Chapitre 29

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CHAPITRE 29

Je me réveillai en sursaut dans mon lit. Il n'y avait que moi dans la chambre ; aucune trace de Lucy, ni de Sally. Leurs odeurs avaient presque disparu, ce qui signifiait qu'elles étaient parties depuis un bon moment déjà, alors je jetai un coup d’œil sur mon téléphone.

11h34.

La panique m'envahit brusquement, telle un tsunami venant ravager une ville. Tant de questions et de réflexions peu agréable au réveil vinrent me tarauder. Je n'avais plus aucune souvenir de ce que j'avais fait après avoir libéré Aaron et attaché Turner à sa place. Ses collègues l'avaient-ils retrouvé ? Allaient-ils riposter ? Et si c'était le cas, ils s'en prendraient forcément à moi. À cette heure, le prof d'Histoire Surnaturelle devait en être à son troisième cours de la journée, s'il était revenu. Ce qui signifiait que j'étais dans la merde jusqu'au cou. Heureusement que je n'avais pas de cours de la journée avec lui, ce jour-là.

Pourquoi ne m'étais-je pas réveillée plus tôt ? Cela ne me ressemblait pas, même du temps où j'étais encore humaine. Et pourquoi cette impression de temps-mort entre le moment où j'avais sorti Aaron, et le présent ?

Je regardai à nouveau mon téléphone posé sur la table de chevet, dans l'espoir de m'être trompée, puis je remarquai un détail qui m'avait échappé. Un verre vide était posé dessus, avec un étrange liquide orangé qui stagnait au fond, d'où une odeur âcre s'échappait. C'était loin d'être le parfum du sang, mais plutôt celui d'un médicament. Ce genre de vieux médocs qu'on nous donne quand on ne se sent pas bien... ou qu'on prend pour se droguer.

Je laissai échapper un cri de stupeur. Quelqu'un m'avait droguée, c'était obligé. Jamais je n'aurais pris de moi-même ces pilules ! Mais qui avait bien pu le faire ? Et qui que ce fut, la personne n'était soit pas assez futée pour effacer cette preuve indéniable, soit calculateur au point de me mettre sur une fausse piste.

Il fallait que je me renseigne, bien que ma première idée se plaçait sur Turner. Mais cela me paraissait presque irréalisable puisqu'il était censé être attaché à un mur cinq mètres sous terre et n'être relâché que tôt ce matin. Peut-être qu'Aaron savait ce qui m'était arrivé. Je devais le joindre au plus vite et le mettre au courant.

Mais dès que je me levai, je fus prise de vertige et manquai de tomber. Mon cerveau semblait bouillir et mes yeux me brûlaient atrocement, tandis qu'un sifflement strident emplissait mon crâne, menaçant de déchirer mes tympans douloureux.

C'étaient les symptômes d'une vision. Oh non pas maintenant, s'il vous plaît. Tout mais pas ça ! Je priai pour qu'Aaron ne soit pas loin.

Une fois stable sur mes jambes, je fus prise d'une violente quinte de toux qui me fit plier en deux, et ma bouche s'emplit de sang, tandis que mes poumons avaient l'air de s'enflammer. Mes crocs s'allongèrent et mon cœur battit la chamade.

Bon sang, qu'est-ce qui me met dans cet état ? C'est alors que je compris.

D'instinct, j'ouvris la porte du placard à vêtements et il me fallut un millième de seconde pour réaliser qu'il y avait un cadavre à l'intérieur. Quand le battant fut totalement ouvert, le corps tomba sur moi et je n'eus pas le temps de m'écarter avant d'atterrir sur le sol avec une masse de soixante dix kilos qui m'étouffait.

Je me dégageai de la dépouille plus vite qu'il ne fallait pour le dire et me mis à l'examiner, plein que ce fut la dernière chose que j'aurais dû faire.

C'était un homme d'une vingtaine d'année, aux cheveux noir corbeau et au teint albâtre. Je ne sentais aucune aura -ni surnaturelle, humaine- autour de lui, car la mort efface tout sur son passage.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant