Hayley
Il est en train de m'embrasser ! Oh mon dieu, il est vraiment en train de m'embrasser. J'avais d'abord été surprise mais jamais je ne voudrais changer ce moment, quel qu'en soit les conséquences. Nos langues bougeaient au même rythme. C'est seulement la deuxième personne que j'embrasse mais c'est de loin le meilleur baiser de toute ma vie. Une sensation monte dans mon ventre et dans un élan de pur passion, j'agrippe ses cheveux et tire dessus. Il a l'air d'apprécier car il gémit une fois de plus. Je n'arrive pas à croire que je lui fais de l'effet, ça paraît totalement irréel. Je n'arrive même plus à tenir sur mes jambes tellement mes sensations me bouleversent. Se faire embrasser par l'homme que l'on aime est une des plus belles choses qui puissent exister. Il attrape mes fesses et rapproche mon corps du sien. A ce moment précis, je sais qu'il a envie de moi : son érection parle pour lui. Je veux plus. Si seulement nous étions dans un endroit intime. Je pourrai passer toute ma vie comme ça.
Hélas, nous nous arrêtons en même temps lorsque nous entendons un bruit. En nous tournant dans la direction de la porte, nous voyons qu'elle est ouverte et que sa mère et sa sœur sont là. C'est affreusement gênant. Nous sommes dans le pétrin total. Comment leur faire croire que Jake et moi ne sommes pas un couple si elles ont vu notre baiser ? De quoi avons-nous l'air avec moi qui a mes deux mains dans ses cheveux et lui qui a les siennes sur mes fesses ? En tout cas, cette situation a l'air de faire plaisir à sa mère et à sa sœur car elles hurlent de joie. Quant à nous, nous n'arrivons même pas à bouger. A vrai dire, je n'ose même pas le regarder.
Au bout de quelques secondes, Mary me saute dessus et me prend dans ses bras tout en repoussant Jake.
- Merci !
Elle paraît tellement heureuse.
- De quoi ?
- Du miracle que tu as accompli ! Je n'en reviens pas ! Mes prières ont enfin été entendues et exaucées. Tu sais, Jake n'arrête pas de me parler de toi et me répète sans cesse à quel point tu es, je cite : « géniale », « merveilleuse », « extraordinaire » et « parfaite ». Il parle de toi avec tant d'amour, c'est trop mignon.
- Ah bon ?
Je me tourne vers Jake qui a entendu toute la conversation vu que sa sœur est loin d'être discrète. Il est blafard et n'ose même pas ouvrir la bouche pour parler. Pourtant c'est le moment parfait pour avouer à sa famille que je suis sa meilleure amie et non sa petite amie. Mais bien sûr, il n'en fait rien et reste planté là, à attendre je ne sais quoi.
- Je suis sa sœur et j'ai été sa confidente durant des années. Je le connais comme si je l'ai fait et je peux te dire que mon frère est amoureux de toi.
- Bon bah moi, j'ai soif après ce long vol alors on ferait mieux de rentrer, d'accord ?
Pourquoi quand il décide enfin d'ouvrir la bouche c'est au moment que les choses deviennent intéressantes ? J'aurais aimé avoir l'avis complet de sa sœur sur ses sentiments, mais bien sûr, il a tout gâcher.
La mère de Jake, Catherine, qui a enfin arrêter ses hurlement de joie, intervient pour répondre à la question posée par Jake.
- Oui bien sûr rentrez.
En rentrant dans la maison, je n'ose pas regarder Jake. Ainsi, je me concentre sur ce qui m'entoure. La pièce est magnifique : un grande table en verre assortie à des chaises noires, de magnifiques plantes en guise de décorations... A vrai dire, ce salon est tout ce qu'il y a de plus moderne et est loin de l'idée que je me faisais de cette maison : une maison très traditionnelle et familiale avec du bois et des murs blancs. Mais non, tout est décoré de manière à ce que l'on se croit chez un jeune couple ayant des goûts dans l'ère du temps. Cette pièce est vraiment impressionnante. J'adorais vivre dans une maison comme ça et je m'imagine parfaitement y vivre avec un mari et plusieurs enfants. J'aimerai tellement que ce soit possible mais je doute de pouvoir être attiré et de pouvoir aimer quelqu'un aussi fort que Jake et le problème c'est qu'il se dit lui-même incapable d'aimer une femme. De plus, il n'aime pas trop les enfants et il est pour moi inconcevable de ne pas en avoir. A moins qu'il pense que ses enfants et ceux des autres sont deux choses complètement différentes.
Mais attendez, je suis vraiment en train de penser au fait d'avoir des enfants avec Jake. Je déraille complètement. Il m'a seulement embrassé et moi, je pense déjà à ça. De plus, je pense qu'il m'a embrassé de manière impulsive et qu'il le regrette. Il a embrassé des dizaines et des dizaines de femmes alors pour lui, ça ne doit pas vouloir dire grand chose alors que pour moi, ce qui est arrivé est énorme. Jake est le deuxième homme que j'embrasse. Avant lui, il n'y a eu que William et je dois dire que quand il m'embrassait mes sensations n'avaient aucun point commun avec ce que j'ai ressenti aujourd'hui. Je n'avais pas ressenti l'envie d'aller plus loin alors qu'avec Jake, si les circonstances avaient fait en sorte que ce soit possible, je l'aurai très certainement fait avec grand plaisir. Je crois même que jamais je ne supporterais l'idée qu'un autre homme puisse me toucher. Je trouverai ça répugnant.
Quelques minutes plus tard, après que nous ayons bu un verre et que Jake a raconté le voyage, un grand silence s'installe. J'ai toujours détesté ces moments où personne ne sait quoi dire et j'ai à chaque fois envie de remercier la personne qui brise le silence.
- Bon alors, où est James, vous savez la chose qui me sert de beau-père ?
Pour une fois, j'ai plutôt envie de tarter la personne qui a ouvert sa bouche. Pourquoi Jake prend-il autant de plaisir à être méchant. Il dit qu'il aime sa mère mais il critique l'homme qu'elle aime et qui est son mari. J'aurai vraiment envie de lui donner des baffes.
- Il est au travail.
Catherine a répondu de manière sèche. Elle était si heureuse il y a quelques minutes encore et là, son propre fils trahi son élan de joie.
- Pour changer !
- Arrête de dire ça ! Il est souvent au travail et en déplacement certes mais il est quand même présent à nos côtés aux moments importants comparé à d'autre alors arrête de le critiquer. Depuis le début tu ne l'aimes pas mais, s'il te plaît, je te le redemandes encore une fois fait un effort car c'est grâce à lui que tu as eu un toit sur la tête les dernières années où tu as vécu ici. Tu as eu à manger dans ton assiette tous les jours et il a amélioré le quotient modeste que nous avons eu toi, ta sœur et moi durant plus de dix ans. Aujourd'hui, tu es à l'université, tu vas avoir un bon job, tu vis dans un beau et grand appartement, tu vas pouvoir y vivre avec la femme de ta vie et y élever tes enfants, et tout ça c'est grâce à lui et non à ton salopard de père !
Non seulement Catherine est énervée mais en plus, Jake et Mary ont perdu leur sourire. Apparemment, parler de Matt, le père de Jake, n'est pas quelque chose de bien perçu. Ce sujet de conversation lance même un blanc total dans la pièce.
J'aimerai bien détendre l'atmosphère en disant quelque chose mais rien ne me vient à l'esprit alors c'est encore une fois Jake qui brise le silence :
- On peut arrêter de parler de James. Déjà que je vais devoir me le farcir pendant une semaine.
Ces propos jette encore plus un froid dans la pièce et fort heureusement, Mary essaye d'alléger l'ambiance en changeant de sujet.
- Bon alors, parlez nous de vous deux les tourtereaux.
Et merde ! Qu'est-ce-qu'on va pouvoir dire ? Ça sent l'interrogatoire et je n'aime pas ça car si on me pose la question « Est-ce-que tu aimes Jake ? » jamais je n'aurai la force et le courage de dire non.
- Vous vous êtes rencontrés où ?
- En cours.
- Le jour de la rentrée ?
- Oui.
- Et comment vous avez appris à vous connaître ?
- Grâce à un exposé qu'on devait faire à deux.
- Oh je vois. Donc vous travailliez pour les études une partie du temps et une autre partie, vous travailliez au lit.
Je me tourne vers Jake mais aucune réaction, comme si tout était normal. Il faut qu'il avoue la vérité et qu'il dise qu'on n'est pas en couple mais il ne semble pas décidé à le faire. Il ne semble pas perturbé et fait comme si rien ne s'est jamais passé. Il fait son ignorant et ça m'exaspère. Ce baiser veut dire tellement pour moi. J'ai l'impression que cette situation est un jeu.
A vingt-trois heures, nous sommes encore à table. Nous avons tous dîné et j'ai beaucoup parlé avec Catherine et Mary. Ce sont deux femmes exceptionnelles et je comprend pourquoi Jake est, en général, un homme bien : il a été élevé avec l'amour de sa mère et de sa sœur et a reçu une bonne éducation même lorsque sa ère était seule et devait beaucoup travailler pour nourrir et faire vivre ses deux enfants. James, quant à lui, a été silencieux une énorme partie du repas. Mary m'a assurée qu'il est très sympathique et bavard d'habitude. Hélas, il a dû être refroidi par Jake qui l'a insulté dés son arrivée et qui la ignoré tout le reste de la soirée. A vrai dire, Jake a été silencieux la majorité de la soirée et il s'est montré très exécrable le peu de fois où il a ouvert la bouche. J'ai essayé de lui parler mais il a refusé en me disant « Je ne vois pas de quoi tu veux parler ». Quel crétin ! Ça ne lui va vraiment pas de jouer le rôle de l'homme amnésique. Il me prend pour une conne ou quoi ? J'ai dû subir l'interrogatoire de sa famille à propos de nous et il n'a même pas bronché. En réalité, nous nous disputons tellement souvent que je commence à penser que nous devons ne plus être amis. Mais cela m'est impossible car je l'aime. Je l'aime si fort que ça me fait mal de voir autant d'ignorance de sa part et d'être avec lui sans pouvoir réellement être avec lui comme un couple. Décidément, je crois que ce voyage est une très mauvaise idée.