Chapitre 27

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CHAPITRE 27

J'étais couchée depuis environ trois heures, mais je n'arrivais toujours pas à dormir. Tout ce que j'avais appris, confirmé et certifié au cours de l'après-midi effectuait des chemins sinueux et tortueux dans mon cerveau et me tenait éveillée. J'avais beau me tourner dans tous les sens, avec ou sans couverture, rien n'y faisait. J'avais même bu un demi-litre de sang dans le but de me rassasier et d'avoir une chance de dormir, en vain.

Lucy ronflait, et Sally dormait paisiblement, éclairée par la pâle lueur de la lune.

Je m'enfonçai davantage sous la couette, mon oreiller sur la tête, lorsque j'entendis des bruits de pas feutrés en provenance du couloir. Ils semblait s'approcher dangereusement vite de ma chambre, et même si je me convainquais qu'il s'agissait d'un insomniaque, comme moi, j'avais du mal à croire en cette hypothèse.

Il fallait que je vérifie. Je m'extirpai silencieusement de mon lit, et enfilai un pantalon et des tennis, nouai rapidement mes cheveux en une queue de cheval, et poussai la porte de la chambre.

Les bruits de pas approchaient toujours, même s'ils avaient quelque peu ralenti. J'avançai furtivement dans le couloir, tous les sens à l'affût, quand je reconnus une odeur familière.

Boisée et sauvage, l'odeur d'Aaron me parvenait assez finement et formait comme une couche protectrice qui me surveillait de loin. Or, je me demandai bien ce qu'il faisait ici, en sachant qu'il était strictement interdit aux garçons de pénétrer dans le dortoir des filles au-delà de vingt heures, et vice versa.

Je progressais vers lui quand, prise au dépourvue, je fus attirée dans l'ombre par deux bras musclés qui me serrèrent contre lui pour m'éviter de lui échapper. Il plaqua une main sur ma bouche pour que je ne prononce pas un mot, et me traîna presque, en sens inverse. Je me débattis, et quand je parvins à ôter sa paume de mes lèvres, je pestai en chuchotant :

- Mais qu'est-ce qui te prends, bordel ? Qu'est-ce que tu fous ici ?

- Il faut que je te parle.

- Ça ne pouvait pas attendre demain matin, non ?

A quoi bon ? Tu ne parvenais pas à dormir de toute façon.

- Donc, je suis bien tombé, constata Aaron en lisant mes pensées.

- Allez, bouge ! Qu'est-ce que tu me veux ?

- Calme-toi ! On te croirait sous l'emprise de la pleine lune.

Mon irritation peu explicable devait suinter par tous les pores de ma peau, car Aaron se justifia.

Du moins, c'était ce que je pensais, mais il lâcha finalement :

- Pas ici.

Il désigna d'un doigt les portes de chambres. Je le suivis dehors, avant de m'engouffrer avec lui dans la forêt. En repensant à sa remarque à propos de la pleine lune, je tiltais.

- C'est pas la pleine lune, si ?

- Non, mais je suis le bêta de ma meute, un peu comme le bras droit de l'alpha, alors je suis de patrouille ce soir.

- Qui est l'alpha ? m'enquis-je.

- Mon père.

Ah...

- Mais... tu ne risques rien ?

En repensant à la dernière fois que je l'avais vu sous forme animale, je m'inquiétai pour les problèmes qu'il avait encourus.

La nature de Roxane - tome 1 : MauditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant