. Fort heureusement, Margaret était là en tant que nounou pour Hayley et Alex. Elle était en congé maternité alors elle s'occupait d'eux lorsque j'étais au travail. Mais le soir et la nuit, je devais géré les pleurs tout seul. Je n'ai pas dépassé les quatre heures de sommeil pendant près de deux ans. Quand l'un s'endormait, l'autre se réveillait. Ce n'était pas facile mais je ne regrette rien. Amélia est peut-être morte en mettant au monde son fils mais pour rien au monde je ne changerai cela. Alex m'a donné tellement de bonheur. Tout comme sa sœur d'ailleurs. Hayley n'a pas eu une enfance facile mais ce n'est pas la seule. Toi aussi, tu as souffert. J'ai appris par ta mère qu'elle avait été seule pour vous élever, toi et ta sœur.
Je lève les yeux au ciel. Ma mère n'a donc pas pu s'empêcher de parler de ça avec mon beau-père. Cela m'aurait étonné. J'aurai préféré qu'elle garde toue cette histoire pour elle mais il faut croire que lors de mon mariage, les langues se sont déliées et que les deux familles ont pas mal discuté. Je ne peux pas en vouloir à ma mère mais je déteste que l'on évoque mes histoires de famille. Après les gens se sentent obligés d'en parler et ça me gonfle. Pourquoi semble si compliqué de comprendre que je ne veux pas en parler?
Mais bon, je suppose que je dois faire un effort. Steve est le père de ma femme, je ne peux pas l'envoyer balader.
- En effet, cela n'a pas été simple.
- Ton père est parti alors que tu étais petit si j'ai bien compris.
Je trésaille en entendant le mot "père".
- Oui mon géniteur est parti quand j'avais quatre ans. Il n'est jamais revenu et c'est tant mieux.
- Il était alcoolique?
Si seulement ce n'était que ça.
- Non seulement il était alcoolique mais il était en plus drogué et a frappé ma mère une fois.
- Ta mère m'en a parlé de ça aussi.
Elle lui a donc tout déballé. Pourquoi a-t-elle parlé de choses aussi tristes le jour de mon propre mariage? Jour très joyeux par définition.
- Je sais aussi que tu ne l'as jamais revu.
Je ne l'avais jamais revu. Jusqu'à il y a quelques mois. Ce que je trouve étrange c'est qu'il n'est jamais rien retenté. Il ne s'est jamais représenté à la porte de l'appartement. Tant mieux. Je ne veux jamais le revoir. Ça m'arrangerait même qu'il disparaisse de ma mémoire.
- On peut éviter de parler de lui s'il vous plait. J'ai horreur de ça.
Cela ne doit pas faire bonne impression mais là, je n'en peux plus. C'est Noël donc j'aimerai si c'est possible retrouver ma bonne humeur.
- Bien sûr. Changeons de sujet. Je voulais savoir est-ce-que tu...
On entend un cri depuis le salon.
- Steve!
Il me semble que c'est Cassandra.
- Viens!
Je vois Steve soupirer.
- Viens Jake, je crois qu'on nous appelle.
Je le suis jusque dans le salon. Cassandra est debout alors que les trois autres n'ont toujours pas changé de places.
- Asseyez-vous tous les deux, j'ai quelque chose de très important à dire.
Nous nous exécutons tandis qu'Alex prend la parole.
- On était censé attendre le dessert, chérie.
- Je sais mais j'en peux plus. J'en ai marre d'attendre. Laisse-moi en profiter.
Alex capitule.
- Ok. Vas-y, fais-toi plaisir.
- Viens à côté de moi crétin. Il me semble que tu es aussi concerné.
Alex se lève et se place au côté de sa femme.
J'entends soudainement un petit cri sur ma droite. Je me tourne et vois Hayley avec deux mains sur sa bouche.
- Oh mon dieu! Ne me dites pas que...
Elle laisse sa phrase en suspend tandis que Cassandra hoche la tête. Ma femme se lève et va serrer son frère et sa belle-sœur dans ses bras. Margaret pousse elle-aussi un cri. Elle semble avoir compris ce qu'il se passe.
Pourquoi Steve et moi sommes les deux seuls à ne pas comprendre?
Hayley retourne à sa place. Margaret elle, se lève et étreint très longuement sa fille.
- Je ne suis pas sûr de comprendre.
Je réponds à mon beau-père.
- Moi non plus.
Margaret se détache de sa fille. Elle pleure. Putain mais qu'est-ce-qu'il se passe à la fin?
- Alex, dis-le à ton père. Il va être tellement heureux.
- Non c'est Cassandra qui veut le dire maintenant alors je lui laisse son moment.
Cassandra regarde longuement Steve avec un grand sourire.
- Et bien, il semblerait qu'après des mois et des mois d'essais en vain, nous y sommes enfin arrivés.
Elle respire un grand coup.
- Je suis enceinte. De deux mois.
Steve se lève d'un coup et prend immédiatement sa belle-fille dans ses bras. Je vois sur son visage qu'il est très ému. Il la regarde avec le même regard qu'aurait un père. Après tout, il la connais depuis sa naissance. Elle est comme une seconde fille pour lui et en plus, elle est mariée avec son propre fils.
Il étreint rapidement son fils.
- Je suis tellement heureux pour vous deux.
Margaret le coupe.
- Champagne?
Steve semble tout excité.
- Evidemment, il faut fêter ça. Toi, par contre, Cassandra, tu vas en rester au jus de fruits.
Nous nous mettons tous à rire. Je me lève et félicite le couple à mon tour.
Grâce à Cassandra, la joie est totalement revenue dans la maison. Tout le monde a un énorme sourire plaqué sur le visage. Je suis très fier de faire parti d'une aussi belle famille et je suis tellement heureux d'être là à présent.
Chapitre plutôt calme mais qui sert de transition... J'attends vos réactions. Bon dimanche