Hayley
Je me tourne vers le réveil. Il est huit heures vingt-et-un. J'ai passé une des pires nuits de ma vie. Je me suis endormi à plus de cinq heures du matin et le peu de temps où j'ai dormi, j'ai encore fait un rêve. Au total, je dois avoir de belles cernes sous les yeux. Je suis totalement en manque de sommeil et ce n'est pas cette semaine que je vais arrivé à dormir. Le souci c'est que dés que je vois Jake, je pense immédiatement au sexe. Avant je n'étais pas vraiment intéresser par ce sujet. Il y avait juste Chelsea qui m'en parlait quand elle abordait ses conquêtes avec moi. Mais maintenant, j'y pense constamment. A vingt-quatre ans, il est d'ailleurs temps que j'y songe. Je ne crois pas que je pourrai le faire avec un autre. Je me suis promis depuis mon histoire avec William que j'attendrai le bon et maintenant, je l'ai trouvé. C'est quand même dingue d'avoir toujours envie de sauter sur son meilleur ami et depuis le baiser, c'est devenu une obsession.
Durant la nuit, il m'a demandé plusieurs fois si je dormais. Je ne lui ai jamais répondu et j'ai préféré faire comme si je dormais. Je me doute bien qu'il sait pertinemment que je ne dormais pas mais je ne voulais pas lui parler. Si j'avais répondu, on serait reparti dans notre discussion ou plutôt notre dispute. Soit ça aurait fini en bain de sang, soit ça aurait fini par l'inévitable. Je veux le faire avec lui, j'en suis certaine, mais d'abord, je vais savoir ses sentiments et tout ce qu'il ressent. Je n'ai aucune envie d'être un nom de plus sur son tableau de conquêtes. Pour lui, avoir une relation sexuelle ensemble serait anodin et absolument pas extraordinaire alors que pour moi, se serait quelque chose d'inoubliable.
Lorsque je me décide enfin à ouvrir les yeux, je me tourne vers Jake et je le trouve en train de me regarder. Depuis combien de temps le fait-il ?
- Salut.
- Salut.
- Ça va ?
- Oui et toi ?
- Oui. Bien dormi ?
- Super bien.
Je vois à son visage qu'il sait que je mens.
- Pourquoi tu mens ?
- Je ne mens pas.
- Arrête, je te connais par cœur Hayley.
Autant me résigner, tout espoir de le convaincre est vain.
- D'accord, j'ai mal dormi. Ça te va comme ça, tu es content ?
- Très.
A voir son regard, je sais qu'il cherche à aborder le sujet du baiser mais je suis toujours énervée de sa réaction plutôt froide d''hier après-midi. Le mieux pour moi est de fuir.
- J'ai faim. Je vais passer mon peignoir et je descends prendre le petit-déjeuner. Ta mère a dit qu'il serait servi à huit heures trente donc dépêche-toi toi aussi.
Quelques minutes plus tard, j'arrive seule dans la cuisine. Quand je suis sortie de la chambre, Jake n'avait pas encore bouger d'un millimètre. Je ne l'ai pas attendu car je sais très bien qu'il va mettre vingt ans à sortir du lit. Catherine, Mary et James sont déjà à table en train de prendre le petit-déjeuner.
- Bonjour.
Catherine me regarde d'un œil attentif tandis que Mary et James me disent « bonjour » en même temps.
- Tu as d'horribles cernes, ma chérie. Tu as mal dormi ?
- Oui ne vous inquiétez pas.
- Hayley, je vais devoir te le dire combien de fois ? Tutoie-moi. D'ailleurs, assis-toi et sers-toi à manger. Si tu veux la cafetière, elle est là.
Elle me montre le plan de travail juste derrière elle.
- Merci Catherine.
A peine, je suis assise que Jake rentre dans la pièce. Tiens, il a mis beaucoup moins de temps pour sortir du lit que je le croyais. Il a dû certainement se rendre compte que sa mère allait l'engueuler si il arrivait en retard au petit-déjeuner. D'après lui, une ou deux minutes de retard à table et sa mère est énervée pour le reste de la journée.
La chose qui me marque le plus quand je le vois est le fait qu'il n'a même pas fait l'effort de mettre un bas de pyjama. Il est toujours en boxer et ça ne semble pas le déranger d'être comme ça devant toute sa famille. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder. Il est vraiment canon, j'y peux rien. Mon regard dévie vers le bas. Il paraît plutôt bien équipé si j'en juge la bosse qu'il y a dans son boxer. Je n'ai pas de point de comparaison et je m'y connais peu en taille de sexe masculin mais je pense qu'il a tout ce qu'il faut là où il faut. Je n'ai pas le droit de penser ça mais ce n'est pas de ma faute : comme je l'ai déjà dit dés que je vois Jake, je pense au sexe. C'est plus fort que moi.
- Salut.
Sa mère le regarde fixement avec un regard assassin.
- Tu aurais pu au moins mettre un bas de pyjama. On a pas forcément envie de voir tes abdos et tout le reste de ton corps.
Moi en tout cas, je fais partie des personnes qui veulent voir son corps mais bon, je préférerais que ce soit en privé, pas devant toute sa famille.
- C'est bon, maman. Je suis chez moi que je le sache. De toute manière, vous avez tous déjà vu un homme en caleçon alors évitez de jouer les prudes devant moi.
Il s'assoit sur une chaise et se met à bailler. Sans faire attention, j'ai baillé en même temps que lui. Catherine nous regarde à tour de rôle et je bois une gorgée de café pour éviter qu'on remarque le rougissement de mes joues. Mary nous regarde elle-aussi. Elle a une lueur moqueuse dans les yeux.
- Je vois qu'il y en a deux qui ont trouvé une idée beaucoup plus intéressante que de dormir.
Je recrache mon café. Dîtes-moi que j'ai mal entendu et qu'elle n'a pas dit ça.
- Mary ! C'est déplacé !
Sa mère la réprimande et c'est compréhensif vu à quel point la situation est gênante.
- Oui, écoute maman.
- Même si c'est réel Mary, je refuse que tu dise ce genre de choses.
- Maman !
Jake regarde sa mère de manière scandalisée.
- Quoi ? Ne me regarde pas comme ça. Vous êtes jeunes, c'est de votre âge.
Oh putain ! J'ai envie de disparaître. Je regarde Jake qui lui regarde sa mère et sa sœur. Il est tellement énervé qui l'a envie de les tuer si j'en juge le regard qui leur jette.
- Alors écoutez-moi bien, je vais vous le dire une bonne fois pour toute : Hayley est ma MEILLEURE amie et non ma PETITE amie. Nous avons dormi dans le même lit, certes, mais il ne s'est strictement rien passé. C'est clair ?
Merci ! Il a enfin dit la vérité. Mais il l'a dit seulement maintenant et je pense que sa famille ne le croit absolument pas. Si il l'avait dit avant, ne n'en serions pas là.
- Quelle mauvaise foi ! s'écrie Mary
- Tu devrais faire un carrière d'acteur, mon fils. A mon avis, tu aurais toutes tes chances.
Jake paraît hors de lui tandis que moi, je n'ose toujours pas bouger ni parler.
- J'en peux plus. J'abandonne.
Il sort de la pièce sans un mot de plus et me laisse donc dans cette situation catastrophique, seule avec sa famille. Pourquoi ai-je accepté de le suivre en Australie ?
Il est vingt-trois heures et Jake et moi sommes dans la chambre. La journée a été longue et toute la famille n'a pas arrêté de faire des allusions sur notre relation. Je sais très bien que cette semaine va être une des plus horribles de ma vie entre les propos de la famille de Jake, de la froideur de ce dernier et surtout les nuits où je ne peux en aucun cas me reposer. Je ne tiendrai pas toute la semaine, c'est une certitude. Je sais parfaitement, au fond de moi-même, que toute cette torture ne sert qu'à repousser l'inévitable. Mais je ne sais pas ce qu'il ressent et c'est pour ça que je veux attendre le plus possible.
Quand Jake sort de la salle de bain, il est encore une fois en boxer. Cette fois ça en est trop.
- C'est plus possible !
- Qu'est-ce-qui n'est plus possible ?
Je suis toujours debout face à lui. C'est ça, fait comme si tu ne comprenais pas. Connard !
- Cette situation.
- Quelle situation ?
J'ai envie de lui donner une gifle.
- Tout ça.
- Comment ça, tout ça ?
Dieu qu'il m'exaspère. Il est si obtus à certains moments. C'est dingue !
- Et bien tout ça quoi. J'ai pas besoin de tout te décrire en détail.
- Justement si. Tu peux tout me dire et tu le sais.
Je prend mon courage à deux mains et commence à parler de mes problèmes à celui qui les causent.
- Pour commencer il y a le fait que tu ne portes pas de pyjama pour dormir. Ça me perturbe totalement.
- Ne t'inquiètes pas pour ça. Ce n'est pas parce que je suis à moitié à poil que je vais te violer.
En réalité, il ne peut pas me violer : si il me touchait, je serais parfaitement consentante et c'est bien ce qui m'inquiète. Autant que je prenne la chose à la légère
- Très drôle. Je sais que tu n'es pas comme ça. Mais il y a d'autres choses aussi : le partage de la chambre qui nous met dans une situation gênante, le fait que ta famille pense qu'on est en couple et surtout, le baiser.
- Ah tiens c'est nouveau ça : tu veux parler du baiser.
Si j'y réfléchis bien, le sujet est inévitable alors autant crever l'abcès.
- Oui.
- Alors ?
Sa question me laisse confuse.
- Alors quoi ?
- Tu as pensé quoi de notre baiser ? Enfin je veux dire, tu l'as trouvé comment ?
- Et toi, qu'est-ce-que tu en penses ?
J'aimerais qu'il en parle avant moi. Je n'ai pas la force de me laisser dans une explication sur un sujet si important.
- J'ai posé la question en premier que je le sache. Donc réponds : Comment as-tu trouvé notre baiser ?
Tout aurait été plus simple si il aurait commencé mais bien sûr, vu la chance que j'ai, c'est à moi de dévoiler mes pensées en première. Je vois à son regard que l''heure est à la sincérité et je sais qu'il me dira la vérité même si cette dernière ne me plaît pas. Par conséquent, je vais être honnête avec lui. Je lui dois bien ça.
- Sincèrement ?
- Oui.
- Il était juste parfait. Le meilleur baiser de toute ma vie.
- Je suis d'accord.
Ça me fait plaisir d'entendre ça et à vrai dire, ces paroles m'envoient au septième ciel. Mais je ne veux pas qu'il croit à ce que quelque chose puisse se passer sans qu'il me parle avant.
- Mais ne te méprends pas. Aussi merveilleux, passionné et torride fut-il, ça ne doit pas se reproduire. C'est clair ?
Mes paroles avaient été dures. Je voulais qu'il comprenne le message : sans plus de détails concernant ses sentiments, il n'y aura rien de plus. Ce que j'avais dit a été clair mais il ne semble pas avoir compris grand chose au vu du sourire qu'il arbore. Je me demande d'ailleurs pourquoi il sourit dans une conversation aussi importante.
- Tu as trouvé notre baiser torride ?
Il semble amusé alors que moi, je suis au contraire de l'amusement. Tout ce qu'il a compris est le côté plaisant de mes paroles pas le côté négatif qui est pourtant réaliste. C'est agaçant de voir à quel point il a l'air de se moquer de moi dans une pareille situation alors que le sujet de notre conversation en lui-même me rend totalement mal à l'aise. Cet homme ne pense vraiment qu'au sexe. Je comprend pourquoi il n'a que de simples conquêtes : il est incapable de parler sérieusement de sentiments avec une femme.
- C'est tout ce que tu as retenu de ma phrase ?
Je le vois prendre une grande inspiration. Il paraît avoir retrouvé son côté sérieux et cela me fait plaisir car nous allons pouvoir enfin parler comme deux adultes.
- Sérieusement, tu l'as vraiment trouvé torride ?
Comme je m'en doutais, il est bien redevenu sérieux et toute trace de sarcasme a disparu de sa voix. Il me regarde droit dans les yeux et cela me rappelle à quel point j'aime leur couleur. Son regard fixe est déstabilisant.Mon cerveau est proche de l'explosion. Le silence s'installe entre nous et même si il ne dure que quelques secondes, il paraît s'écouler dans ce laps de temps une éternité. Je suis tellement mal à l'aise et perturbée par ses propos, son attitude et le silence que je n'envisage pas de mentir. De toute manière, je ne pense même pas pouvoir réfléchir tellement cet homme m'omnibule et me possède d'un simple regard.
- Oui.
J'ai l'impression que cet aveu est sorti de ma bouche malgré moi mais je ne peux pas faire semblant plus longtemps. Je sais que ce simple mot va tout changer et Jake en semble tout aussi conscient que moi car il s'approche de moi. Il marche lentement dans ma direction et je sais pertinemment ce qu'il va faire. J'en ai envie mais j'ai peur. Peur de l'instabilité de l'avenir mais aussi peur de passer une des étapes majeures dans la vie d'une femme. L'enjeu est si énorme que ma crainte prend le dessus.
- Arrête s'il te plaît.
Il s'arrête aussitôt de marcher. Mais il est à moins d'un mètre de moi à présent et cette proximité est troublante. Il me fixe toujours droit dans les yeux et me demande, toujours aussi sérieusement :
- Pourquoi ?
Je suis incapable de lui répondre et de toute manière, je ne sais pas comment lui faire comprendre mes craintes. J'ai peur de paraître ridicule si je lui dit que la chose qui me fait le plus peur dans cette situation c'est le fait de lui offrir une part de moi-même car si je lui dis ça il comprendra que je n'ai jamais eu de relations sexuelles, que je suis vierge et il risque d'en rire vu l'âge que j'ai. Je n'arrive plus à soutenir son regard et je me mets à fixer le sol en cherchant un moyen de réfléchir et de formuler une phrase cohérente. Mais il ne me laisse pas le temps car je sens ses doigts sous mon menton. Il le relève et fixe à nouveau mon regard dans le sien.
- Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu n'en as pas envie.
Ayant soudainement une once de courage, je lui répond simplement :
- Je ne peux pas te dire ça.
- Pourquoi ?
Je le connais et je vois dans son regard qu'il connaît la réponse à ma question. Mais je sais qu'il veut me l'entendre dire.
- Parce que tu sais très bien que j'en meurs d'envie depuis le moment où je t'ai vu. Ça fait des mois que je veux faire l'amour avec toi.
Je vois un sourire de satisfaction se dessiner sur son visage.
- Enfin tu l'avoues.
- Oui car de toute façon, ça ne sert plus à rien de nier l'évidence. Depuis le premier jour, le premier instant, la première seconde, on est attiré l'un par l'autre. Je le sais et tu le sais.
Son sourire disparaît et il retrouve son sérieux en gardant toujours ses yeux fixés aux miens. Il prend encore une fois une grande inspiration et déclare :
- Tu as raison : non seulement c'est évident mais c'est aussi inévitable.
Avant même que je comprenne quoi que ce soit, il prend mon visage entre ses mains et approchent ses lèvres des miennes. Lorsqu'elles se touchent, c'est l'apothéose. Le temps s'arrête et je ne suis plus maître de moi-même. Avec sa langue, il essaye de forcer la barrière de mes lèvres et je lui laisse naturellement accès à la mienne. Nos langues se cherchent, se taquinent et automatiquement, mes yeux se ferment et je savoure les sensations que notre baiser procure en moi. Il est tellement doux. Il n'y a rien de brusque et cela fait voler ma peur en éclats. Je sais que c'est le bon moment et la bonne personne. Je ressens, comme la première fois où l'on s'est embrassé, une douleur au fond de mon ventre. Cette douleur est si agréable mais elle me rend tout aussi dingue et même si notre baiser à commencer en douceur, je vois bien que les choses s'intensifient. Nos mouvements de langues se font pressants et passionnés. Mes mains se perdent dans ses cheveux tandis que les siennes sont placées en bas de mon dos, sur mes reins. Il presse son bas ventre contre le mien et je sens son érection accroître au fur et à mesure que notre baiser prend de l'intensité.
Hélas, au bout de quelques secondes, nous sommes obligés de rompre le contact de nos lèvres et de nos langues pour reprendre notre respiration. Je le fixe dans les yeux en essayant de lui faire comprendre que je veux qu'il continue à m'embrasser. Il paraît comprendre mon message car il se jette à nouveau sur mes lèvres. Le désir se décuple et nos corps se demandent l'un l'autre. Tout est si intense si fort. Au bout de quelques secondes, il stoppe notre baiser et plonge sa tête dans mon cou. C'est divin. Il agrippe mon tee-shirt par le bas et le fait passer par dessus ma tête. Il est obligé de rompre les mouvements de ses lèvres sur mon cou pour se débarrasser de mon vêtement mais, fort heureusement, ses lèvres retrouvent leur place en un rien de temps. Bizarrement, cela ne me dérange pas d'être en soutien-gorge devant lui. En ce moment, je remercie le ciel de porter un soutien-gorge. Pour une fois que j'en ai un en portant un pyjama. J'ai bien vu que hier, Jake fixait mes seins et c'est pour ça que j'en porte un. Cela aurait pu être gênant de porter ce simple morceau de tissu vu que c'est ma première fois mais non, je me sens bien.
Hélas, mes pensées me rappellent qu'il faut que je lui avoue quelque chose de crucial :
- Jake !
Il ne me répond pas et s'arrête pas.
- Jake !
J'ai haussé le ton mais toujours aucune réponse.
- Jake, stop !
Cette fois-ci, il stoppe tous ses mouvements. Ses sourcils sont froncés et je vois dans son regard qu'il est inquiet.
- Quoi ?
- Ecoute, je dois t'avouer quelque chose.
Ils froncent encore plus les sourcils car je sais qu'en voyant mon regard il a compris que ce que je vais lui dire est important.
- Vas-y dis.
- C'est dur à dire mais je... je...
Je n'arrive pas à dire les deux mots suivants. C'est si difficile d'avouer ça mais je dois le faire car à un moment ou à un autre, il va comprendre la situation.
- Je...
- Tu ?
Il essaye de m'encourager et je sais qu'il sera inquiet tant que je ne lui aurais pas dit ce que je dois lui avouer alors autant tout lui dire de manière franche et sans honte. Je prend une grande inspiration et dit :
- Jake, je... Je suis vierge.
Je vois la surprise se dessiner sur son visage et je l'entend crier de manière horrifié :
- Quoi ?