Bonne lecture...
Jake
Aujourd'hui est un grand jour. Hayley va enfin recevoir son diplôme. Après avoir réussi sa thèse avec brio, elle le mérite amplement.
A vrai dire, je suis très admiratif de ce qu'elle a accompli. Elle a su gérer ses études, les préparatifs du mariage, un bébé et un fiancé casse-couilles. Elle a vraiment du mérite et je suis très fière d'elle.
La cérémonie de remise des diplômes a commencé il y a pratiquement une heure et je dois avouer que j'en ai ras-le-bol. Les discours s'enchaînent à ne plus en finir et c'est réellement fatiguant. Heureusement, je suis le professeur le plus sur le côté et donc je peux regarder mon portable de temps à autre.
Soudain, j'entends un léger gémissements à ma droite. Je tourne la tête et vois ma fille qui gigote dans sa poussette. Je sais, il n'est pas normal qu'elle soit là mais disons que Hayley et moi l'avons imposé. Que voulez-vous que l'on fasse d'elle? On est tous les deux obligés d'être là alors on n'a pas vraiment le choix.
D'ailleurs, les autres n'ont pas eu le temps de dire quoi que ce soit ou de critiquer car nous avons fait exprès d'arriver pile à l'heure. Au moins, tous ces faux-culs ne se sont pas précipités pour voir la petite juste par curiosité.
La petite se met à gigoter encore plus. Je la prends dans mes bras afin d'éviter qu'elle ne se mette à pleurer.
Je sens la majorité des regards se tourner vers moi. J'ai l'impression que je suis l'attraction principale en ce moment précis. C'est sûr que le discours du directeur ou plutôt devrais-je dire de Richard est tellement passionnant que n'importe quoi et toujours mieux que ce qu'il dit. Ce que je fais à l'air d'être beaucoup plus sympa à regarder que le discours à entendre. Au moins, j'aurai eu le talent de réveiller la majeure partie de l' assemblée.
D'ailleurs, je vois quelques femmes en face de moi se mettre limite à baver. Pourquoi les personnes de sexe féminin considèrent les hommes avec un bébé dans les bras encore plus attirant? Au contraire, je pense que c'est stupide car cela veut dire que l'homme en question a une famille et que tout espoir est mort.
En tout cas, Richard doit bien sentir qu'il n'a plus l'attention de son auditoire car il y met fin.
- Nous allons dès à présent passer à la remisé des diplômes si vous le voulez bien.
Oh que oui, quelle bonne idée. C'est ce que tout le monde attend depuis plus d'une heure.
- Bien. Nous allons procéder par ordre alphabétique.
Encore heureux que l'on fait par ordre alphabétique. Sinon à quoi ça servirait d'avoir placé les élèves selon leurs noms.
Le vice-directeur rejoint Richard pour l'aider à donner les diplômes. J'ai hâte que Hayley reçoive le sien. Par chance, son nom de famille commence par un A. Ça va être vite à elle vu qu'il n'y a que très peu d'élèves qui font un doctorat.
Je me penche vers ma fille et constate qu'elle gigote de moins en moins. Je lui tends ma main droite et elle prend mon doigt dans sa main comme d'habitude. Je ne sais pas pourquoi mais dès qu'elle le peut, elle me le tient. Ce qui est étrange c'est qu'elle ne fait ça qu'avec moi. Au grand damne de sa mère.
Je fixe ma fille je ne sais combien de temps avant d'entendre Richard dire ce qui m'intéresse tant.
- Hayley Andrews.
Je me lève en un millième de secondes et me met à applaudir le plus possible malgré le fait que ma fille soit dans mes bras.
La femme de ma vie monte sur l'estrade. Je ne peux tourner que mon regard d'elle. Je la trouve radieuse, tellement heureuse. Un sourire est collé sur son visage et sur le mien aussi.
Le vice-directeur lui rend le papier qui certifie qu'elle a son diplôme et elles s'approche ensuite du directeur afin de lui serrer la main.
Juste avant de sortir de l'estrade, Hayley passe assez proche de moi et me fait un sourire comme jamais elle ne m'en a fait un.
Je n'ai qu'une envie: parcourir les quelques pas qui nous séparent pour aller l'embrasser. Mais je ne le ferai pas. Nous sommes déjà une source de curiosité à cause du bébé que je tiens dans les bras donc pas besoin d'en rajouter.
Au bout de quelques secondes, elle est forcée de descendre de l'estrade et de couper notre échange de regards car l'étudiante qui est juste après dans l'ordre alphabétique arrive déjà derrière elle pour descendre à son tour.
Je me rassieds tout en gardant ma fille dans les bras. En tout cas, il n'y a pas à dire, je suis vraiment fière de Hayley.
Une heure plus tard, la cérémonie est finie et la foule commence à se disperser.
Je descends de l'estrade avec la poussette tout en poussant un soupir de soulagement: j'ai cru que jamais ça n'allait finir.
Hayley vient me rejoindre.
- Salut!
Elle se penche sur la poussette et prend la petite.
- Hayley, elle dort.
- Faut croire qu'elle ne dort plus.
Elle prend la petite dans ses bras. Lucy gigote. Comment ma fille fait-elle pour avoir des cycles de sommeil aussi bizarres?
- Cette gamine ne fait que des micros-siestes, ce n'est plus possible.
- Elle se réveille de moins en moins la nuit, on ne va pas se plaindre. Peu de parents ont cette chance alors que leur bébé est si petit.
- Oui je sais.
Soudain, je sens une main sur mon épaule droite.Je tourne la tête et vois Richard.
- Richard.
- Jake. Hayley.
Hayley lui répond tout en faisant un signe de tête.
- Monsieur.
- Maintenant que tu n'es plus étudiante, tu peux me tutoyer et m'appeler Richard.
Hayley hausse les sourcils.
- D'accord.
Elle aussi semble trouver cela étrange. A part les collègues, personne ne le tutoie alors je ne vois pas pourquoi Hayley a un tel privilège.
Je prends la parole face au léger malaise qui s'installe.
- Tu me cherchais?
- Non.
Alors là, je ne comprends plus rien. Qu'est-ce-qu'il veut à la fin?
- Et donc tu voulais quoi?
- La voir elle.
Il pointe du doigt Lucy. Pourquoi ma fille?
- Pardon?
Je vois Hayley aussi choquée que moi.
- Bah quoi? Je vous signale que si l'académie n'a pas péter un plomb et que si toi Jake, tu n'as pas été renvoyer, c'est grâce à moi. Une relation professeur-étudiant ce n'est pas vraiment bien vu et c'est même puni selon les clauses de la fac. Pourtant même lorsque vous avez eu la petite, je n'ai émis aucune sanction.
Ses mots me rappellent à quel point il a raison. Sans l'aide et la tolérance qu'il nous a accordé, je n'aurai plus de travail et Hayley n'aurait même pas pu continuer ses études ici et passer son diplôme.
- On sait qu'on te doit beaucoup et on t'en remercie.
Il tend les bras vers Lucy.
- Donc je peux la prendre?
Hayley lui donne la petite et lui répond.
- Bien sûr.
Il sert ma fille contre lui et la berce.
- Elle est toute mignonne. Un mélange de vous deux.
- Merci.
Lucy commence à faire des mouvements avec ses bras. On dirait qu'elle essaie de frapper ses mains ensemble. J'adore quand elle fait ça. Les bébés le font tous et je dois dire que c'est assez drôle.
Je détourne mon regard lorsque je vois des gens s'approcher de nous. Chelsea, Mitch et Caitlyn viennent d'arriver.
- Salut.
Chelsea est de bonne humeur ce quine change pas de d'habitude.
Mitch, quant à lui, s'adresse directement à Richard.
- Monsieur le directeur.
- Monsieur Wagner, mademoiselle Davis. Alors vous avez enfin votre diplôme.
C'est Chelsea qui lui répond.
- Oui. Il était temps.
- Vous avez trouvé du travail?
- Oui le West High School vient de m'embaucher vu que j'ai déjà tous mes diplômes de professorat secondaire.
Chelsea était tellement fière d'elle. Mais je dois avouer que cela a aussi mis un coup au moral de Hayley. Hayley pense sincèrement ne pas trouver de travail. J'ai dû la forcer à envoyer des CV car elle ne voulait pas à cause du fait qu'elle n'avait toujours pas la preuve de son diplôme.
A vrai dire, je pense que si elle est si réticente c'est parce qu'elle ne veut pas abandonner Lucy. L'image de sa mère restera à tout jamais graver en elle comme quelque chose de douloureux. Elle a peur qu'il lui arrive malheur et qu'elle ne puisse plus profiter de sa fille. Elle veut passer le plus de temps possible avec notre fille mais je trouve qu'il ne faut pas qu'elle pense si négative et qu'elle oublie aussi sa vie de femme.
Rien qu'à voir comment elle se comportait durant sa grossesse, je sais que ça la rend dingue de ne pas pouvoir être active. Alors je ne l'imagine même pas passer tout son temps à ne rien faire pendant que la petite dort. Non, elle a besoin d'un travail, un travail qui l'épanouit tout comme Chelsea l'est en évoquant son futur bouleau.
- Vous ne vouliez pas travailler en tant qu'enseignante-chercheuse dans une fac?
- J'hésitais entre le lycée et la fac donc autant tenter et on verra après.
- Tant mieux. Et vous Mitch?
Mitch paraît très stressé. Je sais qu'il n'est pas à l'aise devant quelqu'un qui lui est supérieur hiérarchiquement parlant.
- J'ai envoyé mon CV dans pas mal d'endroit. Pour l'instant les réponses sont négatives mais j'ai bon espoir. Et puis même si je ne trouve pas, ce n'est pas grave. Ça ne me dérangerait pas de rester quelque temps père au foyer pour élever la petite. En revanche, ça serait assez compliqué point de vue finance bien qu'on ait quelques économies.
Et oui, Mitch non plus n'a rien trouvé mais cela ne le stresse pas plus que ça. Je trouve même que c'est incroyable qu'il soit aussi détendu dans une situation pareille. Il a travaillé durant ses études et a donc quelques dollars de côté. D'après les calculs qu'il a fait, il possède de quoi vivre correctement pendant pratiquement un an. Faut croire qu'il n'est pas très dépensier.
- J'espère que vous trouverez. Vous êtes un acharné de travail.
- Merci.
Je vois Hayley déglutir. Elle doit avoir peur que Richard lui pose la question. Mais je ne pense pas qu'il le fera. Je lui ai déjà parlé de la relation Hayley/travail et je crois sincèrement qu'il a compris qu'il faut éviter d'évoquer ce sujet de conversation avec elle.
Richard reprend la parole.
- Bon bah ce n'est pas que je m'ennuie mais je vais vous rendre votre fille car j'ai des obligations à remplir.
Il rend Lucy à Hayley qui le remercie poliment.
- En tout cas, profitez bien de cette journée. Vous méritez du repos après autant de travail.
On lui répond tous les quatre en même temps.
- Merci.
Il disparaît et nous nous retrouvons enfin entre nous.
Chelsea se met automatiquement à parler avec Hayley tout en prenant elle-aussi sa fille dans ses bras.
Quant à moi, je me tourne automatiquement vers mon meilleur ami.
- Alors? Enfin diplômé?
- Ouais, il était temps.
- Beau-papa et belle-maman sont là?
Mitch fait une grimace.
- Ouais.
- Tu les as largué où?
- Ils sont avec mes parents en train de se raconter mutuellement toutes les conneries que Chelsea et moi avons faits durant notre enfance.
Je me mets à rire comme un débile. J'imagine tellement les parents de Chelsea et ceux de Mitch faire ça. N'empêche, ça doit être gênant.
- Ils n'ont pas osé?
Il se met à ricaner à son tour.
- Oh que si. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a fuit le plus vite possible.
- Je peux comprendre.
On s'arrête tant bien que mal de rire avant que Mitch ne change de sujet.
- Tu sais que tout le monde s'amuse à vous regardez depuis le début de la cérémonie?
Il a raison. Plus de la moitié des personnes présentes s'amuse à nous fixer depuis que nous sommes arrivés.
- Oui je sais. Comment ne pas remarquer qu'on est le centre de l'attention?
- En même temps, tout le monde n'a pas l'habitude de voir un professeur et une étudiante ensemble. Si on rajoute à ça le bébé, vous êtes vraiment une grande source de curiosité. Même tes collègues ne cessent de vous défigurer. Regarde discrètement à droite et tu verras que j'ai raison.
Je fais ce qu'il me dit et vois tout de suite trois regards dirigés vers Hayley et Lucy.
- En effet, on est loin de passer discrets.
- Tu connais ces femmes?
Je continue de fixer les trois personnes. Au bout d'un moment, elles doivent remarquer qu'un regard pèsent sur elles car elles se tournent vers moi avant d'enfin détourner leur attention de ma femme et ma fille.
Elles doivent être gênées mais je m'en fiche. Qu'elles aient hontes. Au moins, peut-être qu'elles comprendraient qu'il vaut mieux qu'elles se mêlent de leurs affaires.
- La plus petite est spécialisée en philosophie. La blonde en italien et l'autre, je ne sais pas. Je ne leur ai jamais parlé, à vrai dire.
Je ne me préoccupe plus de ces trois femmes et tourne ma tête vers Mitch.
- Tu n'aimes pas qu'on te regarde comme ça, hein?
- Ouais mais on fait avec. J'ai l'impression que les gens ont une vie tellement bidon qu'ils sont obligés de regarder la mienne. C'est pathétique. Je suis juste tombé amoureux d'une femme qui a un an de moins et je construis une famille avec elle. Je n'ai rien fait d'exceptionnel.
- Oui mais les gens sont stupides, Jake.
- Ça, je le sais.
- Tu es heureux. C'est l'essentiel, non?
- Oui.
J'entends Hayley couper notre échange.
- Chéri?
- Quoi?
Elle prend son air de chien battu.
- Tu peux changer la petite?
Je soupire.
- Oui si tu veux.
Chelsea prend le même air de chien battu que Hayley.
- Mitch.
- Oui?
- Tu peux changer la petite.
Il soupire à son tour.
- Oui si tu veux Chelsea.
- Merci.
Je prends ma fille et Mitch aussi. Nous les mettons chacune dans leur poussette respective et nous dirigeons vers les toilettes pour pouvoir accomplir notre tâche.
- Elles nous ont bien eux, hein?
Je ricane.
- Ouais.
- Mais qu'est-ce-que l'on ferait sans elles?
- Pas grand chose.
Il n'y a pas grand chose dans ce chapitre mais le prochain sera plus intéressant, ne vous inquiétez pas....
À dimanche prochain!