La nature de Roxane - tome 1...

Da misspixiie99

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Roxane Carter fête son seizième anniversaire en compagnie de sa meilleure amie, au cinéma. Elle ignore que ce... Altro

Partie 1 - Transformée
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
2e Partie : Marquée
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
CHAPITRE 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Partie 3 - Dévastée
Chapitre 38
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59 (fin du tome 1)
La Nature de Roxane, tome 2 : Traqués

Chapitre 39

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Da misspixiie99

Horrifiée, j'étais figée sur place, par le spectacle macabre qui se jouait devant moi. Chad gisait sur le sol, écroulé sous les tuyaux en plastiques, Lucy aussi était inconsciente, à moitié étendue sur le sol, l'épaule appuyée contre un pilier, et Sally était littéralement clouée au mur ; un énorme pieu lui traversait l'abdomen. Sa tête penchait sur le côté, et son teint était extrêmement pâle.

Mais ce qui m'épouvanta fut la quantité énorme de sang qui maculait le sol, les murs, les cartons, et dont l'odeur se répandait si fortement dans l'air. Heureusement que leurs cœurs battaient, à tous.

Je me précipitai sur Sally et arrachai le pieu qui, Dieu merci, n'avait fait que frôler son cœur. Elle s'affaissa aussitôt et toussa bruyamment en crachant du sang. Elle avala plusieurs goulées d'air, la main agrippée sur sa gorge, et leva finalement les yeux vers moi, reconnaissants.

Je rejoignis Aaron qui tentait tant bien que mal de réaliser des garrots autour des blessures de Chad et Lucy. J'accourus, le cœur battant la chamade, tremblant de tout mon corps. Voir mes amis poignardés, dans les vapes, empalés et presque tués, c'était trop pour moi. Je ravalai ma bile et mordis dans mon poignet avant de faire couler le sang dans la bouche de Chad.

Il ne l'avalait pas.

Je le secouai dans l'espoir de le réveiller, mais rien n'y faisait. Il était froid, le teint blême. Pourtant son cœur battait toujours. Je ne comprenais pas.

Rageusement, j'essuyai les larmes qui coulaient le long de mes joues, et me mutilai à nouveau, la blessure ayant déjà cicatrisé.

- Roxy, dépêche ! Lucy perd beaucoup de sang.

- Chad ne réagit pas, Aaron !

- C'est bon, je m'en occupe, dit Sally, titubante, les vêtements tachés de sang.

Elle tenait à peine debout et avait perdu beaucoup d'hémoglobine.

- Aaron, va lui chercher du plasma dans mon sac, donne-lui deux poches. Il faut qu'elle reprenne des forces si elle veut pouvoir aider.

Il obéit et se dirigea vers l'atelier où j'avais déposé mes affaires.

Chad était toujours immobile, et le sang coulait le long de son menton et dans son cou. J'actionnai sa mâchoire et lui inclinai la tête, puis il finit par avaler le liquide vital au bout de plusieurs tentatives. Mon cœur exécuta un soubresaut quand ses yeux papillonnèrent, et le soulagement m'envahit.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda-t-il dès que l'usage de la parole lui revint.

- Je... je ne sais pas.

Il tenta de se relever et grimaça quand il s'appuya sur les coudes. Les tuyaux gisaient toujours sur lui, aussi les lui enlevai-je. Je l'aidai à s'asseoir et il plongea ses yeux gris acier dans les miens, apeurés.

- Comment va Lucy ?

Je me remis debout et jetai un rapide coup d'œil aux lignes sanguinaires qui avaient coulé sur mon avant-bras et sur ma main. Ces derniers temps, je m'étais plus que mutilée pour sauver mes amis. Si je n'étais pas dotée d'une capacité régénérative si impressionnante, j'aurais probablement déjà atterri à la morgue les pieds devant.

Quand je m'agenouillai devant Lucy, Sally lui avait fait ingérer presque un demi-litre de sang avant qu'elle se réveille. Brusquement, ses yeux s'ouvrirent, vitreux, fixant le plafond sans le voir.

Puis elle murmura d'une voix éteinte :

- Ton père sera...

J'eus comme la désagréable impression de pouvoir terminer la phrase toute seule.

- Sera quoi ?

- Tué... par....

- Par qui ? m'impatientai-je.

- Aid...

Elle s'évanouit avant d'avoir pu terminer la phrase et je chancelai en me relevant.

Chad se précipita sur sa sœur et la secoua, tandis que je plongeais dans un état de transe. Je sentis à peine Aaron m'attraper de justesse avant que mon crâne heurte le sol. Les secondes s'égrenaient lentement, comme ralenties par un obstacle insurmontable. Tout tournait autour de moi. Les sons autour de moi n'étaient plus que des bruitages flous, mal soignés, qui s'évertuaient à pénétrer dans mon cerveau malgré la couche impénétrable de coton qui le recouvrait. Je n'étais plus de ce monde. Je m'étais envolée par une fenêtre de mon existence. L'obscurité de la pièce m'oppressait, l'odeur du sang également. Mais je n'en étais pas alléchée, bizarrement. J'étais révulsée, perdue. Je ne savais plus quoi faire. Mes yeux se fermèrent une seconde.

Lorsque je rouvris difficilement les paupières, j'étais à moitié allongée sur Aaron qui me secouait par les épaules. Si j'avais été pleinement consciente, cette position m'aurait sûrement rendue aussi rouge qu'une pivoine, mais actuellement, rien ne m'atteignait.

Je n'entendais même pas Aaron hurler mon prénom, seulement ses lèvres tremblantes remuer incessamment. Tout était si flou. Les couleurs ternes formaient un mélange de taches troubles. Mes oreilles bourdonnaient et un mal de crâne me transperça.

Puis le noir total.

J'avais l'impression de traverser une toile d'araignée, m'accrochant à chaque fois à ces fils cotonneux.

Au milieu de ce brouillard obscur, cette impitoyable lueur bleutée se mit à scintiller tellement fort que j'en eus mal aux yeux. Où étais-je, d'ailleurs ? Dans une vision, apparemment, mais je n'avais encore jamais mentalement atterri dans cet endroit.

Tout autour de moi était gris. Je crois que je flottai, car je ne percevais pas de sol, et mes pieds s'enfonçaient et s'élevaient sans cesse. L'air se faisait rare et mes poumons étaient oppressés. J'avais l'impression que quelqu'un les écrasait tant j'avais du mal à respirer.

Une brûlure irradia dans mon bras droit, et remonta dans ma nuque en passant par mon épaule. Je n'eus pas besoin de regarder pour savoir que la marque s'était encore approprié quelques fioritures dont je ne comprenais pas le sens. J'étais ensorcelée par les arabesques envoûtantes qui s'insinuaient sur ma peau et se gravaient en moi, me faisant presque oublier la douleur lancinante.

Quand j'essayai d'avancer vers le scintillement de la dague, je fus piètrement surprise de rester sur place. Plus je forçai, plus je m'épuisais. J'avais l'impression que la force me quittait comme de l'eau coulant d'un robinet.

Le décor changea brusquement, et je tombai à genoux sur de la pierre. J'étais retournée dans le long couloir sombre où mes premières visions m'avaient emmenée et torturée inlassablement. Je me souvins que j'étais dotée du don de la projection astrale, qui me permettait de propulser mon poltergeist en dehors de mon corps, comme si je me dédoublais, et de le faire évoluer dans une sorte d'autre dimension, où aucune barrière matérielle ne pouvait me retenir. En bref, j'étais un fantôme.

Je fermai les yeux pour me concentrer, et me visualisai avancer prudemment entre les dalles de pierre sombre, en direction de la lumière aux reflets marins. A l'aide d'un effort exténuant, je sentis quelque chose se décoller de mon être.

En ouvrant les yeux, j'aperçus ma silhouette translucide progression lentement le long des parois étroites. La sensation était pour le moins étrange. J'avais l'impression d'occuper deux corps, comme si l'on m'avait clonée en une autre personne pratiquement inexistante.

Mon poltergeist ressentait le froid, contrairement à mon enveloppe charnelle. Je ne me rappelai pas avoir claqué des dents à cause de la température depuis longtemps. Cette sensation m'avait presque manquée.

Je n'étais plus loin du but quand un long sifflement strident retentit. Une migraine horrible s'empara de moi et je portai mes mains sur mon crâne, dans un vain espoir d'atténuer la douleur. Suite à ma déconcentration, mon poltergeist regagna aussitôt mon corps endolori, plié dans une souffrance déchirante.

Un hurlement guttural s'échappa de moi et mes crocs s'acérèrent. Je sentis mes yeux devenir rouge vermeil.

Je n'eus pas le temps de reprendre mes esprits qu'une ombre furtive me frôla le bras. Elle laissa derrière-elle des fourmillements insupportables qui faisaient écho dans tout mon corps. Le seul détail que je discernai de l'Ombre, fut la chevalière sertie d'un saphir en son milieu, à l'intérieur d'une étoile encerclée.

Quand un souvenir remonta à la surface et que je fus sur le point de me rappeler sur qui j'avais vu cette bague, un long objet tranchant et aiguisé comme jamais se planta dans mon dos, coupant immédiatement ma respiration. La douleur qui irradiait de mon cœur me traversa de haut en bas. Du sang remonta dans ma gorge dans des gargouillis incessants.

J'eus très chaud. Puis subitement, très froid. C'était comme si tout mon sang s'échappait de moi. Chaque cellule de mon corps était gelée, momifiée. J'écarquillai les yeux quand ma peau devint peu à peu grise, et mes veines saillirent. A nouveau ce bourdonnement au plus profond de mes oreilles, puis d'horribles acouphènes qui menaçaient de faire exploser mes tympans.

Je m'écroulais, et par la même occasion, m'empalai plus encore sur le pieu.

Le vide. Aspirée par un trou noir.

Une chute sans fin dont chaque seconde se déformait et m'éloignait de la surface. Le froid qui avait glacé chaque os, chaque muscle et chaque nerf de mon corps avait disparu. Le mal de tête aussi s'était envolé, ainsi que cette perception de brûlure abominable.

Toute sensation m'avait quittée. Je n'étais plus qu'un amas de peau et d'os, inerte et impuissante. Je m'effondrais vers l'oubli, et je ne ressentais rien.

J'aurais tout aussi bien pu être brûlée vive, je n'aurais pas cillé face à la douleur.

Je traversais une tempête de ténèbres dans un silence sépulcral. Même mon cœur ne cognait plus ma cage thoracique. Il était stoïque, figé dans le temps.

Alors c'était ça, la mort ? Si elle était aussi reposante, je ne voyais pas pourquoi les gens avaient tant peur de la subir. C'était comme si après tout ce temps, j'avais enfin trouvé ma place. Seule, loin de tout.

La seule chose qui m'inquiétait était si j'allais éternellement tomber dans le vide. Si c'était l'unique activité prévue au programme, je risquais de m'ennuyer au bout d'un moment.

Puis un univers cotonneux et d'un blanc éblouissant jaillit et j'eus besoin de quelques secondes d'adaptation avant de discerner quoi que ce soit.

Rien. Juste du blanc lactescent. Partout. J'ignorais s'il y avait des murs, un plafond ou même un sol. Je semblais flotter sur des nuages, pourtant je ne voyais pas mes pieds. J'étais moi-même vêtue d'une longue robe blanche, neutre et légère. Une odeur de jasmin embaumait l'air et je me surpris à apprécier la senteur florale.

Étais-je vraiment morte ?

Alors que je pivotais lentement sur moi-même pour admirer le paysage inexistant, je me sentis tirée vers le bas. J'avais l'impression d'être agrippée par les chevilles, et je n'arrivais pas à me dégager de cette poigne de fer.

Durant une seconde, j'eus comme la faible sensation d'entendre mon nom hurlé par une voix familière. Peut-être que j'avais rêvé.

Était-ce la voix d'Aaron que j'entendais, désespérée ? Aussitôt, mon calme infini céda sa place à une angoisse naissante. Des milliers de voix prirent vie de toutes parts et hurlaient inlassablement mon nom.

Peut-être n'était-ce qu'une autre facette de la mort. Une illusion macabre, une sorte de torture, afin de nous rappeler les personnes qui nous avaient perdus, et qui, tristement, pensaient à nous, en imaginant ce que serait leur vie si nous en faisions encore partie.

J'avais beau me dire que je rêvais, je savais pertinemment que ce n'était probablement pas le cas. A nouveau, je fus extirpée sans pouvoir résister. Pourtant, la volonté ne me manquait pas. A cet instant précis, j'aurais donné n'importe pour profiter de la placidité qui régnait. Qui pouvait donc se montrer si égoïste, à tenter de me ramener sur Terre alors que je pourrais couler des jours heureux ici, toute seule. N'étais-je pas en route pour l'Enfer, en fait ? Je me mis à réfléchir à tous mes grands péchés qui auraient pu me porter préjudice. Il y avait bien cette fois où je m'étais vengée sur Mia, ma voisine qui me harcelait à l'école primaire, mais c'était elle qui l'avait cherché ! Et puis, le jour où j'avais volé des bonbons à la boulangerie pour les partager avec Clara. Ensuite, quand j'avais treize ans, j'avais fugué pendant une demi-journée, mais j'étais revenue parce que, ayant oublié mon argent de poche, je n'avais pas de quoi me payer à manger.

Non, je ne voyais vraiment pas.

Puis...

Cette fille, que j'avais tuée pour protéger Aaron.

Je revoyais ses yeux vitreux, fixant le ciel étoilé. Le cœur silencieux, le dernier souffle d'air s'échappant de ses poumons. Sa tête penchée en un angle bizarre, le sang du combat maculant son corps.

Oui, j'étais bonne pour l'Enfer. Même si j'avais achevé cette louve pour protéger un des miens, cela n'excusait pas l'horreur de mon acte. Mon estomac se retourna et je vacillai, si bien que je tombai à genoux sur une surface inexistante. Ou plutôt, je chutai la tête la première dans un abysse infini. Je ressentis à la fois le froid, qui me glaçait les veines et me faisait claquer des dents, la chaleur si brûlante, s'insinuant dans mes poumons, que je suffoquai. J'avais la sensation d'être passée dans un sèche-linge, secouée dans tous les sens, puis écrasée par un camion, les os en miettes. Des bruits stridents me déchirèrent les tympans, et je sentis mon sang couler sur mes lobes d'oreilles. Ensuite, un silence assourdissant, une fois encore.

Puis j'atterris sur le sol, dur comme de la pierre, et j'ouvris les yeux, en avalant la plus grande bouffée d'air de toute ma vie.

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