Joyeux Noël à tous....
Je vous laisse avec mon petit cadeau qui je l'espère va vous plaire.
- Août 2016 -
Jake
Aujourd'hui, c'est le grand jour. Je vais enfin pouvoir rencontrer le père de Hayley.
Et cette fois, c'est sûr, il sera là. Hayley a dit qu'elle voulait le voir et il l'a invité à manger et à dormir vu que demain, c'est le mariage de Cassandra et d'Alex. Eux aussi seront là. Ils n'étaient pas sûrs de venir pour ce dîner à cause de tous les préparatifs de dernière minute. Mais finalement, ils ont appelé hier soir pour dire qu'il venait. il savent pertinemment que la soirée ne va pas être amusante loin de là. Mais leur présence rassure beaucoup. Au moins, il n'y aura pas de meurtre. C'est déjà ça.
Pour en revenir à Steve, le père de Hayley, la seule chose qu'il ne sait pas concernant cette soirée, c'est qu'il va avoir une des plus grosses surprises de sa vie. Et cette surprise n'est autre que moi.
Hayley m'a briefé sur lui et le moins que l'on puisse dire c'est que la tâche s'avère compliqué.
Il va falloir qu'il accepte l'impossible pour lui. Sa fille est devenue une femme. D'après Hayley, rien que voir sa fille avec un homme va l'énerver. Alors je n'imagine même pas quand elle va lui dire que nous vivons ensemble et que nous allons nous marier.
Le but de cette journée est donc crucial. Il faut que je fasse bonne impression et qu'il m'accepte dans la famille pour qu'on puisse le compter parmi nos invités le vingt-neuf juillet de l'année prochaine. S'il ne m'accepte pas, nous sommes littéralement dans la merde car je sais que, pour Hayley, se marier dans son père serait un véritable déchirement.
Toute cette situation explique pourquoi je suis stressé, là, maintenant, devant la porte d'entrée de mon futur beau-père. A vrai dire, "stressé" est un très faible mot pour décrire mon ressenti en ce moment-même. L'expression "littéralement au bord de l'apoplexie" serait plus juste. J'ai envie de disparaître, de mourir.
- Tu es mort de trouille, hein?
Je me tourne vers Hayley et tente de lui faire un sourire. Bien entendu, cela ne fonctionne pas. Je ne peux pas lui mentir comme ça. Elle devine tout.
- Comment tu as deviné?
Elle ricane.
- Tu es à moins de trente centimètres de la sonnette et tu n'as toujours pas sonné alors que ça fait plus de deux minutes qu'on est devant la porte d'entrée. J'en conclus donc que tu as l'esprit ailleurs et que tu es préoccupé.
- Je n'y peux rien si je suis autant stressé. En fait, c'est de ta faute. Pourquoi tu m'as dit autant d'horreurs sur lui?
Elle me regarde d'un air innocent.
- Je n'ai fait que de te dire la vérité. Et je te signale que c'est toi qui m'a demandée comment il était. Sinon, je ne t'aurais rien dit.
Pas faux.
- Bon ce n'est pas que je n'ai pas que ça à faire mais tu m'aimes?
- Oui pourquoi?
- Alors si tu m'aimes, appuie sur cette sonnette et porte tes couilles devant mon père pour qu'il voie que tu n'es pas une navette, un faible et piur pas qu'il te mange tout cru. C'est clair?
Qu'est-ce-qu'elle peut être autoritaire des fois!
- Oui, madame.
Je prends mon courage à deux mains et appuie enfin que cette saleté de sonnette. Que ce soit bien clair, cette rencontre je ne la sens pas du tout.
J'entends Hayley murmurer.
- Courage.
Ça c'est sûr, il va m'en falloir.
Soudain, la porte s'ouvre. J'aperçois un millième de seconde le sourire de Steve mais ce sourire est très vite remplacé par la colère sur son visage. Aie!
Il s'attendait à voir sa fille et était heureux mais hélas pour lui, je suis là. La chute doit être vertigineuse.
Face à son expression, je suis totalement tendu et je ne suis pas le seul: Hayley l'est aussi même si elle essaie de ne rien laisser transparaître.
Au bout de quelques secondes, j'entends Steve crier tout me regardant fixement. Si un regard pouvait tuer, je serais mort depuis quelques secondes déjà.
- C'est quoi ça ?
"Ça ?". Il me compare à un objet ou je rêve. Sympa le beau-père. Je l'aime déjà.
Hayley, quant à elle, tente de lui sourire mais sa tentative est vaine. Tout ce qu'elle arrive à faire, c'est une grimace.
- Papa, je te présente Jake.
Il lui répond d'une voix toute aussi violente que celle qu'il arborait il y a quelques secondes.
- Et qui est ce Jake?
Et c'est à ce moment-là que je fais une connerie. Alors que j'étais statique jusque là, je décide d'enfin me manifester. Hélas, il faut que ce soit pour faire un truc idiot.
Et oui, comme un crétin je lui tends la main en annonçant:
- Je suis son petit ami.
Au moins, dans ma connerie, j'ai fait quelque chose de bien. J'ai dit que j'étais son "petit ami" et non, son fiancé. J'aurai quand même suivi une partie du plan. On avait préparé tout un truc mais j'ai bien l'impression que ça va servir à rien. Avec Hayley, on veut attendre avant d'annoncer le mariage. Elle a même enlever sa bague pour l'occasion. J'ai longuement ronchonné en lui disant que je voulais que le monde entier la voit. Mais elle a eu l'esprit assez intelligent pour me dire qu'avec sa bague elle serait grillée en moins de deux secondes. Elle n'a pas tort et même si c'est compliqué, il est nécessaire d'y aller avec son père pour que la pilule passe mieux.
Hélas, la pilule n'a pas l'air de passer car la vois de Steve se fait aussi douce qu'un fouet.
- Ça c'est ton petit copain?! Tu te fous de ma gueule?!
Je baisse immédiatement ma main que était jusque là tendue.
Il a beau être son père, je ne supporte pas qu'il lui parle comme ça. Moi qu'il le parle mal, je n'en ai strictement rien à battre mais elle, non. Ce n'est pas un chien.
- Vous pouvez lui parler mieux, s'il vous plait?
Je sais que je n'aurai pas dû dire ça et que ça ne joue absolument pas en ma faveur mais c'est plus fort que moi.
- Et vous, de quel droit me parler vous sur ce ton mon cher Jake?
Je décide d'être sincère.
- Vous avez beau être son père, je ne peux pas cautionner qu'on parle comme ça à Hayley.
Il ricane.
- Vous allez me jouer le coup du petit ami surprotecteur, c'est ça?
Je ricane faussement.
- Excusez-moi de me préoccuper d'elle et de veiller à ce qu'on la respecte.
Soudain, Hayley nous interrompt.
- Bon c'est bon, vous avez fini, on peut rentrer?
Elle pousse son père de la porte d'entrée et rentre en me faisant signe de la suivre.
Une fois rentrés, nous échangeons rapidement quelques mots avec Cassandra et Alex.
Hélas, Steve décide de mettre fin à la conversation.
- Tu as donc un petit ami?
- Oui.
Steve hurle.
- Tu es trop jeune!
Hayley monte le son à son tour.
- J'ai vingt-cinq ans, papa! Je suis plus vieille qu'Alex.
- Oui mais les garçons de ton âge ne cherchent qu'une chose. Le sexe!
- Tu sais quoi papa? Je vais être franche avec toi. De un, les "garçons de mon âge" ne sont pas des garçons mais des hommes. De deux, Jake m'aime sincèrement et veut une relation stable avec moi alors ne le met pas dans le même sac que les autres. De trois, papa, je vais te dire quelque chose qui ne va pas te plaire mais je vais te le dire quand même: je ne suis plus vierge et j'ai des relations sexuelles comme quatre-vingt-dix-neuf pourcents des femmes de mon âge.
Je ne sais pas vous, mais je trouve que Hayley aurait dû s'arrêter au petit deux. Pourquoi a-t-elle dit ça à son père ? Pour lui qui est du genre "rester vierge jusqu'au mariage", ça dû être un choc.
Je crois que c'est le moment de me faire à l'idée. Jamais Steve ne va m'accepter. Pas après ce que vient de dire Hayley.
- Quoi?!
- Et oui, papa, à vingt-cinq ans, j'ai des relations sexuelles.
Soudain, Alex intervient.
- On peut éviter de parler de la vie sexuelle de Hayley et revenir à quelque chose de plus basique et moins traumatisant.
Je crois que je n'ai jamais autant aimé Alex qu'en ce moment précis. Parler de ma sexualité et de celle de Hayley en présence de la famille est quelque chose que je ne veux pas vivre.
Steve tente de reprendre son calme.
- Et je peux savoir ça fait combien de temps que vous êtes ensemble?
Hayley parle d'une voix plus calme.
- On se connait depuis septembre et on sort ensemble depuis avril.
- Et donc depuis tout ce temps, tu ne m'as pas prévenu parce que tu n'es pas sûre de ta relation?
Malin le type. Il veut savoir si elle est sûre de nous ou non. Tout ça pour pouvoir attaquer si elle doute. Heureusement, je sais qu'elle va lui fermer sa bouche car même si c'est un cauchemar pour lui, Hayley et moi c'est très sérieux. La preuve, on va se marier.
- Si je suis parfaitement sûre. C'est juste que je savais que tu allais mal le prendre donc j'ai repoussé le moment. Mais Jake voulait à tout prix te rencontrer et connaître.
Il se tourne vers moi.
- C'est vrai?
- Oui.
- Bien alors faisons connaissance devant le repas.
Je ne sais pas pourquoi mais son ton ne me rassure absolument. Je suis sûr qu'il parle avec le même ton au travail. Le parfait ton du flic qui va faire passer un interrogatoire. Sauf que contrairement à ses suspects, moi, j'ai l'impression que je ne vais pas finir en prison mais à l'abattoir.
Dix minutes plus tard, tout le monde est à table. Pour l'instant, le silence se fait dans la pièce. Hélas, je sais que ça ne va pas durer. Il y a forcément un moment où Steve va commencer son fameux interrogatoire.
Et ce moment, eh bien, c'est maintenant.
- Vous faites quoi dans la vie, Jake?
Une question facile. Pour mieux m'endormir certainement. Je sais que les choses vont se corser.
- Je viens de finir mes études et là, l'université vient de m'embaucher comme professeur d'histoire française.
Il parait étonné. Un bon point pour moi. Et oui, j'ai un cerveau.
- Et donc, vous allez subvenir à vos besoins tout seul maintenant?
- Oui. Ma mère refusait que je travaille durant les études.
- Donc ce sont vos parents qui vous payaient tout.
Je ressens immédiatement le besoin de le corriger. James n'est pas mon père.
- Ma mère et mon beau-père pour être plus exact.
- Et vous viviez où? Dans une cité universitaire? Seul dans un studio? En colocation dans un appartement?
- Dans un grand appartement tout seul.
Il ricane.
- Vous êtes donc un gosse de riche. Bravo, Hayley, tu as choisi quelqu'un qui ne sait pas ce que c'est la vrai vie.
La colère monte en moi. De quel droit il me juge? Il ne connait rien de ma vie, de mon passé.
- Si ça peut vous rassurer j'ai vécu dans la pauvreté pendant plus de dix ans. J'avais à manger, certes, mais les biens matériels je ne savais pas ce que c'étaient. Alors si, je sais ce que c'est la vraie vie.
Je me rends compte trop tard que j'ai parlé trop vite. Je sais qu'à partir de ce moment-là, la conversation, si on peut appeler ça une conversation, va être un véritable cauchemar.
Il faut reconnaître qu'il sait poser les bonnes questions. C'est un bon flic. Même pas cinq minutes de discussion et il a déjà trouvé la faille: mon passé.
Il doit bien voir que je ne veux pas en parler et je pense que c'est d'ailleurs pour ça, qu'il va se faire un plaisir de m'attaquer sur ce sujet. A partir de maintenant, je vais avoir le droit à ma famille, mon passé, ma famille, mon passé... en boucle.
Cette journée va vraiment être très longue.
Une heure plus tard, ce que je craignais est bel et bien arrivé. Il ne m'a posé que des questions sur ma famille et mon passé. Je suis toujours resté évasif ou je n'ai pas répondu à ses questions. Je vois bien que ça l'énerve mais il y a des choses dont on a pas forcément envie de parler.
Hayley essaye de m'aider comme elle peut en prenant de temps en temps la parole mais tout part toujours en cacahuètes.
On parle calmement et puis, à un moment ou à un autre, son père ou moi commence à hausser le ton et nous finissons par crier tous les deux.
Par exemple, il a suffit que je dise que Hayley et moi vivons ensemble pour qu'il pète un câble.
Nous en sommes à notre énième sujet de dispute quand Steve se lève brusquement de sa chaise.
- Je suis désolé, Hayley, mais que ce soit bien clair: ton petit ami ne sera jamais accepté dans cette famille.
Il sort d'un pas précipité de la pièce sans un regarde plus vers nous.
Dés que la porte d'entrée se referme, Hayley explose.
- Non mais quel connard!
- Hayley, calme-toi.
Elle me regarde telle une furie.
- Me calmer? Il est censé m'aimer et être heureux pour moi. Mais non, monsieur est persuadé que rien n'est trop beau pour moi. Il a décidé en te voyant qu'il ne t'aimerait pas alors il est horrible avec toi. Il n'a pas le droit de te traiter comme ça. Je suis sûre que même ses suspects il les traite avec plus d'humanité.
Je vois bien que me voir me disputer avec son père pendant plus d'une heure n'a pas dû être.
Je sais qu'elle voulait vraiment que son père et moi nous entendions bien. Hélas, on savait très bien tous les deux que ça allait être problématique. Entre moi qui déteste me faire marcher sur les pieds et lui qui est prêt à tout pour que je quitte sa fille, ça allait forcément faire des étincelles.
Pour elle, ça ne doit vraiment pas être facile. Si le cas était inversé et que c'était ma mère qui détestait Hayley, je serai vraiment mal.
Je comprends son mal-être. Ainsi, j'essaye de la calmer.
- Ecoute, il a beau être méchant avec moi, c'est juste parce qu'il t'aime.
- Oui mais regarde comme il a réagit quand tu as dit qu'on vivait ensemble, tu penses sincèrement qu'il va accepter notre mariage?
Je la regarde fixement avant de lui répondre.
- Bien sûr que non.
Hayley secoue la tête.
- Je n'en reviens pas: je vais me marier sans mon père.
- Et tu veux quand même te marier avec moi même si ton père n'est pas là?
Elle m'offre une moue moqueuse.
- Tu crois quoi? Que mon père va tout gâcher en pétant son câble? Je n'en ai strictement rien à battre de ce qu'il pense.
Je lui souris.
- C'est vrai?
- Bien sûr. Et tu sais quoi? Je vais même aller lui dire.
Elle se lève, déterminée. Elle a pété un câble ou quoi?!
Je m'apprête à lui dire quand Alex prend la parole.
- Tu veux aller parler à papa, là?
- Oui.
Alex lui fait des gros yeux.
- Mais tu es malade ou quoi?
- Oui peut-être bien. Mais il est temps que je lui dise le fonds de ma pensée.
Je vois dans le regard d'Alex qu'il craint le pire. A vrai dire, moi aussi je crains le pire. Mais bon, je connais Hayley et je sais à quel point elle peut être têtue. Vu sa détermination, il ne sert à rien d'argumenter et ça, Alex l'a parfaitement compris.
- Ok. C'est à tes risques et périls.
Hayley se retourne et se dirige vers la porte d'entrée.
Cette journée est vraiment pourrie.
Alors? Qu'est-ce-que vous pensez de Steve? Il est sympa non?
Bon je vous embête pas plus longtemps, je dois aller manger la dinde aux marrons....
A mercredi...